Archives par mot-clé : Différenciation

Nadège Babillot, Sophie Lamare, Patrick Genvresse : groupe de parents dans le traitement de l’anorexie

Ce texte relate la première expérience d’une prise en charge groupale de parents d’adolescentes souffrant d’anorexie mentale à la Maison des Adolescents du Calvados. Le choix des auteurs a été de retranscrire fidèlement les moments féconds des séances au plus près de la clinique en insistant sur le vécu contre-transférentiel.

Adolescence, 2014, 32, 3, 503-510.

Philippe Jeammet : réflexions sur la parentalité

Les êtres humains ont une compétence naturelle à élever des enfants, sinon l’humanité n’existerait plus. Il est vrai cependant que l’évolution sociale récente rend cette fonction plus complexe sinon plus difficile. La libéralisation de la société occidentale a fait perdre en partie un certain consensus sur les règles éducatives qui s’interposait en tiers entre les désirs des parents et ceux des enfants. Cette perte, bénéfique à bien des égards, a l’inconvénient de susciter un rapproché de type incestuel entre les partenaires et de favoriser un investissement narcissique entre eux, brouillant les limites. Ce qui différencie l’enfant et l’adolescent est alors ce qui échappe au désir des parents c’est-à-dire tout ce qui est de l’ordre de l’opposition, de l’insatisfaction, de la provocation et potentiellement de la destructivité. « Ça c’est moi » peut dire le jeune parce que cela met l’adulte en échec et dans l’impuissance et permet au jeune d’échapper à l’angoisse d’abandon parce qu’il inquiète et à l’angoisse de fusion et d’intrusion que pourrait susciter le plaisir partagé.

Il ne faudrait pas cependant que cette invitation faite aux parents à « comprendre » leurs relations émotionnelles avec leurs enfants les paralyse dans leur action et dans leur spontanéité et renforce une situation d’attente à l’égard des enfants auxquels il serait demandé de dicter leur éducation à leurs parents, dont ils prendraient en quelque sorte la place. Il apparaît plus favorable de libérer leur confiance en leur capacité d’être parent tout en les dissuadant de vouloir tout contrôler et de se culpabiliser dès qu’une difficulté surgit ; Par contre toute difficulté durable qui empêche le jeune de se nourrir de ce qui est nécessaire à son développement et renforce ainsi une dépendance pathogène à l’adulte et la nécessité de s’opposer pour se différencier au détriment du développement de ses compétences appelle à la fois une limite ferme posée par les parents au comportement destructeur et une ouverture à des tiers pour sortir de la confrontation stérile.

François Richard : le complexe d’œdipe existe-t-il toujours ? l’identique et la différence. débat avec Françoise Héritier

Cet article discute l’hypothèse selon laquelle, dans la société contemporaine, le complexe d’Œdipe se complexifie mais existe toujours comme organisateur central de la psyché.

Un débat avec les points de vue de l’anthropologie – et en particulier avec Françoise Héritier et sa théorie de « l’inceste du deuxième type » (entre une mère et une fille qui ont le même amant) – introduit à une reproblématisation des notions d’homosexualité primaire, d’intersubjectivité et de tiercéité. La question de la différenciation peut ainsi être mieux pensée dans son rapport à la subjectivation : y a-t-il risque de dé-différenciation psychotisante dans l’inceste ? Qu’en est-il des troubles psychiques à l’adolescence où les phénomènes de régression vers des situations groupales où prévalent les fonctionnements limites ?

L’identique dont parle Françoise Héritier ne correspond pas terme à terme à l’économie libidinale narcissique. Il faut relancer le dialogue historique entre psychanalyse et anthropologie (A. Green et J. Lacan avec C. Lévi-Strauss, plus récemment les échanges avec M. Godelier et B. Juillerat) à partir d’une réflexion sur le devenir de la fonction paternelle aujourd’hui – dans le prolongement de la discussion critique de la théorie de l’inceste du deuxième type, et d’un exemple de société traditionnelle sans pères et des néo-parentalités contemporaines.

Le triangle œdipien apparaît comme susceptible de prendre des formes variées.

Adolescence, 2014, 32, 1, 23-46.