Archives par mot-clé : Intersubjectivité

Haya Sleiman Haidar : quel paradigme pour la psychose à l’adolescence ?

L’article présente une construction théorique pour penser les manifestations d’allure psychotique à l’adolescence. Entre l’archaïque et l’actuel, le paradigme de la psychose pubertaire s’affranchit de la référence hâtive à la vulnérabilité schizophrénique pour redonner une valeur processuelle à la notion de potentialité. La psychose pubertaire dévoile un caractère éminemment frontalier et sa symptomatologie traduit des modalités de traitement qui s’étendent sur le spectre d’un travail du négatif nécessaire mais incertain.

Adolescence, 2020, 38, 1, 149-165.

Gianluigi Monniello : le travail analytique avec l’adolescent

Le travail analytique avec l’adolescent implique l’élaboration des diverses formes d’attraction et de répulsion de l’originaire et de l’infantile. L’auteur propose de préciser les différents temps de la subjectivation. Ce travail insiste sur l’instauration progressive du principe de réalité, passage en lien étroit avec la recherche physiologique de l’objet sexuel. La fonction de l’analyste consiste à mettre au service de la pensée de l’adolescent sa propre capacité imaginative et de rêver éveillé.

Adolescence, 2015, 33, 4, 885-900.

Christine Mazars : le champ de la voix dans le « slam poésie »

Le slam est un nouvel art poétique, faisant intervenir la scène, emprunté par les jeunes. Cette poésie-spectacle répond au besoin d’étayage narcissique et de conquête de nouveaux espaces à l’adolescence où le champ du langage est investi en rupture avec la langue maternelle et celle de la norme. Elle permet aux jeunes de se confronter à l’altérité en sublimant leurs pulsions agressives par le biais de l’objet esthétique commun auquel ils se sont identifiés et par lequel ils exercent leur créativité.

Adolescence, 2014, 32, 4, 771-786.

René Roussillon : la pulsion et l’intersubjectivité

L’auteur essaye de penser ce que pourrait être une conception psychanalytique de l’intersubjectivité qui respecterait la double référence à l’inconscient et à la sexualité infantile. Il lui semble qu’il est nécessaire alors de souligner la valeur “ messagère ” de la pulsion et de ses modes de représentance. Deux vignettes cliniques mettent en évidence comment la pulsion se compose ou se décompose aussi en fonction de la réponse de l’objet autre-sujet, ainsi que les dimensions inconscientes des messages agis dans la situation de face à face. Puis une décomposition des différents “ brins ” de l’expérience de satisfaction ouvre la question d’une conception du sexuel infantile qui inclut l’objet comme autre-sujet dans son organisation. La question de l’adolescence est enfin reprise comme moment de la retrouvaille du sexuel infantile ainsi redéfini en fonction du corps à corps du sexuel adolescent, mais aussi comme menace de confusion liée à cette retrouvaille.

François Richard : le complexe d’œdipe existe-t-il toujours ? l’identique et la différence. débat avec Françoise Héritier

Cet article discute l’hypothèse selon laquelle, dans la société contemporaine, le complexe d’Œdipe se complexifie mais existe toujours comme organisateur central de la psyché.

Un débat avec les points de vue de l’anthropologie – et en particulier avec Françoise Héritier et sa théorie de « l’inceste du deuxième type » (entre une mère et une fille qui ont le même amant) – introduit à une reproblématisation des notions d’homosexualité primaire, d’intersubjectivité et de tiercéité. La question de la différenciation peut ainsi être mieux pensée dans son rapport à la subjectivation : y a-t-il risque de dé-différenciation psychotisante dans l’inceste ? Qu’en est-il des troubles psychiques à l’adolescence où les phénomènes de régression vers des situations groupales où prévalent les fonctionnements limites ?

L’identique dont parle Françoise Héritier ne correspond pas terme à terme à l’économie libidinale narcissique. Il faut relancer le dialogue historique entre psychanalyse et anthropologie (A. Green et J. Lacan avec C. Lévi-Strauss, plus récemment les échanges avec M. Godelier et B. Juillerat) à partir d’une réflexion sur le devenir de la fonction paternelle aujourd’hui – dans le prolongement de la discussion critique de la théorie de l’inceste du deuxième type, et d’un exemple de société traditionnelle sans pères et des néo-parentalités contemporaines.

Le triangle œdipien apparaît comme susceptible de prendre des formes variées.

Adolescence, 2014, 32, 1, 23-46.

René Kaës : définitions et approches du concept de lien

La problématique du lien intersubjectif ne coïncide pas avec les concepts de liaison intrapsychique, d’identification et de relation d’objet. Du point de vue psychanalytique, la consistance du lien est la réalité psychique inconsciente spécifique construite par la rencontre de deux ou plusieurs sujets. En termes de processus, le lien est le mouvement plus ou moins stable des investissements, des représentations et des actions qui associent deux ou plusieurs sujets pour la réalisation de certains de leurs désirs ou la mise en œuvre de défenses communes. Distincte de celle qui organise l’espace intrapsychique du sujet singulier, la logique du lien est celle des implications réciproques, des inclusions et des exclusions mutuelles. L’auteur définit les exigences de travail psychique rendues nécessaires pour établir un lien. Il dégage les enjeux épistémologiques d’une « troisième topique », entendue comme celle de l’intersubjectivité dans ses rapports avec l’espace interne des sujets du lien.

Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 763-780.

Bernard Golse : entre neurosciences et psychanalyse

Après avoir rappelé quelques exemples de dialogue épistémologique entre neurosciences et psychanalyse (comme la théorie de l’après-coup à la lumière des données actuelles sur la mémoire, le caractère actif des perceptions, le rêve et les différents types de mémoire, les représentations d’action et les découvertes récentes en neuro-imagerie, l’amnésie infantile et le passage de la communication analogique à la communication digitale, la théorie de l’esprit au regard du concept d’identification projective), l’auteur envisage la problématique de l’intersubjectivité en lien avec la question de la synchronie polysensorielle, avant de conclure par l’évocation de quelques obstacles à ce dialogue transdisciplinaire.

Adolescence, 2012, T. 30, n°2, pp. 269-285.