Archives par mot-clé : Hallucinatoire

Estelle Louët : troubles sur la réalité

À partir de la psychothérapie d’un adolescent de quinze ans, l’auteure propose une réflexion théorique et clinique sur la fonction de l’hallucinatoire et ses destins. Lorsque le Moi n’éprouve plus l’image hallucinatoire comme fausse, celle-ci se dote d’un pouvoir de réalisation brouillant les limites de la perception. Quand l’hallucinatoire n’est plus potentialité créatrice mais projection persécutrice, de quelles forces le transfert se charge-t-il ?

Adolescence, 2020, 38, 2, 357-368.

Anna Cognet : un adolescent d’autrefois

François Mauriac évoque, sur la fin de sa vie, une conviction délirante qui l’a brièvement assailli quand il avait une dizaine d’années : son père, décédé quand lui-même n’avait que vingt mois, serait, en réalité, toujours en vie. En nous appuyant sur des éléments de la vie de l’auteur, et tout particulièrement son rapport intime à la foi chrétienne, nous proposons l’hypothèse que la puberté a été pour le jeune garçon le moment d’une grande effraction psychique, susceptible de provoquer des mouvements régressifs, sans entraîner pour autant l’établissement d’une structure psychotique ; ce passage quasi-pathologique serait peut-être même une tentative de pallier l’absence du père par sa création hallucinée.

Guy Lavallé : l’espoir et l’idéal

L’idéalisation est appréhendée au sein des trois composantes de l’amour humain « excitation, idéalisation, tendresse ». Cette contextualisation permet de mieux comprendre les enjeux complexes et contradictoires de l’idéal.

L’espoir lui aussi est lié à l’amour. Descriptivement, l’espoir place dans le futur l’objet de l’amour et de la satisfaction primaire, perdu à jamais dans le passé. Dans le mouvement en avant, progrédient, il semble possible de le retrouver en un point de fuite qui s’éloigne sans cesse et ne sera jamais atteint.

Si on suit Freud, l’espoir c’est « l’espoir des retrouvailles hallucinatoires avec l’objet perdu de la satisfaction ». À partir de Freud, l’auteur propose une phénoménologie et une métapsychologie de l’Espoir, qui engage une théorie de l’hallucinatoire, le haussant au niveau d’un concept.

Un exemple clinique articule l’idéal et l’espoir : l’espoir naît de la diminution d’une idéalisation idolâtre. La disparition de l’espoir d’aimer et d’être aimé engage le désespoir et finalement la mort.

Adolescence, 2014, 32, 1, 151-164.

Ignacio Melo : notes sur l’hallucinatoire

Le devenir des troubles psychotiques pubertaires dépend de l’utilisation que l’adolescent et l’environnement thérapeutique vont faire de leur hallucinatoire. Lorsque celui-ci est déployé et travaillé dans la relation analytique, la partie narcissique des identifications primaires reste préservée et il ne devient plus indispensable d’opérer un désinvestissement de l’Inconscient comme Freud le postule dans le cas du président Schreber et dans la schizophrénie. L’hallucinatoire devient alors un outil précieux pour la sauvegarde et l’élaboration de désirs, dont la mise en mots permettra d’alléger l’économie du fonctionnement psychique de l’adolescent. Deux exemples cliniques illustrent ce propos.

Guy Lavallée: pas le temps! Notes sur les contenants du temps

L’article décrit un adolescent qui a été un enfant autiste, aux prises avec l’angoisse du temps, dans un travail de « médiation symbolisante » avec la vidéo, en hôpital de jour. L’auteur met en évidence l’ensemble des conditions cliniques qui permettent à cet adolescent de sortir d’un état de chaos et d’excitation psychotique atemporel. L’analyse de l’impact psychique du dispositif technique vidéo permet de comprendre que l’investissement en emprise fixe et contrôle le temps, tandis que l’hallucinatoire le réactualise et le suspend pour un bref moment d’éternité. En constituant une position thérapeutique spécifique contenante, l’auteur permet à cet adolescent d’orienter et de freiner la flèche pulsionnelle du temps, puis, de créer un minimum vital de continuum temporel. Une ultime séquence clinique décrit le passage d’un état d’angoisse de précipitation panique, dans le temps de la séparation, à la possibilité de penser sereinement le temps des retrouvailles.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 310-336.

De l’ensemble de ces observations, l’auteur dégage quelques jalons pour une théorie psychanalytique des contenants du temps de la pensée.