Archives par mot-clé : Complexe d’Œdipe

Éric Jaïs : naviguer dans le pot au noir, entre refoulement et régression

L’image maritime du pot au noir proposée par D. W Winnicott pour décrire la période de l’adolescence illustre l’immobilisation de certains patients. La réactualisation du conflit œdipien, quand il n’a pas disparu, vient solliciter le Moi et mobiliser le narcissisme. Dans le Centre de soins pour adolescents qui les accueille, la psychothérapie institutionnelle associée au traitement groupal, tente de leur faire reprendre leur navigation.

Adolescence, 2023, 41, 1, 91-102.

Claude Monneret : pornographie et après-coup œdipien

M’appuyant sur la clinique de deux adolescents manifestant une crise œdipienne exacerbée en lien avec des perturbations précoces de la relation à l’objet primaire, le recours à la pornographie dans ses représentations et/ou dans sa pratique correspond à un processus défensif vis-à-vis de la menace traumatique de l’attirance incestueuse à l’égard de la mère et vis-à-vis de la relation génitale qui implique les enjeux de la relation à l’autre. Cette sexualité régressive et défensive concerne beaucoup d’adolescents, à des degrés divers, au début de la crise d’adolescence.

Adolescence, 2019, 37, 1, 59-70.

François Richard : métapsychologie des bisexualités adolescentes

Cet article examine la façon dont les adolescents utilisent l’oscillation psychique entre masculinité et féminité pour élaborer un œdipe déformé. La bisexualité recouvre, en particulier à l’adolescence, une tendance régressive mortifère vers l’indifférenciation. Elle peut être utilement maniée dans une approche thérapeutique.

Adolescence, 2019, 37, 1, 13-21.

Pascal Mettens : l’infans ne serait-il plus ce qu’il était ? Une approche étymologique

En procédant à une analyse étymologique du terme infans issu de la pensée lacanienne, l’auteur montre en quoi la question de l’accession au langage, mise à l’avant-plan des préoccupations structuralistes, occulte celle de l’émergence au symbolique, entendu dans une perspective anthropologique plus large. Ainsi resituée, la résolution du complexe d’Œdipe n’apparaît chez l’enfant que comme le renoncement à une mauvaise fortune (cens) et la soumission à un règlement auxquels il ne peut qu’objecter parce qu’ils le privent de sa liberté ; par contre, l’Œdipe ne prendra socialement sens qu’après-coup à l’adolescence, dans une reviviscence qui ne sera pas abordée ici.

Sophie De Mijolla-Mellor : le séducteur comme passeur

Dans le jeu entre les sexes et les générations, le séducteur est avant tout un “ passeur ” qui va permettre à l’adolescente qui s’embarque avec lui de retrouver à la fois les multiples harmoniques de sa sexualité infantile polymorphe et un rêve incestueux. Ce passage est une retraversée du temps et d’une évolution socialement réglée vers un statut de femme et de mère ; il va en faire à nouveau une petite fille. Passage aussi au sens d’une transgression fantasmatique qui n’est possible que si celle-ci n’a pas eu lieu antérieurement dans la réalité. Car l’inceste n’est pas l’Œdipe mais son écrasement dans un télescopage entre le rêve et le réel.

Mareike Wolf-Fédida : de la nymphe au complexe de la nymphette

En se servant des discussions, des inédits et des textes publiés, l’article montre que la référence à la nymphe chez P. Fédida, à l’exemple du texte de Nabokov sur Lolita, faisait partie d’une construction théorique importante relative à la représentation temporelle dans le complexe d’Œdipe. Celui-ci peut se concevoir des points de vue du vieillissement ou du rajeunissement. Ce débat est retracé ici, tout en expliquant l’arrière-plan de la recherche. P. Fédida a construit un complexe de la nymphette qui a une valeur diagnostique. C’est une idée intéressante dans la théorie psychanalytique qui renoue avec des travaux de Freud et de J. Lacan sur la signification de la jeune fille dans la vie psychique et plus particulièrement dans la psychologie masculine. La jeune fille reçoit un surinvestissement phallique en raison du complexe de castration qu’elle suscite. L’existence de la nymphette renvoie à ce complexe de castration, inspirant l’horreur de la femme mûre, et elle permet en même temps de le surmonter en introduisant cette figure d’une fille qui joue de sa prématurité. Toutefois, on ne peut pas fixer aisément l’âge ni de la nymphette ni de son destinataire. Les exemples cliniques autorisent une relative élasticité dans l’attribution de l’âge réel. Le complexe de la nymphette repose donc sur une situation paradoxale.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 323-337.

Anna Maria Nicolò : tous les chemins mènent à rome

L’auteur parle de l’intervention de Catherine Chabert qui montre comment des approches théoriques et techniques différentes peuvent aboutir à des résultats analogues. L’auteur propose une interprétation du matériel clinique apporté par C. Chabert qui prendrait en compte les besoins primaires et pré-œdipiens, mettant l’accent sur les problèmes liés aux investissements homosexuels et au besoin primitif d’être vu et contenu par la mère.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 81-89.

Catherine Chabert : le complexe d’œdipe existe-t-il encore ?

L’auteur fait le constat que dans l’œuvre de Freud le complexe d’Œdipe est omniprésent mais rarement théorisé comme tel ; elle pose la question de savoir si le complexe d’Œdipe est caractéristique des névroses ou s’il existe aussi dans les fonctionnements narcissiques et limites. L’histoire de la cure d’une adolescente montre que la dépendance, et la prégnance de la relation narcissique à la mère, peut recouvrir une relation paradoxale mais néanmoins forte au père. Revenant aux textes freudiens (Les Trois Essais, Le Moi et le Ça), C. Chabert cherche alors les points de liaison entre Œdipe et angoisse de perte objectale, plus encore, une consubstantialité de la perte et du sexuel, idée centrale de Deuil et mélancolie.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 65-79.