Archives par mot-clé : Homosexualité

Jean-Bernard Chapelier : homosexualité, homophilie et fantasme d’auto-engendrement

Le fantasme d’auto-engendrement (qui vient rendre compte et donner un sens à l’apparition de la sexualité génitale mature) aide à abandonner l’investissement libidinal (sexualisé) familial de type œdipien (trans-générationnel) au profit d’un investissement sexuel de type homo-générationnel. Ce processus de passage de la famille au groupe social (de pairs) est complexe et fait appel à des fantasmes variés sous la forme de scènes (pubertaire, pédophilique, sado-masochiste…) qui renvoient aux groupes internes. Le fantasme d’auto-engendrement dénie, en même temps, la castration, la scène primitive, la différence des sexes, mais il développe transitoirement ce que nous appelons l’homophilie. Dans ce contexte, l’homosexualité pourrait être pensée comme un avatar de cette homophilie mal surmontée. Pour défendre cette position il est fait référence tant à la clinique (individuelle et de groupe) qu’aux pratiques initiatiques.

Marie-José Del Volgo et Roland Gori : l’éclosion d’une passion homosexuelle et l’échec de son refoulement

Monsieur V. est hospitalisé en psychiatrie et nous l’avons rencontré dans le cadre d’une consultation ouverte dans le service pour accueillir les plaintes corporelles quel qu’en soit le diagnostic. L’événement bouleversant de la vie de Monsieur V., dont le prénom signifie Lavie en français, se déduit de la dévitalisation de dents saines opérée par un dentiste. Dans l’après-coup de cet événement bouleversant, une rencontre fatale avec un homme l’année même où Monsieur V. accède à la paternité d’un fils, ses dires nous mettent sur la voie de ce qui a pu provoquer le conflit psychique et faire échec au refoulement d’une homosexualité irreprésentable pour le sujet tout autant qu’impossible à assumer. Sa passion homosexuelle, méconnue et refoulée, l’a conduit à une déchéance physique et psychique et à des plaintes sinistrosiques constituant un point d’impasse dans une vie sans problèmes jusque-là. Dans la mise en scène de sa parole, ces événements de la rencontre prennent un sens tel qu’ils viennent, en quelque sorte, lui donner de ses nouvelles quant à l’homosexualité évoquée par des paroles paternelles et l’échec de son refoulement.

Claude Savinaud : avoir un père

Un des aspects de l’homosexualité d’adolescence se vectorise sur l’axe de la relation au père grandiose. Cette représentation aliénante fige le sujet dans une soumission masochiste conduisant à un auto-érotisme infantile. La nouveauté de l’accession à la puberté s’en trouve déjouée dans ses attendus œdipiens : évitement de la castration, rabattement de la figure symbolique du père dans les jeux de séduction phallique de l’Œdipe négatif. Nous faisons l’hypothèse d’un investissement pulsionnel d’un “ père maternel ” soignant la détresse de l’adolescent, délaissé par la mère, en le séduisant.

Colette Chiland : transsexualisme et homosexualité à la puberté

L’auteur traite de la question des relations entre l’homosexualité et les troubles de l’identité sexuée au moment du tournant que marque la puberté. L’homosexualité ne comporte pas, dans la grande majorité des cas un refus du sexe d’assignation. Le refus du sexe d’assignation s’accompagne souvent d’un attrait pour les personnes du même sexe biologique, mais que le sujet ne considère pas comme homosexuel : cet attrait est la conséquence de son “ vrai sexe ” opposé à son sexe biologique. La pratique sexuelle des transsexuels féminin vers masculin est différente de celles des homosexuelles ; celle des transsexuels masculin vers féminin est différente de celle des homosexuels passifs.

À la puberté, le refus du sexe d’assignation s’accroît ou se révèle ; c’est aussi à la puberté que l’homosexualité prend une forme plus concrète ou apparaît, bien qu’il y ait dans les deux cas des “ vocations tardives ”.

L’étiologie du transsexualisme comme celle de l’homosexualité est incertaine. il ne faut pas se précipiter pour étiqueter homosexuel un adolescent qui a des expériences homosexuelles et pour opérer un adolescent qui en exprime le désir.

 

Odile Falque : de l’enfer

L’enfer est le lieu du remords se cachant sous le masque de la culpabilité. Il stigmatise “ l’angoisse d’éternité ”, plainte du patient Judas plongé dans l’irreprésentable et la fixité du temps. Sa position psychique est celle d’une identification féminine homosexuelle par rapport à une mère archaïque, retour du mort. L’enfer éternel est figé dans l’emprise de figurations religieuses originaires reliées aux imagos parentales dans la culture religieuse.

 

Yvon Brès : isolé et amplifié

À la “ libération sexuelle ” des années soixante succèdent, de nos jours, des phénomènes sociaux équivoques : propagande pour l’homosexualité, traque de la pédophilie, hantise du harcèlement sexuel. En fait, à la libération s’est parfois substitué un militantisme ignorant du véritable sens de la “ théorie sexuelle ” de Freud, et en particulier d’une idée émise par lui dès 1895, à savoir que certains symptômes névrotiques résultent de l’“ isolation ” et de l’“ exagération ” des éléments constitutifs de l’acte sexuel “ normal ”.

Jean-Marie Firdion : le risque de suicide chez les jeunes à orientation sexuelle non conventionnelle

En faisant la synthèse d’un rapport récent, l’auteur présente l’hypothèse d’un lien entre tentative de suicide ou suicide chez les jeunes et une orientation homosexuelle ou bisexuelle. Les résultats concordants des travaux épidémiologiques nord-américains de ces dernières années montrent que l’homosexualité, en soi, ne constitue pas une cause directe de ces comportements suicidaires, mais qu’une orientation homosexuelle ou bisexuelle accroît, d’une manière significative, la probabilité de réaliser de telles conduites. Le phénomène serait en rapport avec l’homophobie et l’hétérosexisme toujours présents dans nos sociétés. Ces conclusions ne sont pas sans conséquence importante sur les politiques et programmes de prévention du suicide chez les jeunes. Il paraît donc nécessaire de conduire de telles études spécifiques en France.

 

Sophie Turcat : Almodovar : à la recherche d’un pénis phallique

 

Alors que l’homosexualité fraternelle reste un des derniers sujets tabous de la littérature clinique, l’œuvre d’Almodovar semble être une bonne illustration. Entre homoérotisme, autoérotisme, attirance incestueuse et double fraternel, le réalisateur essaie artistiquement de résoudre sa propre problématique, tout en aidant ses personnages masculins à conquérir un pénis phallique que les femmes savent si bien s’approprier dans son univers. L’analyse de Parle avec elle, permet d’appréhender les fantasmes de Almodovar. En soulevant son voile pudique nous pouvons peut-être mieux comprendre son témoignage sur un sujet qui ne laisse trop souvent la place qu’au silence.

Sophie Turcat : la mauvaise éducation du père

Selon le prolongement de l’analyse effectuée précédemment sur Parle avec elle, P. Almodovar a poussé plus loin l’expression de ses fantasmes fraternels et offre pour la première fois avec La mauvaise éducation des éléments concrets et autobiographiques de leur naissance. Il donne une place enfin toute-puissante aux personnages phalliques masculins et parvient à éliminer les féminins presque totalement.

Houari Maïdi : le beau, le laid, le genre

Narcissique, homoérotique, voire “ féminin ”, l’adolescent est passionnellement attiré par le beau, par la beauté de l’image du corps et tout ce qui entraîne la perception d’une représentation corporelle idéale, c’est-à-dire une image fantasmée, convoité et désirée de soi-même. Toutefois, si l’homoérotisme est inhérent au narcissisme pulsionnel pubertaire, nous faisons l’hypothèse qu’une des formes étiologiques de l’homosexualité, comme genre et comme inclination “ structurée ” de la vie sexuelle, serait liée à l’infantile archaïque et trouverait notamment son essence dans la rencontre esthétique fondamentale de la prime enfance.