Archives de catégorie : Agressions, toujours sexuelles ? – 2022 T.40 n°1

Benoît Servant : le surmoi perverti. bisexualité psychique et états limites

L’intérêt de F. Richard pour la clinique des adolescents et des états limites d’une part, et l’évolution psychosociale et culturelle d’autre part, est au centre de son nouvel ouvrage très riche, dans lequel il articule ces deux dimensions. L’auteur propose d’établir un lien entre l’augmentation de la pathologie limite et l’évolution du malaise dans la culture, en lien à une pervertisation du surmoi (double injonction contradictoire de libération et de puritanisme).

Adolescence, 2022, 40, 1, 205-212.

Aleksandra Pitteri, Frédéric Tordo : confinement et numérique comme d’un mimétisme traumatique

Le caractère inédit de la pandémie de la Covid a participé à l’affaiblissement des résistances psychiques mettant à jour bien souvent les vécus traumatiques jusqu’alors occultés. Dans ce contexte, le vécu traumatique a pu être sollicité à triple valence : par l’effet du confinement, par le recours omniprésent au numérique, et enfin par l’installation générale des téléconsultations dans les soins psychiques. Nous discuterons de cette sollicitation multiple du traumatique à la lumière de la compréhension du processus adolescent.

Adolescence, 2022, 40, 1, 193-204.

Florence Bécart, Manuella De Luca : anorexie et covid-19 : agression et trauma ?

Les confinements liés au Covid-19 ont entraîné une forte augmentation des hospitalisations pour anorexie sévère chez des adolescents. Si le tableau clinique était typique, l’investissement de l’hospitalisation et des soins était très inhabituel. L’investissement d’un espace à soi, a permis la reprise d’un travail de frontière entrainant la restauration de la différenciation réalité/fantasme, la reprise d’un processus d’appropriation subjectale et la mise à distance de l’effraction traumatique et la régression orale induites par la pandémie.

Adolescence, 2022, 40, 1, 175-192.

Lionel Raufast, Vincent Estellon : furie froide et clinique du contre-transfert en psychoboxe

L’article présente l’accompagnement en psychoboxe psychanalytique d’un adolescent violent placé en Centre Éducatif Fermé. Ces séances ont permis d’avancer l’existence de violences froides ne relevant pas d’une sexualisation agressive mais d’un retournement offensif redoutable face à des vécus de pétrification du corps expressif. L’article interroge la logique spécifique de contre transfert que ces furies froides génèrent chez le clinicien ainsi que les solutions d’accompagnement possibles

Adolescence, 2022, 40, 1, 161-174.

Nicolas Campelo : de la terreur d’être agressé à la solution radicale

Cette dernière décennie plusieurs adolescents français se sont identifiés à l’idéologie violente prônée par Daesh et ont tissé des liens avec certains de ses membres. De ce fait, plusieurs d’entre eux sont suivis en psychothérapie dans le cadre d’une obligation de soin judiciaire. À partir de la prise en charge de cinq de ces adolescents, nous proposons de considérer que cette identification peut représenter une « solution radicale » face à la terreur d’être agressé.

Adolescence, 2022, 40, 1, 147-159.

Alexandre Morel : une ado agressive, un enfant en colère : les masques du sexuel

Le récit de quelques moments de la cure d’une adolescente présente comment les figures de l’agression suivent les vicissitudes d’un « sexuel » dont on interroge les formes changeantes en particulier dans leur réorganisation entre enfance et adolescence. Le transfert y fomente des jeux et des pièges qui convoquent l’analyste en des modalités de présence très diverses. Dans le même temps que la patiente veut faire l’adulte en s’identifiant à l’agresseur, c’est bien l’enfant qu’elle fut qui demande très fréquemment à être entendue.

Adolescence, 2022, 40, 1, 135-146.

Isée Bernateau : la première relation sexuelle, une agression ?

L’auteure évalue ici les incidences dans la cure des premières expériences sexuelles des adolescents. Ces premières relations mobilisent des fantasmes d’agression car le lien entre sexualité et destructivité s’y incarne de façon privilégiée, même quand elles sont librement consenties. L’auteure fait l’hypothèse que la violence du sexuel infantile y est prégnante, réactivée par le caractère traumatique que revêt immanquablement la première relation sexuelle du fait de sa nouveauté radicale.

Adolescence, 2022, 40, 1, 123-134.

Julien Alary : comment j’ai pu rater ça. un acte-non acte parricidaire, Alban

Alban a douze ans. Il a poignardé son père. Cet article propose une lecture épistémologique de l’acte afin de lever les impasses d’une mise en perspective trop diachronique et processuelle. Aussi, l’hypothèse posée est celle d’un acte parricidaire vu comme un fragment de vérité mythique présentant la répétition d’une métaphore phylogénétique : le meurtre du père originaire. Cette métaphore est explorée par les enjeux transférentiels qu’elle pose, notamment des points de vue de l’identification fétichique et du déni de la castration féminine dans la scène primitive.

Adolescence, 2022, 40, 1, 109-122.

Estelle Louët : hier, j’ai tué mon père

Quand le fantasme de parricide conduit au passage à l’acte meurtrier, fût-il échoué, comment penser les achoppements du traitement psychique de l’excitation particulièrement intense à l’adolescence ? À partir des épreuves projectives d’Alban, est proposée une analyse centrée sur deux axes, celui de l’analité et de la perversion. Elle découvre le caractère non structurant des ancrages anaux et le débordement des capacités de liaison pulsionnelle face à l’intensité des vœux incestueux et de meurtre, conduisant au passage à l’acte équivalent à une tentative de « tuer » l’excitation.

Adolescence, 2022, 40, 1, 97-108.

Manuella De Luca : soins psychiques d’un adolescent parricide

La survenue d’un passage à l’acte parricidaire à l’adolescence engage la nécessité d’une évaluation psychiatrique et psychopathologique. Les enjeux d’après-coup du traitement œdipien sont particulièrement sollicités chez l’adolescent comme chez les cliniciens chez lesquels la fascination et l’emprise peuvent entraver le processus thérapeutique. La dimension perverse est présente comme organisation défensive au secours d’une porosité entre dedans et dehors, fantasme et réalité.

Adolescence, 2022, 40, 1, 83-95.