Tous les articles par Admin

Maurice Netter : le religieux comme expression des imagos, de leur fixité et de leur évolution

Le religieux exprime le monde interne de chacun à la recherche de figurations de son origine collective. Les imagos sont des représentations des liaisons entre le plus intime des perceptions inconscientes et les affects originaires : elles résultent de la mémorisation de ce que le tout jeune enfant perçoit des « personnages » de son environnement et de leurs relations. Le pubertaire amorcera la reviviscence de ces personnages dont l’adolescence modifiera les relations fantasmatiques ; le religieux, pourra donner une forme et un contenant  à ces recompositions imagoïques ; comme passage, il peut ainsi conduire à une plus grande liberté intérieure.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 655-666.

Philippe Jeammet : les rites à l’adolescence

Les rites d’initiation sont caractéristiques de l’adolescence et parmi les plus fortement organisés qui soient, mettant en jeu le corps et tout ce qui tourne autour de la sexualité. Les rites correspondent à un aménagement des menaces qui pèsent sur le sujet et sur le groupe. Ils sont faits pour soutenir le sujet et  l’intégrer dans le monde des adultes. Ils doivent par leur ambiguïté même répondre à cette situation paradoxale, d’être soi-même demandeur de ce que les autres en fait imposent. Ils permettent une co-création par le groupe et l’individu d’un espace commun de médiation. Ils évitent ainsi la violence potentielle de la confrontation narcissique des territoires. Ils s’expriment par l’agir mais ouvrent la voie à une confiance partagée, fondement de la symbolisation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 645-653.

Philippe Gutton : la première communion

Dans une première partie je propose de réfléchir à l’expérience religieuse telle qu’elle est racontée par certains adolescents lors de la célébration du « mystère ». Je rappellerai ensuite succinctement l’ordre sociétal établi par la religion. De cette confrontation entre « rite subjectif et objectif » il apparaîtra dans une deuxième partie la nécessité de situer leur rencontre au niveau plus profond qui est celui de l’altérité c’est-à-dire du lien intersubjectal. Le raisonnement suivra les témoignages de deux écrivains sur le mystère en question : celui de F.-R. de Chateaubriand et celui d’A. Gide.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 625-643.

Abdessalem Yahyaoui : rites en islam à l’adolescence

Après avoir fait état de différents rites de passage dans l’islam et la culture arabo-musulmane, nous tentons une interprétation de l’usage des rites religieux par les adolescents issus de l’immigration. La situation migratoire détourne souvent les rites de leurs fonctions de base pour les adapter aux besoins du contexte migratoire.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 617-623.

Muriel Gilbert : l’adolescent juif face à la loi transcendante : enjeux anthropologiques et psychanalytiques du rite de la bar-mitsvah

La bar-mitsvah est la cérémonie rituelle qui entoure la majorité religieuse de l’adolescent juif. En quoi consiste-elle concrètement ? Quel sens a-t-elle ? Quelle place a-t-elle dans la vie d’un homme juif ? Et enfin, quels sont ses enjeux à la fois anthropologiques et psychanalytiques qui sont associés à cette cérémonie ? Telles sont les principales questions que nous tenterons d’éclairer en rappelant par ailleurs en quoi consiste – dans ses grandes lignes – le judaïsme. Ce sera l’occasion d’évoquer la place singulière du texte et partant de la Loi transcendante à laquelle les hommes juifs sont soumis dès leur puberté dans ce cadre religieux, ce qui ne saurait être sans répercussions psychiques sur l’identité du jeune adolescent juif.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 597-616.

Jacques Arènes : la création de rites de subjectivation à l’adolescence

Les rites de subjectivation à l’adolescence prennent aujourd’hui une configuration inédite, dans une culture où l’initiation, notamment religieuse, s’oriente moins vers la transmission de contenu, et vise la création de soi et la quête de sens. L’article se propose d’analyser les rites contemporains religieux, ou spirituels, de subjectivation à l’adolescence qui sont plus ou moins liés à l’espace collectif. Ces rites de subjectivation constituent la figure générale de rites de création  de soi, et « d’autoportance » à cet âge de la vie. Ce type de rite se déploie dans une transitionnalité qui est aussi appel à l’autre.

L’exemple de la trajectoire spirituelle d’Etty Hillesum, jeune femme juive morte en 1943 à Auschwitz, dont le journal a eu une immense diffusion, illustre ce thème des rites de création de soi, notamment à travers l’écriture, dans un contexte de « faiblesse » de l’objet de référence du rite, contexte où l’appel à l’altérité demeure néanmoins opérant.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 581-596.

Frère Daniel Bourgeois : rite et signification : sur quelques malentendus contemporains au sujet de l’essence du rite

Que signifie initiation dans le vocabulaire de la théologie chrétienne ? Ce mot est-il l’équivalent des rites d’initiation des religions anciennes, dans lesquelles le souci premier est d’insérer les jeunes dans la réalité de la vie sociale adulte ? Le christianisme propose une autre vision de la question : l’initiation ouvre à une vie nouvelle, le Royaume de Dieu et elle s’accomplit par le moyen des sacrements. En affirmant cela, l’Église propose une clef pour évaluer la relation spécifique entre le monde présent (la « nature ») et l’irruption du monde nouveau (le « Royaume de Dieu ») : la nature est signe de la grâce. Rupture autant que nouveauté, l’initiation établit un rapport d’altérité entre les deux domaines, comme un signe est tout entier orienté vers l’altérité de la réalité qu’il a mission de désigner.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 567-579.

Frère Bernard Marliangeas : note sur le rite

Le rite est un agir social programmé et répétitif. Le rituel est un ensemble organisé de gestes et de paroles dans lequel ce qui va parler nous dépasse. Le rite est un agir symbolique qui permet à chacun de se situer comme sujet dans son rapport au monde et à son propre monde. Le sacrement est un point de rencontre entre deux désirs et rejoint les questions sur l’adolescence : désir de Dieu de partager sa vie avec l’homme et désir de l’homme qui se reconnaît rejoint et qui l’atteste par un geste.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 563-566.

Jean-Baptiste Lecuit : l’épreuve initiatique dans les rites et le cheminement chrétien

Les rites d’initiation concernent le plus souvent l’adolescence. Ils suivent un schème de mort et de renaissance, comportant une épreuve physique. La problématique œdipienne et sa réactivation à l’adolescence en sont une clé d’interprétation. Les rites des sacrements dits de l’initiation chrétienne comportent ce même schème initiatique. La part d’épreuve en est absente, mais se retrouve dans l’existence croyante, dans la mesure où s’y déploie ce qu’inaugurent les sacrements d’initiation. Loin de satisfaire spontanément les attentes infantiles, le cheminement chrétien appelle une profonde transformation du désir, un désillusionnement exigeant. On peut parler à son sujet d’une épreuve initiatique, correspondant au passage, toujours à approfondir, de la croyance infantile à la subjectivité filiale. Cette transformation suit une dynamique analogue à la subjectivation adolescente.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 545-561.

Odile Falque : michèle et la confirmation

La Confirmation forme avec la Baptême et l’Eucharistie un des trois sacrements de l’initiation chrétienne pour la religion catholique. À travers le cheminement d’une adolescente en psychothérapie, la notion du rite est remise en question dans son articulation avec le processus d’adolescence. D’une part, la Confirmation exerce une fonction symbolique par la référence à l’Esprit Saint avec des gestes et des paroles qui inscrivent le sujet adolescent dans une communauté. Elle marque une évolution dans la foi. Elle permet une certaine appropriation de la subjectivation adolescente dans les questionnements autour de l’identité, du paradoxe mort-vie. Elle favorise la filiation par la différence des générations, elle apporte un étayage par les représentants qui transmettent un héritage, elle propose de nouvelles responsabilités. D’autre part, elle ne prend pas en compte les transformations de la puberté comme intégration du corps sexué dans la différence des sexes et elle semble rester dans le registre de l’idéalisation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 529-544.