Archives par mot-clé : Homosexualité

Catherine Chabert : un tourment

L’auteur propose une réflexion théorique et clinique sur l’homosexualité à l’entrée dans l’âge adulte. À partir de la psychothérapie d’une jeune femme de vingt ans, sont explorés les destins du transfert homosexuel et de sa latéralisation en termes de choix d’objet et d’identification. Entre le complexe d’Œdipe au féminin et l’élaboration d’un deuil de l’enfance, les enjeux narcissiques et sexuels du masochisme et de la mélancolie se déploient au sein d’un processus marqué par la violence pulsionnelle et son devenir.

Adolescence, 2020, 38, 2, 319-330.

Stéphanie Pechikoff, Alexandra Drézen : l’adolescence « queer » de Sidonie Csillag

Sidonie Csillag est la jeune patiente homosexuelle de Freud dont il publie le cas en 1920. La cure durera six mois à raison de cinq séances par semaine. Cependant, elle reste, y compris de l’avis de Freud lui-même, une cure marquée par l’impossibilité d’une rencontre avec l’adolescente. Nous proposons de réinterroger cette non-rencontre à la lumière de la théorie queer et des Gender Studies. Nous verrons à cette occasion en quoi la question du genre et celle du queerintéressent la psychanalyse, en particulier dans la prise en charge des adolescents.

Adolescence, 2019, 37, 1, 139-156.

François Richard : métapsychologie des bisexualités adolescentes

Cet article examine la façon dont les adolescents utilisent l’oscillation psychique entre masculinité et féminité pour élaborer un œdipe déformé. La bisexualité recouvre, en particulier à l’adolescence, une tendance régressive mortifère vers l’indifférenciation. Elle peut être utilement maniée dans une approche thérapeutique.

Adolescence, 2019, 37, 1, 13-21.

Patrick Alecian, Anne-Marie Royer : adèle, les métamorphoses selon abdellatif kechiche

La caméra d’Abdellatif Kechiche dévoile le corps sous l’emprise de la pulsion et la métamorphose de Psyché. À travers le parcours de la jeune Adèle, de son adolescence jusqu’à sa vie d’adulte, le film pose la question de la sexualité adolescente, du choix d’objet d’amour, de la féminité et de l’homosexualité.

Adolescence, 2015, 33, 1, 195-206.

Anne-Valérie Mazoyer : variations de la passion chez les adolescentes

Celle qui subit l’épreuve de la passion veut croire à l’affirmation de son identité féminine, pour autant qu’il ne s’agisse pas d’une récréation, c’est-à-dire d’une échappatoire. Les effets de la passion motivent nombre d’appels au clinicien, non pas pour y remédier (la calmer ni la raviver, la condamner ni la cautionner) mais pour que son dispositif et son éthique permettent au sujet-femme d’accéder à une identité féminine, qui ne se confonde pas avec du maternel.

Adolescence, 2015, 33, 1, 61-73.

Jean Bergeret : “ homosexualité ” ou “ homoérotisme ” à l’adolescence

l’adolescenceLa notion d’“ homoérotisme ” à l’adolescence correspond depuis Ferenczi au passage par une étape intermédiaire, narcissique encore, et visant un objet représenté idéalement de façon spéculaire et attractive. Cette étape assure l’intégration des satisfactions libidinales autoérotiques du passé lointain et de l’ensemble des fixations narcissiques plus tardives (seconde enfance et latence) au sein du courant libidinal, vraiment sexuel maintenant, et vraiment objectal, qui devrait organiser alors, et de façon idéalement complète et définitive, le primat organisationnel de la personnalité adulte.

On peut donc considérer que n’auraient droit à un statut de vraiment “ homosexuels ” que les sujets ayant bénéficié (à un moment plus avancé de leur évolution affective, donc après l’adolescence) de la possibilité d’atteindre un niveau d’élaboration et d’organisation globale de la personnalité toutes deux établies sous le primat du génital mais qui, par suite de crises affectives ultérieures sévères, auraient subi de sérieuses régressions fonctionnelles, les ramenant sur un mode autrefois dépassé de relation narcissique qui visait alors des représentations de semblables en miroir.

L’auteur s’arrête ensuite à trois variétés distinctes d’homoérotisme : de nature fonctionnelle transitoire, engagée dans la pathologie narcissique, enfin s’affirmant sur le versant psychotique.

Marie-Christine Aubray : Sabine

Les mouvements passionnels de transfert sont illustrés par la présentation d’une cure d’une adolescente atteinte d’un spina-bifida.

Haine du corps devenu pubère, crainte de ne pas se sentir aimée, identifications secondaires mises à mal viennent se télescoper dans un transfert passionnel à l’image d’une féminité aspirée par l’homosexualité, entre rejet et idéalisation.

 

Philippe Gutton : Processus homosexuels de puberté

Après avoir étudié la découverte de l’homosexualité de Mishima dans La confession d’un masque, l’auteur rappelle le développement de la sexualité humaine en ses deux temps. Il distingue ensuite à la puberté les homosexualités engagées dans la clinique du breakdown et les homosexualités ordinaires (ou névrotiques) qui retiennent surtout son propos. Il y interroge la théorie de l’éprouvé de la complémentarité des sexes et travaille la notion de contingence de l’objet partiel et total. Le choix génital serait moins affaire d’érotique que d’emprise. La souplesse des transactions pubertaires intrique homo et hétérosexualité de telle sorte que l’auteur se demande si ce qui règle le choix ultérieur n’est pas sa capacité d’intégrer (ou mieux ou plus mal) les investissements sadoso-masochistes. La théorie s’explicite par des exemples cliniques. Elle tient compte de l’évolution actuelle des idées concernant les minorités sexuelles.

Michel Fize : l’homosexualité chez les “ 11–15 ” ans

Partiellement libérée dans le discours adulte, l’homosexualité continue d’être stigmatisée dans l’univers des jeunes mâles, dans la mesure même où elle renvoie à cette part de féminité insupportable à l’âge de la virilité. C’est dire combien la découverte d’une telle orientation sexuelle chez un adolescent de 11–15 ans demeure une épreuve à surmonter.

François Pommier : de la passion parentale à l’homosexualité naissante

Les situations cliniques comparées de deux hommes ayant présenté des relations de type homosexuel à l’adolescence conduit à appréhender l’homosexualité naissante en rapport avec le désarroi de l’adolescent confronté au langage de la passion parentale. Il résulte de cette étude que si le passage à l’acte homosexuel à l’adolescence consiste à chercher un autre soi-même en miroir à l’extérieur de soi, c’est essentiellement en fonction de l’image des parents confondus en un seul qu’il se constitue. La relation homosexuelle à l’adolescence ne se construit peut-être pas tant en suivant un processus de similarité qu’en s’organisant autour d’une confrontation à l’autre, différent de soi et essentiellement énigmatique.