Cet article présente une prise en charge clinique qui se développe de l’enfance à l’âge de jeune adulte en passant par l’adolescence, selon trois perspectives : diagnostic, psychothérapie psychanalytique et supervision. S’agit-il d’une pathologie traumatique familiale, d’une psychose infantile évoluant en état-limite à l’adolescence, d’un trouble de la subjectivation ? La technique interprétative est étudiée en détail dans son rapport aux modalités de transfert.
Sur la base de l’unicité du processus psychanalytique, l’auteur présente les modalités de travail différentes qui peuvent être utilisées en psychothérapie avec les adolescents. Il envisage les implications pour l’action thérapeutique des nouvelles connaissances sur le développement de l’infans et sur l’attachement ainsi que dans le domaine des neuro-sciences.
Par ailleurs, l’auteur insiste sur la phase d’évaluation et les indications les mieux adaptées ainsi que sur les objectifs principalement centrés sur la remise en jeu des processus de réorganisation du soi à travers un travail sur les représentations psychiques.
Dans cet article, l’auteur montre comment le concept de subjectivation est issu de la clinique des états psychotiques à l’adolescence. Ceux-ci sont reliés à un noyau mélancolique parfois difficile à repérer sous le conflit pulsionnel pubertaire. À partir d’un cas clinique d’entrée dans la psychose à l’adolescence, la relation fondamentale entre psychose, temporalité et mélancolie est reproblématisée d’une façon susceptible de rendre compte des symptomatologies d’allure “ cas-limite ” dans une théorisation post-freudienne tenant compte de certains apports de Green et Racamier.
Comme d’autres constructions psychanalytiques de base, la théorie de l’action thérapeutique est actuellement en plein remaniement, et des théoriciens de convictions diverses proposent des mécanismes différents.
Dans ce domaine de la recherche clinique, l’auteur soutient que la psychothérapie psychanalytique d’adolescents permet de décrire aussi bien les buts du traitement, à savoir les changements, que la technique, à savoir les stratégies susceptibles de faciliter ces changements. Les interventions qui facilitent le changement peuvent être classées dans l’une des deux catégories suivantes: celles qui se servent de plusieurs aspects transformationnels de la relation thérapeutique et celles qui augmentent l’insight et renforcent l’identité.
En particulier le traitement de l’adolescent avec un trouble de la personnalité interroge l’identité du thérapeute qui est engagé spécifiquement dans un processus d’auto-analyse de sa propre adolescence. Le travail de reconnaissance et d’élaboration de ce processus peut se révéler une action thérapeutique fondamentale.
La description de deux vignettes cliniques vient illustrer les différentes actions thérapeutiques en jeu.
Lorsque la création adolescente ne parvient pas à reconstruire le Moi-je en tenant compte de la nouveauté pubertaire, le psychanalyste doit inventer une pratique spécifique ; soit un travail de construction auquel l’adolescent est susceptible de s’identifier. Lorsque la création adolescente n’est ni partageable ni partagée, la cure doit proposer un champ commun où peut se développer une perlaboration à deux au sein de laquelle les conditions (en règle infantile) de l’impasse (breakdown) sont imaginées ensemble.
Sont travaillés successivement : – les modalités de l’intervention, en particulier leur souplesse et leur limite ; – la différence de fait que l’adolescent apporte un matériel ou non ; – le processus en jeu dans les constructions du psychanalyste en l’occurrence la sublimation qui est mise en opposition avec l’emprise de l’idéal ; – l’implicite risqué de la déconstruction dans toute suggestion imaginaire de l’analyste.
Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 747-780.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7