Archives par mot-clé : Subjectivation

Claude Savinaud: le sens de l’irréparable

Le passage à l’acte délictueux de l’adolescent peut être reconnu comme un acte de passage venant ponctuer la nécessaire transformation de l’image du corps propre dont découle le remaniement des images parentales. Le masochisme érogène y joue un rôle prépondérant, qui tend à substituer à des représentations d’objet inaccessibles un objet « déjà là », le corps de l’adolescent porteur de l’introject maternel. Le retournement de la pulsion sur soi-même et en son contraire lui offre un moyen de contenir l’excitation, un « self-control » fragile maintenant la liaison des pulsions agressives et libidinales, et transformant cet auto-érotisme négatif en masochisme moral. L’irréparable de l’acte fonctionne comme point de départ d’une subjectivation, où le Sujet peut s’approprier ses propres cassures, plutôt que de les attribuer projectivement au contexte relationnel.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 310-326.

Philippe Gutton: Le trait, la trace, l’ écart

L’esthétique de la subjectivation adolescente est mise à l’épreuve par une mise en parallèle de ces deux ensembles. L’adolescent y devient l’oeuvre des processus d’adolescence, créée pour un grand Autre ayant le secret de la référence.

La procédure est inscrite dans l’élaboration de l’idéal du Je par les processus « adolescents ». Le mécanisme d’idéalisation de l’objet y semble fondamental. Le jugement de valeur esthétique renvoie à la dimension esthétique des idéaux. Il serait possible à partir de ces points de vue de réfléchir sur la conception du beau et du laid chez les adolescents ordinaires et pathologiques.

Renée-Laetitia Richaud: Oeuvre d’ art, médium malléable et subjectivation. Approche maieutique

Espace ludique, onirique, créatif, l’Art constitue un médium malléable dont l’adolescence peut s’emparer pour traiter la crise identitaire et pulsionnelle qu’elle doit affronter. Sans urgence. « De biais. » Dans cette reconnaissance-méconnaissance propre au dynamisme de rencontre et de création de l’objet esthétique.

L’œuvre d’art est le paradigme d’une cure singulière, cure d’écriture, dont le thérapeute-maïeute, lui aussi médium malléable dans sa fonction d’étayage, se fait substitut transitionnel et transitoire de l’objet maternel primaire, dans sa fonction de pare-excitations.
L’effet en est un éprouvé de l’efficacité de ce jeu de liaisons-déliaisons-reliaisons préconscientes qui donnent au psychisme en crise la capacité de se faire progressivement autocontenant de ses représentations. Subjectivation de l’Unheimlich.

Claude Savinaud: Le sens de l’ irréparable

Le passage à l’acte délictueux de l’adolescent peut être reconnu comme un acte de passage venant ponctuer la nécessaire transformation de l’image du corps propre dont découle le remaniement des images parentales. Le masochisme érogène y joue un rôle prépondérant, qui tend à substituer à des représentations d’objet inaccessibles un objet « déjà là », le corps de l’adolescent porteur de l’introject maternel. Le retournement de la pulsion sur soi-même et en son contraire lui offre un moyen de contenir l’excitation, un « self-control » fragile maintenant la liaison des pulsions agressives et libidinales, et transformant cet auto-érotisme négatif en masochisme moral. L’irréparable de l’acte fonctionne comme point de départ d’une subjectivation, où le Sujet peut s’approprier ses propres cassures, plutôt que de les attribuer projectivement au contexte relationnel.

Anne Bourgain : enjeux de la signature à l’adolescence

La signature est un acte complexe qui participe de la trace et de son effacement. Entre mimétisme et affirmation de soi, elle permet d’aborder la question du nom chez l’adolescent. Par extension, nous explorons d’autres modes de signature à l’adolescence en interrogeant la pertinence de cette désignation : on est en droit de se demander s’il s’agit encore de signature. Qui signe à l’adolescence ? Dans quelles mesures les divers modes d’expression qui sont souvent des pratiques de l’écart viennent-ils « signer » quelque chose du sujet ? Surtout, ce travail tente d’illustrer la façon dont les fantasmes auto-fondateurs peuvent à la fois favoriser et entraver le travail de subjectivation, et partant, permettre ou non le passage.

 

Ferruccio Bianchi : La difficulté à devenir femme : une connaissance acquise auprès des adolescentes anorexiques

L’auteur considère que les difficultés que rencontre l’adolescente anorexique à devenir femme constituent les manifestations symptomatiques graves d’un processus de féminisation qui pourrait être commun à tous les enfants de sexe féminin. La future anorexique aurait constitué en tant que fillette, un système de faux-self qui entre en crise lors de la puberté. L’anorexie, processus anti-évolutif entraînant un risque de mort psychique et physique, est une forme de psychopathologie qui recèle aussi un désir inconscient d’émancipation et de subjectivation.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 959-975.

Marie-Christine Aubray, Dominique Agostini : interview de Raymond Cahn

Dans cet entretien avec R. Cahn, les interviewers ont essentiellement utilisé comme fil rouge, Adolescence et folie (PUF, 1991). Quatre points de vue ont successivement exploré les conceptualisations cahniennes de l’adolescence : le côté sujet, le côté objet, le côté famille interne-externe, le côté institution thérapeutique.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 517-535.

Odile Falque : mystique du quotidien avec etty hillesum

La mystique, on ne peut pas en parler et on ne peut pas ne pas en parler. Elle consiste à rester dans l’illusion et la tension des paradoxes particulièrement la vie-la mort, à travers une reprise des processus d’adolescence qu’Etty Hillesum situe à partir de la puberté. Celle-ci renvoie à l’originaire et il s’agit d’en sortir. C’est tout l’enjeu de sa rencontre avec son psychologue, Julius Spier, rencontre tout d’abord érotisée, dans la transgression, puis idéalisée et sublimée, dans la découverte à la fois de la capacité d’être seul, de penser, de rêver, de prier, pour tous deux, chercheurs de Dieu.

L’expérience mystique s’enracinerait autour de la jouissance, la transgression et la mort.

“ Mystique du quotidien ” peut se dire dans l’économie psychique du sujet dans des mouvements d’hyperinvestissement libidinal, de désinvestissement et de réinvestissement dans la réalité du quotidien, qui apporte une énergie renouvelée, pour elle l’approfondissement et l’élargissement de l’espace psychique et spirituel, le souci des autres, la mission à accomplir et le témoignage à porter.

Tel a été le cheminement d’Etty Hillesum, mystique restée “ en marche ” vers la mort, la survie, à suivre dans son Journal, Une vie bouleversée, écrit entre 1941 et 1943, d’Amsterdam à Auschwitz.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 23-39.

Nicole Calevoi : un tigre au psychodrame : articulation entre une psychothérapie et le psychodrame

Notre réflexion porte sur l’articulation entre psychothérapie individuelle et psychodrame. Elle questionne le transfert et la pertinence d’un travail psychique avec plusieurs intervenants lorsque le processus s’est enlisé en face à face.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 91-98.

Solène Aubertin, Marion Haza : temporalités autistique, adolescente et virtuelle : à la croisée de trois mondes.

Le virtuel est souvent décrié comme un nouvel objet d’addiction pour les adolescents. Nous aborderons ici le point de vue selon lequel cet outil favoriserait l’élaboration de la capacité dépressive avant une mise en « Je » dans le réel. Écran et corps du sujet, l’ordinateur serait un premier lieu de symbolisation afin d’accéder à une véritable subjectivation. Amenant dans un autre espace et dans un autre temps, le virtuel permettrait d’aborder autrement la question de la temporalité relative à la problématique de la perte. La perte de l’objet engendrant l’avènement du « Je », de quelle manière le virtuel peut être un nouveau lieu d’appropriation de l’absence ? Comment peut-il permettre le passage d’une intemporalité à une atemporalité ? Cette idée sera éclairée par le cas d’un jeune autiste comme archétype de la question de la perte ainsi que de celle du passage de l’imaginaire au réel.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 417-427.