Archives par mot-clé : Traumatisme

Aleksandra Pitteri, Frédéric Tordo : confinement et numérique comme d’un mimétisme traumatique

Le caractère inédit de la pandémie de la Covid a participé à l’affaiblissement des résistances psychiques mettant à jour bien souvent les vécus traumatiques jusqu’alors occultés. Dans ce contexte, le vécu traumatique a pu être sollicité à triple valence : par l’effet du confinement, par le recours omniprésent au numérique, et enfin par l’installation générale des téléconsultations dans les soins psychiques. Nous discuterons de cette sollicitation multiple du traumatique à la lumière de la compréhension du processus adolescent.

Adolescence, 2022, 40, 1, 193-204.

Florence Bécart, Manuella De Luca : anorexie et covid-19 : agression et trauma ?

Les confinements liés au Covid-19 ont entraîné une forte augmentation des hospitalisations pour anorexie sévère chez des adolescents. Si le tableau clinique était typique, l’investissement de l’hospitalisation et des soins était très inhabituel. L’investissement d’un espace à soi, a permis la reprise d’un travail de frontière entrainant la restauration de la différenciation réalité/fantasme, la reprise d’un processus d’appropriation subjectale et la mise à distance de l’effraction traumatique et la régression orale induites par la pandémie.

Adolescence, 2022, 40, 1, 175-192.

Sébastien Chapellon, Diane Salomon : la fabrique des incasables

Cet article s’intéresse aux ratés qui peuvent se produire dans la prise en charge pluridisciplinaire du sujet. Pour se préserver des affects difficilement tolérables qu’il les amène à éprouver, les professionnels chargés de l’accompagner ont tendance à le réorienter. Cette action, voulue comme thérapeutique, amplifie le sentiment d’abandon du sujet et, ce faisant, la violence de ses attitudes. Un exemple clinique en témoigne.

Adolescence, 2021, 39, 2, 299-312.

Qui veut ma peau ? L’humiliation technologique

L’Homme a rêvé la maîtrise de son environnement psychique, écologique et virtuel, au travers d’une course effrénée contre toute forme de limites du temps, de l’espace, de ses ressources et de son corps. La situation actuelle met en crise ce récit de l’Homme comme centre des cosmogonies, alors qu’il est forcé de constater son statut périphérique face à ce qu’il avait la présomption de dominer. La génération parentale ferait-elle ainsi payer en tribut à l’adolescence la sauvegarde de son humiliation ? Alors, comment « habiter » son corps et sa psyché, si l’avenir promis est l’écran d’une fin ?

Adolescence, 2021, 39, 1, 167-186.

Marie Kaci : à l’épreuve de l’absence

Cet article présente les débuts du traitement chez un adolescent ayant subi des traumas précoces. La discontinuité rétablie dès le commencement du traitement par des absences répétées, va confronter l’analyste aux aléas des premières relations d’objet. Le cadre sans cesse ébranlé, voire attaqué, va devoir se construire autour des possibilités psychiques du patient.

Adolescence, 2017, 35, 1, 45-52.

Alexandre Beine : De l’abandon à l’adoption

L’abandon, préalable nécessaire à l’adoption, est ici envisagé comme première opération permettant la filiation. L’enfant adoptif doit lui-même abandonner ses parents de naissance pour adopter ses nouveaux parents. Cette réappropriation de l’abandon est rendue inévitable par la subjectivation adolescente. Elle nécessite de dépasser le traumatisme réel du rejet pour l’instituer comme traumatisme structurant de la perte et du don. Elle concerne tout sujet quand il refonde sa filiation à l’adolescence.

Adolescence, 2016, 34, 4, 773-783.

Vincenzo Bonaminio : le cas Bernard

Cet article présente une prise en charge clinique qui se développe de l’enfance à l’âge de jeune adulte en passant par l’adolescence, selon trois perspectives : diagnostic, psychothérapie psychanalytique et supervision. S’agit-il d’une pathologie traumatique familiale, d’une psychose infantile évoluant en état-limite à l’adolescence, d’un trouble de la subjectivation ? La technique interprétative est étudiée en détail dans son rapport aux modalités de transfert.

Adolescence, 2015, 33, 4, 823-835.

Lippe Didier : Devenir adulte : « Trauma, ma non troppo… »

Le premier rapport sexuel de l’adolescent constitue un moment particulier de changement de son être au monde (de son rapport au monde) inscrivant ses traces dans son corps comme dans sa psyché ; pleinement constitutif de son devenir adulte il ne fait pourtant pas non plus forcément de lui un adulte. Au regard de la charge d’excitation qu’il porte, on peut le considérer comme un traumatisme à la fois nécessaire et constructif dans l’évolution du sujet, ici vivement confronté à la question fondamentale de son désir et de sa jouissance.
En s’étayant sur une certaine lecture de la question du traumatisme, de la répétition et de la pulsion de mort chez Freud, je proposerai de voir ce « traumatisme » du premier rapport sexuel de l’adolescent comme une sorte « d’objet de perspective » pour la psyché, mettant en jeu une « répétition anticipatrice » ; celle-ci permet de déjouer les aspects déstructurants pour la psyché de ce « traumatisme » ; notamment elle en en atténue sa charge d’excitation, en élaborant « partiellement » et préalablement par la ou les répétition(s) incluse(s) dans cet acte, l’effet traumatique du surgissement inattendu de l’Autre en soi, l’Autre soi-même qui se révèle dans le moment aigu de la jouissance et avec lequel l’adolescent, pour son « devenir adulte » va avoir à faire. Cette question sera illustrée par le cas d’un adolescent où les symptômes obsessionnels et leur déploiement fantasmatique dans la psychothérapie pourraient être entendus rétroactivement comme pris dans cette « répétition anticipatrice ».