Archives par mot-clé : Pubertaire

Olivier Douville : attaques contre le corps ou retour au geste

 

Une clinique de l’automutilation à l’adolescence est possible à la condition de situer l’adolescent comme étant dans une crise phénoménale entre deux corps. Non seulement le corps enfantin et le corps adulte, mais surtout entre le corps des pulsions partielles et le corps phallicisé. La scène des origines du corps humain est psychiquement retrouvée, recréée à ce moment-là. L’auteur fait le pari que la lecture des échanges entre Caillois et Bataille permet d’entrevoir ce qu’est la tension adolescente dans sa subjectivation du corporel.

Philippe Gutton : le virtuel et ses conduites

 

Le Virtuel pubertaire (avec un grand “ V ”) serait formulation du réel lacanien, lors de la métamorphose pubertaire. Les conduites virtuelles des adolescents l’éviteraient avec quelques risques en visant néanmoins cette aspiration profonde. Distractions, elles reflètent une aliénation par l’image et ses techniques dont serait néanmoins attendu un travail de subjectivation. Le faux pourrait avoir de l’avantage dans la quête du vrai.

Serge Lesourd : « père, je ne veux pas que tu brûles ! »

Le soutien au père œdipien apparaît dans la clinique actuelle de l’adulte et de l’adolescent une donnée fortement présente. L’auteur analyse ce rapport au père comme un refus du passage pubertaire qui nécessite de faire déchoir le père, pour mieux pouvoir ensuite s’en servir dans ses rapports adultes à la jouissance et au plaisir. Le lien social actuel qui fait du père et de son déclin le centre de la « transformation » du monde construit ainsi une impasse pour le sujet dans son passage à l’âge adulte.

Isée Bernateau : un contre-transfert amoureux

Un adolescent suivi en hôpital de jour fait preuve d’un comportement transitoire provoquant chez certaines femmes qui s’occupent de lui une hystérisation du contre-transfert. Ce comportement est en lien avec la problématique traumatique sexuelle présente dans sa famille. Il lui permet de remobiliser une pulsionnalité vécue comme menaçante pour son intégrité psychique, et d’intérioriser les composantes féminines de cette pulsionnalité.

Philippe Gutton : la trace pubertaire

L’expérience pubertaire est installée a une place centrale dans la cure d’adulte. Elle constitue la trace à partir de laquelle le rêve et le travail psychique adolescens se développent. Lui affirmer-confirmer une valeur innovante pour la retrouvaille de la sexualité infantile inspire les images oniriques et dans la foulée la subjectivation adolescente. Ce point de vue justifie les interventions visant à déconstruire les théories infantiles phalliques dont le caractère rigide est susceptible d’empêcher, d’étouffer le pubertaire.

Pierrick Brient : le désaveu du féminin chez l’abbé de choisy

L’adolescence est un temps privilégié de révélation de l’aménagement pervers. Nous proposons de l’illustrer à partir des « Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme » (1687-1695), que J. Lacan invitait à lire. Articulée à l’imaginaire maternel, la pratique travestiste de Choisy témoigne d’un démenti de la castration et de l’identification du sujet au phallus. De par le maintien d’une phallicisation du pénis, où le fétiche domine, la nouveauté pubertaire se trouve désavouée et le Féminin non figuré. Seule une stratégie fétichiste a pu répondre pour lui au décès de la mère.

Houari Maïdi : le corps du problème

Corps du destin et destin du corps sont des problématiques importantes à l’adolescence qui met en lumière le « destin » de l’héritage absolu, fondamental et unique légué par les parents. En ce sens, il existe selon nous, un après-coup intergénérationnel du traumatique que l’on définit par l’excès du « trop » comme par celui du « pas assez ». De la sorte, le « mauvais » est implanté dans la vie psychique de l’enfant qui à l’adolescence se sent encombré par l’histoire « corporelle » de ses parents. Aussi, au-delà des assauts pulsionnels de l’adolescence, le corps à cet âge du développement révèle comme un « défaut d’origine ». C’est pourquoi le jeune sujet n’arrive pas à se défaire du « problème du corps » qui met en jeu la séduction et la sexualité, du « problème » finalement du corps.

Anna Cognet : un adolescent d’autrefois

François Mauriac évoque, sur la fin de sa vie, une conviction délirante qui l’a brièvement assailli quand il avait une dizaine d’années : son père, décédé quand lui-même n’avait que vingt mois, serait, en réalité, toujours en vie. En nous appuyant sur des éléments de la vie de l’auteur, et tout particulièrement son rapport intime à la foi chrétienne, nous proposons l’hypothèse que la puberté a été pour le jeune garçon le moment d’une grande effraction psychique, susceptible de provoquer des mouvements régressifs, sans entraîner pour autant l’établissement d’une structure psychotique ; ce passage quasi-pathologique serait peut-être même une tentative de pallier l’absence du père par sa création hallucinée.

Jean-Yves Chagnon : féminité entre latence et adolescence

 

Le remaniement des identifications chez la jeune fille dans le passage de la fin de l’enfance à l’adolescence est illustré à partir des données d’une recherche sur les préadolescents et leur devenir, recherche effectuée à partir d’entretiens et de la méthodologie projective. Alors que les jeunes filles prépubères et pubères ont en moyenne le même âge, des différences radicales s’observent en ce qui concerne la mutation d’une féminité d’enveloppe vers une féminité orificielle selon qu’elles sont réglées ou non, illustrant ainsi la validité des hypothèses sur le pubertaire proposées par Ph. Gutton. Parallèlement des mouvements psychiques de séparation vis-a-vis des images parentales se dessinent, tremplin pour la subjectivation.

Courty Brice : du poil sous les roses

Du poil sous les roses dilate sur la longueur d’un film le moment de l’émergence pubertaire chez un garçon et chez une fille, du vacillement identitaire et désirant initial, en passant par la labilité des défenses psychiques qu’ils peuvent ensuite mettre en place jusqu’à la résolution de l’inquiétante étrangeté. Leur trajectoire les mènera l’un vers l’autre au terme du périple de la sexuation, c’est-à-dire de l’affiliation à un sexe, mais aussi de la reconnaissance du désir de l’Autre, hors de l’environnement familial. Dans cette transition, la langue de l’enfance est infiltrée par celle de l’adulte, la confusion cède la place à un impérieux travail de traduction. Le regard doit s’armer d’écrans (caméra, microscope) pour filtrer le désir dans le monde, l’autre et soi.