Archives par mot-clé : Épreuves projectives

Estelle Louët : hier, j’ai tué mon père

Quand le fantasme de parricide conduit au passage à l’acte meurtrier, fût-il échoué, comment penser les achoppements du traitement psychique de l’excitation particulièrement intense à l’adolescence ? À partir des épreuves projectives d’Alban, est proposée une analyse centrée sur deux axes, celui de l’analité et de la perversion. Elle découvre le caractère non structurant des ancrages anaux et le débordement des capacités de liaison pulsionnelle face à l’intensité des vœux incestueux et de meurtre, conduisant au passage à l’acte équivalent à une tentative de « tuer » l’excitation.

Adolescence, 2022, 40, 1, 97-108.

Valérie Boucherat-Hue : Mademoiselle « rit-tout-le-monde » et sa solution allergique

Le fonctionnement allergique est conçu par la théorie psychanalytique comme un aménagement psychopathologique, de nature spécifiquement régressive et labile, qui s’écarte considérablement des tableaux cliniques du « fonctionnement opératoire » décrit dans le champ psychosomatique.
Le cas clinique d’une post-adolescente asthmatique permettra de montrer, à partir d’une méthodologie qui couple entretiens cliniques et épreuves projectives, de quelle(s) manière(s) subtile(s) les « défenses allergiques », lorsqu’elles font partie des ressources de l’organisation psychique, peuvent servir à court-circuiter tout autant la confrontation à l’épreuve pubertaire que les renoncements psychiques du jeune adulte à la fin de l’adolescence.
À partir de la réactivation des problématiques génitale et pré-génitales, et de leur articulation mouvante à l’adolescence, sera discutée l’interface entre les déconvenues de l’aménagement névrotique et le recours à la solution allergique dans sa bivalence, à la fois mentale et somatique.
Chemin faisant, l’entrée dans la maladie allergique à l’adolescence pourrait être conçue, dans certaines constellations cliniques, comme une potentialité défensive relativement économique sur le plan psychosomatique, et abriter des asthmes paroxystiques, de pronostic plutôt favorable.
La clinique de l’éclosion allergique à l’adolescence permet d’interroger, et de mettre à l’épreuve de manière féconde, les liens intrinsèques que la théorie psychosomatique, souvent centrée sur l’enfant ou sur l’adulte, entretient avec la psychopathologie psychanalytique.

Caroline Goldman : l’adolescent surdoué

Cette réflexion est relative au passage entre enfance et adolescence, et postule que l’expérience de la puberté met à mal le surinvestissement intellectuel défensif de la latence. Je m’attends à ce que le surdon, fondé sur une dépression infantile toujours active, ne permet pas chez l’adolescent surdoué l’installation des digues psychiques évoquées par Freud, qu’il ne consiste qu’en une parade narcissique s’effondrant avec l’arrivée des émergences pubertaires.

Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 749-762.

Anne-Valérie Mazoyer : l’agir suicidaire de l’adolescent sur écran blanc

Quelques heures après un examen psychologique, sans signes alarmants, une adolescente placée dans un foyer éducatif tentait de se suicider avec son petit ami. Dans l’après-coup de ce passage à l’acte, nous avons voulu repenser ce cas à la lumière de travaux liant vulnérabilité suicidaire et dépression. Après avoir cherché dans les protocoles des épreuves projectives (Rorschach, TAT) des indicateurs du passage à l’acte, nous avons constaté une propension au blanchiment des affects et des émotions, comme au cours de la relation clinique et du recueil d’anamnèse. Une lecture plus fine des protocoles révèle sous l’apparence d’une dépression blanche une vulnérabilité qui ordonnait une prise en charge psychothérapique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 133-142.