Archives par mot-clé : Subjectivation

Alberto Konicheckis : subjectivation de l’espèce par l’individu à la puberté

L’article aborde la manière dont l’irruption de l’espèce au cours de la puberté retentit dans la subjectivité individuelle de l’adolescent. Après avoir constaté les bouleversements apportés par Freud à la conception darwinienne sur l’espèce, la dialectique individu-espèce est explorée à partir du cas de Victor, adolescent en thérapie. Y sont analysés les liens à la transgénérationnalité et au groupe, qui, par leur caractère collectif, pourraient être considérés comme des équivalents psychiques de l’espèce pour l’individu. Le flambeau de l’existence néanmoins se pérennise sous la forme de fantasmes de transmission et de génération, lorsqu’en plus de la différence des générations, peuvent aussi être admis la différence des sexes et la finitude de l’individu.

Isée Bernateau, Teresa Rebelo : « Un “ plume ” à la patte », psychopédagogie et subjectivation

À travers le cas de Wu-Ying, adolescent psychotique, nous essayons de montrer quels chemins le travail de liaison psychique peut emprunter. Le choix d’une aire transitionnelle à trois associant une enseignante de lettres et une psychopédagogue – toutes les deux psychologues cliniciennes – et la fréquentation d’une œuvre littéraire originale, Plume d’Henri Michaux, ont permis à Wu-Ying de subjectiver son histoire, grâce au jeu dynamique de la passivité et de l’activité pulsionnelle.

Christian Mille : Actualité du travail de séparation à l’adolescence ?

Peter Blos a soutenu l’idée d’un second processus de séparation-individuation à l’adolescence, conçu comme une relance obligée de la différenciation psychique mise à mal par les bouleversements pubertaires. La fécondité de cette hypothèse théorique mérite cependant d’être interrogée au regard des exigences de la métapsychologie freudienne. Il importe pareillement de prendre en compte le rôle dévolu à l’objet lui-même, objet dont les réponses ne sont pas sans incidence sur le déroulement de ce processus indéfini d’appropriation subjective. Peut-on enfin vérifier l’intérêt de cette hypothèse dans la compréhension de certaines manifestations psychopathologiques à l’adolescence imposant des aménagements spécifiques de la relation thérapeutique ?

Gianluigi Monniello : les destins de la violence en hôpital de jour

En hôpital de jour, les destins de la violence et de ses différentes figurations dépendent de l’offre d’un appui psychique de la part du thérapeute, du groupe des soignants et du cadre institutionnel contenant, qui puisse fournir des modèles par la symbolisation.

La description détaillée de la prise en charge d’un adolescent violent Ennio, vient illustrer l’objectif thérapeutique premier qui est l’intériorisation de la fonction contenante de l’hôpital de jour considéré comme une communauté transférentielle dans laquelle les transferts se déploient en une dimension intersubjective.

Viviane Dubol : la prostitution, entre orifices du corps et mots, une expérience de subjectivation ?

Cet article se veut être une réflexion clinique sur l’acte de prostitution et les enjeux psychiques qu’il met en scène. Un retour sur l’histoire des hypothèses de recherche et des moments forts permet de souligner combien le repérage de l’anamnèse et des traumatismes est insuffisant pour comprendre le destin prostitutionnel. L’écoute de la clinique m’a amenée à prendre en compte la force des mots ayant valeur d’injonction comme le “ Tu n’es qu’une prostituée ” ou le “ Je suis une prostituée ” fabriqué par le sujet lui-même. C’est dans ce contexte de sensibilité aux mots que la fonction du “ quatrième personnage ” s’est déployée, comme figure d’un Autre social féminin à qui s’adresserait l’acte de prostitution et de ce qui s’y joue pour le sujet. En effet, et telle est notre hypothèse de recherche, l’érotologie de certaines passes participerait d’une construction de soi à travers des éprouvés auto-érotiques autour des orifices du corps et de ce que la psychanalyse appelle l’objet petit a. Comme l’indique ce que nous avons décrit de “ la passe symbolique ”, l’amour n’est pas absent d’un tel processus de subjectivation.

 

Alberto Konicheckis : grossesse à l’adolescence, aire du culturel et tissage des liens précoces

Afin de problématiser la coïncidence de ces deux formes de crise d’identité, adolescence et maternité, sont proposées deux hypothèses : l’une qui aborde le facteur culturel dans l’évitement ou la facilitation des troubles psychopathologiques et la deuxième qui considère la grossesse et la maternité comme antinomiques par rapport aux processus adolescents. Trois parties développent ces fils de réflexions. La première, composée à partir de l’entretien d’Inès, jeune mère d’origine gitane, permet de comprendre comment l’espace culturel, partagé avec le monde social extérieur, se prête au portage du monde psychique interne. Dans la deuxième, les résistances de la grossesse à l’égard des processus adolescents sont abordées à travers les nouveautés pubertaires et les enjeux narcissiques. Dans la troisième partie, est présenté le suivi d’une adolescente enceinte et de sa famille dans le cadre d’un réseau multidisciplinaire de soutien à la parentalité.

Ingrid Piesen : le rituel techno

 

Le mouvement techno représente un courant musical « contre-culture » autour duquel la jeunesse se rassemble en mettant en place des espaces festifs « ré-créatifs ». Cet article se propose de montrer le caractère paradoxal du phénomène de la rave party qui, outre le risque de chronicisation de vécus cas-limites qu’il comporte, semble ouvrir parfois à un processus de subjectivation, à travers la régression que suscitent le lien groupal et les rituels qui l’organisent (tradition musicale, usage de drogues et intégration de codes spécifiques).

Jacques Arènes : fête et religion : un espace de subjectivation

La fête est née dans l’environnement religieux mais la fête religieuse a évolué dans son contenu et dans ses buts. Le « nous » s’y éclipse au profit de la valorisation narcissique et de la recherche de subjectivation. Certains aspects de la fête religieuse sont investis aujourd’hui comme espaces de conversion et de transformation de soi. Dans tous les cas, le sujet adhèrera au « nous » religieux d’une manière intermittente, dans des moments de capillarité fusionnelle, éventuellement renouvelés dans le temps, sans pour autant s’inscrire dans une église. Le festif sera autant le moment de rencontre avec Dieu que la scène imaginarisée de confrontation à son propre destin.

Marie Anne Vialettes : pour une rencontre clinique avec le sujet adolescent en établissement pénitentiaire pour mineurs

L’image d’une guirlande de bonshommes de papier vient en support au psychologue clinicien exerçant en établissement pénitentiaire pour mineurs pour penser des adolescents pris dans une chaîne marquée par le fraternel, l’horizontalité et la norme. L’auteur expose sa démarche dans le lieu même de la prison : déplacement du psychologue vers l’adolescent dans sa condition de détention, et césure par l’instauration d’un cadre clinique. Une ouverture pour l’adolescent vers un travail de différenciation psychique et de subjectivation est alors possible. Une illustration clinique témoigne du cheminement d’un adolescent  dans la rencontre avec le psychologue, du « on » vers le « je », le jeu d’échecs s’étant révélé dans ce cas un objet important.

Adolescence, 2014, 32, 1, 127-138.

Richard François : la rencontre avec l’adolescent en cure d’adulte dans la clinique psychanalytique contemporaine

Dans cet article les nouvelles formes de contradiction-conflits résultant des changements relatifs à la perception des limites que rencontrent de nos jours les psychanalystes dans leur pratique, sont envisagées du point de vue des notions de travail du négatif et de subjectivation, à partir de cas cliniques présentant à la fois des fonctionnements névrotiques et cas-limites. L’accent est mis sur l’importance de la rencontre avec l’adolescent dans l’adulte, ainsi que sur la nécessité d’analyser après-coup dans les cures d’adultes, la mise en place lors de l’adolescence de systèmes défensifs spécifiques empêchant l’accès aux détresses infantiles primitives. L’hypothèse d’un trouble précoce de l’identification primaire aux fondements de ces fonctionnements amène à souligner l’importance de la reconnaissance par l’analyste de ses propres résistances à son implication subjective dans la rencontre analytique et, à partir de là, à envisager les modalités de l’interprétation et du dispositif. La présentation d’un cas de “ psychanalyse de face à face ” tend à montrer que les nécessaires aménagements de la technique, ainsi qu’un rapport bien problématisé à la théorie, rendent possible un vrai travail psychanalytique avec les patients souffrant de fonctionnements limites.