Archives de catégorie : Temporalité – 2004 T. 22 n°4

Dominique Agostini : Mélanie Klein analyste d’adolescents. II : le cas “ ilse ”

Après l’étude du cas “ Félix ” et des concepts kleiniens d’objets internes et de fantasmes insonscients que l’analyse de cet adolescent illustre, l’auteur explore, au travers de la cure d’Ilse, les conceptions kleiniennes de l’identité sexuelle féminine.
Klein a centré l’analyse d’Ilse sur le sadisme envieux de cette adolescente à l’égard d’une mère interne fantasmatiquement propriétaire du père et sur la culpabilité omnipotente convoquée en miroir des dits fantasmes sadiques. Cette culpabilité avait dérobé à Ilse son passage à la “ puberté psychique ” et, par voie de conséquence, toute la suite de son développement. Si la première partie de l’analyse fixa Ilse à la latence, l’atténuation dans l’analyse de sa culpabilité améliora son sentiment d’identité, de responsabilité personnelle : Ilse devint plus authentique, plus libre.

Chantal Boursaux : rythmicité, dynamique libidinale et temporalité à l’adolescence

Le postulat de la place centrale du rythme dans la vie psychique invite à en retrouver les enjeux dans la pratique clinique, en particulier pour la prise en charge des problématiques adolescentes dans lesquelles le désinvestissement se double d’un suspens du temps. Deux vignettes émanant d’une pratique en hôpital de jour se proposent de montrer comment la cure institutionnelle peut, à sa manière, relever le défi d’une ré-animation de la dynamique désirante et temporelle du sujet par celle de sa rythmicité interne.

Isée Bernateau : le temps arrêté

Fantasio et Léonce, les deux héros adolescents des comédies éponymes de Musset et Büchner, sont aux prises avec une temporalité immobile, synonyme d’ennui, de ressassement et de vide. Cette temporalité ouvre sur la mort, envisagée comme seule réalité dès lors qu’ils quittent le hors-temps édénique d’une enfance dont le fantasme de l’enfant mort serait le symptôme. Ce rapport désespéré au temps serait le signe du traumatisme que représente, à l’adolescence, la rencontre de l’objet génital. La mort serait mise en avant pour se protéger du sexuel, et la suspension du temps serait la stratégie dramatique mise au point pour “ retarder ” la rencontre amoureuse redoutée.

Bernard Penot : travailler psychanalytiquement à plusieurs : la reprise d’un temps premier du processus subjectivant.

Un travail psychanalytique à plusieurs est indiqué pour traiter cette forme particulière de transfert qui survient régulièrement dans le traitement institutionnel de jeunes patients souffrant de troubles psychotiques ou d’une pathologie de comportement (cas limites). Le degré d’aliénation est alors tel en effet que la répétition va tendre à être induite dans l’autre – le thérapeute en l’occurrence – en l’absence d’un fantasme constitué dans certains secteurs du psychisme du patient. Tout se passe comme si la restitution (Freud, 1937) et l’appropriation subjective de ces éléments par le patient nécessitaient un détour dans l’espace psychique des soignants (de façon souvent éprouvante pour ceux-ci), les obligeant dès lors à élaborer avant tout ces données subjectives entre eux.

André Brousselle : destin des théories sexuelles pubertaires

Les théories sexuelles pubertaires (T. S. P.) masculines sont caractérisées d’une part par leur ancrage dans les premiers éprouvés orgastiques, condensant décharge d’excitation, de sperme et de cellules germinales ; et d’autre part par leur destin vers différentes théories des fluides, dont l’économique. Cette transformation est ici suivie chez un patient adulte. Le chemin inverse nous amène à poser l’hypothèse que la théorie économique de Freud serait dérivée de ces théories sexuelles pubertaires.

Daniel Marcelli : l’adolescence, une méta-théorie de l’esprit

Dans ce travail nous proposons une conceptualisation prenant en compte la théorie de l’esprit, l’adolescence pouvant être caractérisée comme l’âge où le sujet formule pour lui-même une méta-théorie de l’esprit : il investit de pensées ses propres pensées. Le résultat de cette méta-théorie de l’esprit pourrait se figurer à travers l’idéal du moi dont on sait qu’il est une instance qui se dégage au cours de l’adolescence.

Vincent Cornalba : le moment et la désirance

Le registre du moment pose directement la question de la désirance et de son influence dans le processus de subjectivation. À partir de la problématique de la rencontre chez le libertin, l’auteur propose une mise en exposition des enjeux de la relation à l’entrée du génital. Le registre de la défaite consentie instituerait la création d’un soi amoureux masochique sur lequel s’appuierait, en partie, l’évolution subjectale. Le moment – par l’effet de dessaisissement qu’il introduit dans la rencontre, mais également par cet effet de mise en perspective qu’il suscite – potentialiserait cette opération déterminante pour le sujet génital.

Evelyne Gosse-Oudard : sortir de l’adolescence, terminer son analyse

Si le modèle de l’organisation infantile de l’économie psychique constitue le paradigme de la cure analytique, le modèle du processus de fin d’adolescence pourrait-il être celui de la “ terminaison ” de l’analyse ? La notion de pulsion d’emprise, constituant de l’appareil psychique, différenciée de celle de relation d’emprise, notamment dans ses aspects mortifères et négatifs, servira de base pour explorer les processus en jeu pour asseoir les assises narcissiques du sujet et lui permettre de se dégager d’une relation aliénante à l’objet primordial, condition de sa subjectivation.

Sylvie Le Poulichet : les devenirs-sujet

Cet article tente d’apporter un nouvel éclairage sur la notion de subjectivation, en privilégiant la perspective des devenirs-sujet au sein des dispositifs spéculaires transférentiels. Deux séquences cliniques mettant en œuvre ces devenirs-sujet à travers la figuration onirique, puis à travers le passage par le négatif, permettent ici d’appréhender les singularités des temps identifiants.

Olivier Douville : fondations subjectives du temps à l’adolescence

Après avoir mentionné des modèles sociologiques et anthropologiques l’auteur discute, à la suite des travaux de Gutton et Rassial, et à partir de ses élaborations cliniques, la pertinence de l’application du modèle du temps logique pour comprendre les diverses étapes de la temporalité adolescente.