Archives par mot-clé : Homoérotisme

Delphine Bonnichon : décrocher…son entrée dans l’adolescence

Nous interrogeons le décrochage scolaire à l’entrée dans l’adolescence au regard du processus pubertaire qui s’engage, à la croisée des chemins entre noyau dépressif et relecture « inédite » des fantasmes fondateurs. La co-construction sujet-environnement y apparaît centrale, tant la dimension du lien y est convoquée, ne serait-ce que dans sa mise à mal. Une vignette éclaire notre propos et explore l’hypothèse que ce qui fait accroc dans l’entrée dans l’adolescence a trait à l’homo-érotisme reconvoqué et à remanier.

Adolescence, 2021, 39, 2, 379-390.

Christian Seulin: modifications of the phallic symbol in adolescence

The adolescent subject is confronted with the integration of his genital sexual identity and his future adulthood among other adults. These changes do not occur without reorganization of the phallic symbol, sign of narcissistic completness with the corporal supports referring to the total body and the penis. At the same time as the evolution of the phallic symbol, a revision of the ideals which are associated with it, are being reworked. The difficulties encountered are accompanied by defensive movements, homoerotic in particular, liable to be fixated. The models of identification offered to the young subject by adults have an important influence on his future.

Jean Bergeret : “ homosexualité ” ou “ homoérotisme ” à l’adolescence

l’adolescenceLa notion d’“ homoérotisme ” à l’adolescence correspond depuis Ferenczi au passage par une étape intermédiaire, narcissique encore, et visant un objet représenté idéalement de façon spéculaire et attractive. Cette étape assure l’intégration des satisfactions libidinales autoérotiques du passé lointain et de l’ensemble des fixations narcissiques plus tardives (seconde enfance et latence) au sein du courant libidinal, vraiment sexuel maintenant, et vraiment objectal, qui devrait organiser alors, et de façon idéalement complète et définitive, le primat organisationnel de la personnalité adulte.

On peut donc considérer que n’auraient droit à un statut de vraiment “ homosexuels ” que les sujets ayant bénéficié (à un moment plus avancé de leur évolution affective, donc après l’adolescence) de la possibilité d’atteindre un niveau d’élaboration et d’organisation globale de la personnalité toutes deux établies sous le primat du génital mais qui, par suite de crises affectives ultérieures sévères, auraient subi de sérieuses régressions fonctionnelles, les ramenant sur un mode autrefois dépassé de relation narcissique qui visait alors des représentations de semblables en miroir.

L’auteur s’arrête ensuite à trois variétés distinctes d’homoérotisme : de nature fonctionnelle transitoire, engagée dans la pathologie narcissique, enfin s’affirmant sur le versant psychotique.

Alix Bernard : choix d’objet homosexuel et appartenance à la communauté sourde

Plusieurs observations recueillies au cours d’une recherche menée sur le comportement sexuel des sourds face au sida mettent en avant la fréquence des partenaires entendants chez les homosexuels sourds. À travers l’analyse approfondie du discours d’un jeune homme homosexuel et sourd, nous verrons comment ce choix d’objet peut s’envisager comme une étape du travail adolescens et se comprendre comme une initiation homoérotique qui restaure une image spéculaire phallique.

 

Christian Seulin : remaniements du symbole phallique à l’adolescence

L’adolescence confronte le sujet à l’intégration de son identité sexuelle génitale et à son devenir d’adulte au milieu d’autres adultes. Ces changements ne vont pas sans conduire au remaniement de la symbolique phallique, signe de complétude narcissique dont les supports corporels se référent au corps total et au pénis. En même temps que l’évolution du symbole phallique, s’opère une révision des idéaux qui y sont associés. Les difficultés rencontrées s’accompagnent de mouvements défensifs, en particulier homoérotiques, susceptibles de se fixer. Les modèles d’identification proposés au jeune par les adultes influent de façon importante sur son devenir.

Sophie Turcat : Almodovar : à la recherche d’un pénis phallique

 

Alors que l’homosexualité fraternelle reste un des derniers sujets tabous de la littérature clinique, l’œuvre d’Almodovar semble être une bonne illustration. Entre homoérotisme, autoérotisme, attirance incestueuse et double fraternel, le réalisateur essaie artistiquement de résoudre sa propre problématique, tout en aidant ses personnages masculins à conquérir un pénis phallique que les femmes savent si bien s’approprier dans son univers. L’analyse de Parle avec elle, permet d’appréhender les fantasmes de Almodovar. En soulevant son voile pudique nous pouvons peut-être mieux comprendre son témoignage sur un sujet qui ne laisse trop souvent la place qu’au silence.