Archives par mot-clé : Contre-transfert

Jean-Bernard Chapelier : Freud et l’homme aux loups : une scène pubertaire en commun

Le cas de « l’Homme au loups », jeune homme qui a présenté de graves difficultés à l’adolescence est ici revisité à partir du concept de scène pubertaire. En effet à y regarder de près cette scène primitive exhumée par Freud est en fait une scène pubertaire co-construite par Freud et son patient. C’est à partir de cette hypothèse qu’il est possible d’expliquer l’échec de la cure psychanalytique qui laissera l’Homme aux loups face à un breakdown non surmonté. Cette analyse cherche à montrer les effets possibles du pubertaire non analysé de l’analyste sur son patient.

Chantal Giddey, Sandra Lopez : se prendre au jeu, se prendre au corps

Nous mettons en travail quelques réflexions autour du corps des co-thérapeutes dans un psychodrame psychanalytique individuel pour adolescents. Nous tentons de montrer comment l’éprouvé corporel du co-thérapeute donne naissance à des représentations psychiques qui peuvent être au service du jeu psychodramatique. Nous nous interrogeons également sur les difficultés d’un processus de soins qui implique l’engagement du corps tout entier. Nous discutons enfin des indications thérapeutiques à une telle prise en charge et les pièges de la séduction face à des adolescents souvent exposés au risque de débordement de leur pulsionnalité.

Cazenave Marie-Thérèse : “ attaques violentes contre les liens ” et contre-transfert

Tenter de construire une relation au sein “ de familles en rupture de liens ” engage le thérapeute à maintenir envers et contre tout une souplesse du contre-transfert afin d’essayer de déjouer les pièges de la répétition. Dans la confusion des projections, le contre-transfert assure chez l’analyste la stabilité de son identité, en dépit des variations parfois brutales auxquelles il est soumis. En donnant du sens à ce qu’il éprouve, il évite les passages à l’acte qui le mettraient hors jeu, évalue la réalité du danger immédiat. Évitant ainsi l’intervention dans l’urgence, il permet que s’amorce une transformation.

Férodja Hocini : identification, amitié et transfert

L’auteur propose d’étudier les liens entre amitié et processus d’identification au moment de l’enfance et de l’adolescence. À travers un fragment de la psychothérapie d’une adolescente, est rapportée l’histoire d’amitié peu commune entre deux amies d’enfance, deux âmes sœurs que seule la mort pouvait séparer. L’analyse des mouvements transféro-contre-transférentiels permet d’une part de dégager le thérapeute d’une position idéalisée par la patiente et surtout de transformer la relation thérapeutique qui risquait de se perdre dans une unité confuse.

Dominique J. Arnoux : Les heurs de sophie

Un épisode de la vie de S. Freud, les fiançailles de sa fille Sophie avec Max, exemplifie la convocation des affects contre-transférentiels concernant l’identité et la perlaboration qui s’ensuit chez l’adulte quand les enfants acquièrent et affichent une possible sexualité génitale et éprouvent des sentiments amoureux.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 249-254.

François Pommier : Sida et fantasme d’immortalité

Les stratégies défensives des maladies du sida vis-à-vis de la finitude rappellent fortement celles qui se constituent pendant la période de l’adolescence. Il est question d’un moi blessé et attaqué par des forces de dé-liaison, d’idéaux infantiles qui tentent de se désagréger. La résurgence du fantasme d’immortalité qui survient et se développe lors de la révolution pubertaire permet l’effacement ou la méconnaissance de la blessure. À travers l’extrait d’une cure avec un patient sidéen, nous tentons de monter comment peut émerger ce fantasme et aussi dans quelle mesure le psychanalyste, en regard de l’idée d’une mort annoncée, peut se trouver délogé de sa position de neutralité et mis face à sa propre conviction d’immortalité.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 167-174.

Stefano Bolognini : le bar dans le désert, symétrie et asymétrie dans le traitement d’adolescents difficiles

L’auteur considère que les moments alternés spécifiques de la relation symétrique-asymétrique facilitent le travail analytique et permettent des interprétations avec un analysant qui d’habitude a peur de la dépendance, qui est hostile envers les représentants du surmoi, et qui a besoin d’une contenance non-déclarée et d’une contribution à la cohérence du soi, comme le patient adolescent.

Le récit clinique illustre cette manière spécifique de travailler, très différente de celle adoptée dans l’analyse des patients adultes.

Par exemple, l’analyste doit pouvoir renoncer provisoirement, parfois pendant longtemps, à des interprétations trop brillantes et trop fréquentes qui pourraient souligner la supériorité de l’adulte, difficilement tolérée par l’adolescent.

Marie-Hélène Séguin : De l’objet absent

L’escalade du passage à l’acte autodestructeur survenant à l’adolescence est ici envisagée comme la répétition compulsive d’un trauma ou de micro traumas répétés, survenu(s) durant la petite enfance et qui a (ont) trait à l’absence de l’autre et au sentiment de vide qui en résulte. Les différentes fonctions que peut avoir cette compulsion de répétition sont examinées, notamment en lien avec la quête identitaire à l’adolescence. Finalement, l’auteur aborde la question du travail mental qui est attendu du clinicien dans le travail avec les adolescents chez qui ces enjeux sont présents, particulièrement lorsque la parole ne peut pas être utilisée à des fins de communication intersubjective.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 991-1001.

Christian Mille, Daniel Sibertin-Blanc : De « l’adolescent inconsommable » à « l’adolescence inconsommable »

Un tel titre, pour le moins énigmatique, impose le recours au dictionnaire pour en dégager quelques significations potentielles. En s’appuyant sur les différentes définitions proposées, quelques axes de réflexion se dégagent pour les praticiens qui essaient parfois vainement d’attirer et de fidéliser les adolescents dans leurs « fonds de commerce ». Il existe bien une expression clinique de « l’adolescent inconsommable », tout du moins jugé comme tel par ses proches et qui se soustrait pareillement à toute forme d’appétence psychothérapique à son égard. La fantasmatique du sujet/objet consommable qui sous-tend cette stratégie d’évitement mérite d’être explorée. Dans les situations les plus préoccupantes, elle vient trahir une adolescence inconsommable par refus du corps sexué ou du devenir adulte. La question ultime étant celle du dispositif psychothérapique tolérable pour un adolescent sur ce registre.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 861-876.