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Paola Carbone : héros et adolescents. question de vie et de mort

Cet article tente de répondre à deux questions : qui est « le héros » ? et quel est le rapport de la question héroïque avec l’adolescence ? Pour rencontrer les héros dans leur essence originaire, l’auteur retourne à l’Iliade et l’Odyssée, et repère certaines caractéristiques fondamentales qui identifient profondément la mission héroïque à celle de l’adolescence. Les deux poèmes organisés autour des dimensions narratives du siège et du voyage représentent assez bien les lignes de force le long desquelles se décline l’expérience adolescente. Le fil rouge de l’exposé se noue autour de quatre thèmes articulés en couples dialectiques : la Préhistoire et l’Histoire, l’Unique et le Double, le Cercle et l’Ellipse, la Vie et la Mort.

Le mythe du héros – dans cette perspective – est le moyen grâce auquel il est possible de tenter une confrontation laïque avec la mort, confrontation qui paradoxalement représente un des points cardinaux du processus adolescent.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 345-366.

Gianluigi Monniello : constructions du héros à l’adolescence

Deux définitions significatives de L. Arioste et de B. Fioretti sont utilisées par l’auteur pour décrire d’abord, le besoin naturel de construire, au niveau imaginaire, la figure du héros en tant que contribution possible au fonctionnement psychique adolescent et en tant que référent adéquat imaginaire pour se créer et pour créer sa propre ars vivendi ; ensuite, pour souligner que la rencontre avec l’adolescent implique aussi la présence en lui de quelque chose qui va au-delà du processus naturel de construction, inhérent au développement et du jouer à faire le héros de l’enfance. L’auteur décrit trois possibles forces co-existantes vers l’héroïsme, avec des résultats très différents, qui s’ouvrent aux adolescents. La première poussée, réactive, est celle de continuer courageusement la recherche et la reconquête des valeurs du passé ; la deuxième poussée, positive et  différenciatrice, invite l’adolescent à se détacher des mondes qui l’ont engendré et de leurs influences internes et externes ; la  troisième, créative, est celle qui le rend fidèle à ses expériences sensorielles originaires en le poussant, inconsciemment, « à faire ce qu’il peut ».

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 327-344.

Gérard Bonnet : du héros tragique au héros ordinaire

Homère privilégie deux types de héros : celui d’Achille dans l’Iliade, qui magnifie le combat à mort et a fait bien des émules au cours de l’histoire, et puis celui qu’incarne Ulysse dans l’Odyssée où le héros s’illustre en déjouant les obstacles qu’il rencontre sur la route du retour vers son lieu d’origine. D’un côté nous avons une lutte duelle qui certes entraîne la notoriété, mais provoque la destruction de l’une des deux  parties en présence, et de l’autre, un combat de tous les instants du héros pour sauver sa vie et retrouver sa place dans la cité. Le premier privilégie le regard et se soumet aux exigences du paraître, le second au contraire s’en prend d’abord à l’œil qui le domine et en démonte les rouages pour se donner un nom. Le processus adolescent participe de ces deux parcours à la fois, et suppose le dégagement progressif de l’emprise du voir qui fait miroiter l’idéal. En se référant à diverses œuvres littéraires, l’auteur montre à quelles conditions cette évolution est possible.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 313-326.

Marie-Christine Aubray, Dominique Agostini : travail du héros

Pour questionner les liens entre travail d’adolescence et travail du héros, les auteurs font se rencontrer un héros mythique Héraclès et le héros adolescent Arkadi de Dostoïevski.

Devient héros, l’adolescent qui sortira vainqueur des épreuves du pubertaire, pour s’engager dans le processus adolescens. Ce passage impliquant la rencontre de deux apories : parricide/infanticide et mortalité/immortalité.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 299-312.

Philippe Gutton : au risque de créer

L’héroïsation de l’adolescence comprendrait deux processus, l’un est de l’ordre de la création d’intersubjectalisation construisant les idéaux d’adolescence, l’autre place cette construction en face à face avec le regard du monde infantilo-adulte institutionnalisé en Surmoi sociétal.

Le héros serait celui qui se refuse à succomber malgré le discours du maître qui le désavoue dans un breakdown lauferien et plaide, dressé, sa cause adolescente.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 281-298

Raymond Cahn : les choix d’arnaldo novelletto. du soi au subjectal

Le regard posé sur l’œuvre et la pensée d’Arnaldo Novelletto met en évidence d’une part l’importance qu’il accorde au soi dans la clinique et dans la cure analytique à l’adolescence pour déboucher sur une perspective plus vaste l’intégrant parmi les âges de la vie et considérant comme une variante d’un même point de vue les différents cadres et modes d’abord de l’adolescent utilisés par les analystes, les repères conceptuels se situant autour des notions de subjectal et de subjectivation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 941-944.

Gianluigi Monniello : l’adolescent d’arnaldo novelletto

Cet article propose les principaux thèmes de la psychanalyse de l’adolescent traités dans le livre L’adolescente. Una prospettiva psicoanalitica. Cet ouvrage, édité par un groupe de collaborateurs qui ont pendant des années accompagné Arnaldo Novelletto dans son étude clinique et théorique du psychisme adolescent. Ce que souhaitent les éditeurs, c’est que ce livre puisse constituer une nouveauté dans un temps où la psychanalyse de l’adolescence représente une aire de recherche, de stimulation, de revisitation et d’innovation à l’intérieur du corpus psychanalytique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 931-939.

Michel Delage : le thérapeute et les rituels familiaux

Il est question dans ce texte de montrer l’importance de la ritualisation dans la vie familiale, comme support de sa cohésion, de son identité. Les rituels sous-tendent un équilibre paradoxal entre stabilité et changement. De ce point de vue, l’adolescence est une période clef. L’activité thérapeutique avec les familles utilise beaucoup les rituels familiaux (tout au moins en thérapie familiale systémique) en visant leur modification grâce à des « objets médiateurs », en prescrivant des rituels là ou ils peuvent manquer, ou des contre-rituels là ou ils sont au service d’une stabilité problématique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 907-929.

Didier Drieu, Stéphane Corbin : Rites de groupes et héritages traumatiques à l’adolescence

Certaines conduites à risques ont pu être comprises comme symptomatiques d’un « détraquement » des rites à l’adolescence. Ces comportements sont davantage utilisés pour tutoyer la mort, pour réintroduire le jugement ordalique quand des adolescents ne parviennent pas à intégrer l’insaisissable, faute d’être étayés dans leur cheminement par des références à l’institution. Toutefois, ces séquences  paradoxales flirtent également, de manière cryptée, avec des mécanismes d’auto-création de soi dans un contexte de filiation traumatique. Ainsi, ces dynamiques reposent à la fois sur le fonctionnement adolescent, de leurs groupes et se trouvent mobilisées en négatif lorsque règnent des violences traumatiques en héritage. Nous proposons de discuter de ces configurations à travers l’exemple d’un groupe de jeunes harkis.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 899-906.

Brigitte Blanquet : l’ordalie : un rite de passage

À l’adolescence le corps est central. Les problématiques ordaliques l’exposent, jusqu’à flirter avec la mort. Le corps est mis en scène. Il révèle l’histoire des traces d’anciens vécus traumatiques et des restes de vécu d’ambiguïté. L’analyse de ces traces-restes met en lumière l’étoffe d’une fantasmatique de vie-mort qui structure et organise l’organisation psychique de ces sujets. La nature de cette fantasmatique est d’essence originaire et se décline sous ces deux formes majeures : le fantasme de mono-engendrement, le fantasme du retour au matriciel.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 887-898.