Archives par mot-clé : Déconstruction

GUTTON PHILIPPE: PERLABORATING IN THE PSYCHOANALYTIC TREATMENT

When adolescent creativeness is unable to reconstruct the I-Ego taking into account the newness of puberty, the psychoanalyst must invent a specific practice : construction work with which the adolescent can identify. When adolescent creativeness is unshared and unable to be shared, the treatment should offer common ground where a two-person perlaboration can develop, in which the conditions (usually infantile) of the impasse (breakdown) will be imagined together. We will discuss : modes of intervention, particularly their flexibility and their limits ; the difference it makes whether the adolescent brings material to the session or not ; the process in play in the analyst’s constructions (in this case sublimation, which is opposed to the control exercised by the ideal) ; the implicit risk of deconstruction in any imaginary suggestion made by the analyst.

Philippe Gutton: the trace of the pubertaire

The experience of the pubertaire has a central place in the treatment of the adult. It is the trace out of which the dream and the psychical work of the adolescens develop. Affirming and confirming its innovative value in the revisiting of childhood sexuality inspires images in dreams in the wake of adolescent subjectivation. This point of view justifies interventions aimed at deconstructing infantile phallic theories whose rigidity is liable to stifle the pubertaire.

Philippe Gutton : la trace pubertaire

L’expérience pubertaire est installée a une place centrale dans la cure d’adulte. Elle constitue la trace à partir de laquelle le rêve et le travail psychique adolescens se développent. Lui affirmer-confirmer une valeur innovante pour la retrouvaille de la sexualité infantile inspire les images oniriques et dans la foulée la subjectivation adolescente. Ce point de vue justifie les interventions visant à déconstruire les théories infantiles phalliques dont le caractère rigide est susceptible d’empêcher, d’étouffer le pubertaire.

Philippe Gutton : perlaborer dans la cure

Lorsque la création adolescente ne parvient pas à reconstruire le Moi-je en tenant compte de la nouveauté pubertaire, le psychanalyste doit inventer une pratique spécifique ; soit un travail de construction auquel l’adolescent est susceptible de s’identifier. Lorsque la création adolescente n’est ni partageable ni partagée, la cure doit proposer un champ commun où peut se développer une perlaboration à deux au sein de laquelle les conditions (en règle infantile) de l’impasse (breakdown) sont imaginées ensemble.

Sont travaillés successivement : – les modalités de l’intervention, en particulier leur souplesse et leur limite ; – la différence de fait que l’adolescent apporte un matériel ou non ; – le processus en jeu dans les constructions du psychanalyste en l’occurrence la sublimation qui est mise en opposition avec l’emprise de l’idéal ; – l’implicite risqué de la déconstruction dans toute suggestion imaginaire de l’analyste.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 747-780.

Ignacio Melo : the work of composition in consultations with adolescents

In this article I describe my way of practicing therapeutic consultations with adolescents, explicating it through four excerpts from interviews, in light of the reflection of some others who have helping my thinking. I speak of the conditions which have presided over the communication with my patient, particularly narcissistic identification. The central point of my technique is what I call the work of composition, which is defined as follows : the work of composition is a narration of diverse, elements sometimes unconscious, more often preconscious and manifest. It also establishes links between different regimes of functioning. A creation of the session, its components come indistinctly from the patient’s presentation or from the analyst’s thinking. The latter treats the narration in a propositional mode, tells the suffering in another way than in terms of symptoms, and does not aim to arrive at a profound truth. Concretely, this means that he must be ready to give up the narration if the patient judges it to be displaced or not useful. Its explicative character carries meaning, but this is not necessarily a causal hypothesis, and may take the form of enacting a conflict, or the formulation of a paradox. The composition is a narrative that can be infinitely rewritten, if necessary. If is also a proposition of a mode of functioning : various experiences, sources of pain or joy, sometimes contradictory or even paradoxical, can be recounted in a narration. And the analyst invites the patient to himself become a composer and, in so doing, to feel relief, or even to take pleasure in this. In this sense, composition is an instrument of transformation. I conclude by specifying that this work must lead to a deconstruction of bothersome functions, which are a source of suffering and hinder psychical development.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 9-62.

Ignacio Melo : le travail de composition dans les consultations avec des adolescents

Je décris dans cet article ma pratique de la consultation thérapeutique avec les adolescents, l’explicitant à travers quatre extraits d’entretiens, après une réflexion de certains auteurs qui m’ont aidé à la penser. Je parle des conditions qui président la communication avec mon patient, particulièrement l’identification narcissique. Le point central de ma technique est ce que j’appelle le travail de composition, ainsi défini : Le travail de composition est une mise en récit d’éléments divers, parfois inconscients, le plus souvent préconscients et manifestes. Il met en lien, aussi, les différents régimes de fonctionnement. Création de la séance, ses constituants viennent indistinctement de la présentation du patient ou de la pensée de l’analyste. Ce dernier prend en charge la narration sur un mode propositionnel, dit la souffrance autrement que de manière symptomatique et ne vise pas une vérité profonde. Sur un plan concret cela signifie qu’il doit être prêt à l’abandonner, si le patient la juge déplacée ou inutile. Son caractère explicatif est porteur de sens, mais n’est pas nécessairement une hypothèse causale et peut prendre la forme de la mise en scène d’un conflit, ou de la formulation d’un paradoxe. La composition est un récit qu’on peut réécrire à l’infini, si besoin. Elle est aussi une proposition d’un mode de fonctionnement : des expériences variées, source de douleur ou de joie, parfois contradictoires, voire paradoxales, peuvent se dire à travers une narration. Et l’analyste invite le patient à devenir lui-même compositeur, et, ce faisant, en éprouver un soulagement ou, même, du plaisir. Dans ce sens, la composition est un instrument de transformation. Je termine en précisant que ce travail doit conduire à une déconstruction des fonctionnements gênants, source de souffrance et empêchant le développement psychique.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 9-62.