Tous les articles par Admin

Laetitia Petit, Jean-Jacques Rassial : les transferts et le début de la cure psychanalytique de l’adolescent

Le dispositif psychanalytique constitue une des possibilités d’indication thérapeutique, limitée par la prévalence du maniement du transfert, quand la crise d’adolescence est un moment ordinaire de labilité des manifestations pathologiques de révision des états de la structure. C’est pourquoi le principal critère d’indication n’est alors ni la spécificité des troubles manifestés, ni le diagnostic de structure. Les entretiens préliminaires sont alors fondamentaux pour évaluer cette indication qui sera décisive, mais qui reste néanmoins temporellement dépendante de l’engagement transférentiel de l’adolescent.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 79-86.

François Richard : l’adolescent a-t-il changé ? nous avons changé

Cet article envisage la spécificité des actuelles pathologies adolescentes (fonctionnements en processus primaires sans limites, externalisation des conflits intrapsychiques, recours à l’agir, à la violence et à l’excitation auto-calmante) du point de vue de la complexité de la Psyché, susceptible de combiner conflit pulsionnel œdipien et problématique de l’archaïque. Ce sont les modalités du travail analytique qui doivent être interrogées. Des hypothèses sur la rencontre intersubjective en séance, ainsi que sur un nécessaire dépassement de l’opposition narcissisme/relation d’objet, sont proposées en direction d’une pensée de l’altérité.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 67-78.

Marie-Christine Aubray : se laisser surprendre

L’analyste, confronté à des butées transféro-contre-transférentielles, au sein de cures avec des adolescents en grandes difficultés de subjectivation, peut être amené à aménager le cadre de la thérapie en recevant ponctuellement les parents avec leur adolescent. Dans cet espace pluri-dimensionnel, il s’ouvrirait à la possibilité d’être « surpris », transformé dans son fonctionnement psychique en vue d’une relance de sa fonction subjectalisante auprès de l’adolescent.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 63-66.

Ignacio Melo : le travail de composition dans les consultations avec des adolescents

Je décris dans cet article ma pratique de la consultation thérapeutique avec les adolescents, l’explicitant à travers quatre extraits d’entretiens, après une réflexion de certains auteurs qui m’ont aidé à la penser. Je parle des conditions qui président la communication avec mon patient, particulièrement l’identification narcissique. Le point central de ma technique est ce que j’appelle le travail de composition, ainsi défini : Le travail de composition est une mise en récit d’éléments divers, parfois inconscients, le plus souvent préconscients et manifestes. Il met en lien, aussi, les différents régimes de fonctionnement. Création de la séance, ses constituants viennent indistinctement de la présentation du patient ou de la pensée de l’analyste. Ce dernier prend en charge la narration sur un mode propositionnel, dit la souffrance autrement que de manière symptomatique et ne vise pas une vérité profonde. Sur un plan concret cela signifie qu’il doit être prêt à l’abandonner, si le patient la juge déplacée ou inutile. Son caractère explicatif est porteur de sens, mais n’est pas nécessairement une hypothèse causale et peut prendre la forme de la mise en scène d’un conflit, ou de la formulation d’un paradoxe. La composition est un récit qu’on peut réécrire à l’infini, si besoin. Elle est aussi une proposition d’un mode de fonctionnement : des expériences variées, source de douleur ou de joie, parfois contradictoires, voire paradoxales, peuvent se dire à travers une narration. Et l’analyste invite le patient à devenir lui-même compositeur, et, ce faisant, en éprouver un soulagement ou, même, du plaisir. Dans ce sens, la composition est un instrument de transformation. Je termine en précisant que ce travail doit conduire à une déconstruction des fonctionnements gênants, source de souffrance et empêchant le développement psychique.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 9-62.

Philippe Gutton : éloge funèbre du papier

Cette exclamation insérée dans ce troisième volume sur le virtuel concerne l’angoisse ou la tristesse que provoque, pour bien d’entre nous, la disparition du livre papier. Pour ceux qui comme moi aiment écrire ; pour ceux qui aiment lire sans investir un écran trop associé dans ma génération à la télévision aux programmes médiocres et publicitaires ; pour ceux qui se repèrent volontiers chaque soir ou matin à côté de certains livres élus, interrogés avec sécurité et curiosité ; pour ceux qui éditent à une époque où le papier, séquelle de l’arbre des forêts, est en Europe si cher ; pour ceux qui enseignent non seulement en université mais aussi dans les collèges et face à l’habile compétence de leurs cadets dans le domaine informatique se soumettent, irrités, à cette bascule pédagogique.

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 233-224.

Monique Bydlowski : une conquête du virtuel : la psychanalyse en Chine

Les premières lignes

Un article paru dans un récent numéro du New Yorker rapporte la récente diffusion de la psychanalyse en Chine.

Vu de loin, rien de plus normal : des millions de Chinois accèdent au confort des classes moyennes occidentales et aspirent à des soins psychiques modernes. Or la psychiatrie chinoise est peu présente. La maladie mentale a mauvaise réputation. Encore récemment, les troubles mentaux sont soignés par des médecins « herboristes » qui tentent de rééquilibrer les sept émotions fondamentales (bonheur, peur, colère, tristesse, amour, haine, désir), ou par des « sorciers » qui calment les esprits déchaînés des ancêtres. La psychopathologie clinique est inexistante, bien que Freud soit traduit en chinois depuis des décennies, à partir de l’anglais.

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 229-232.

Béatrice Mabilon-Bonfils : Les « pratiques numériques », entre écrit et sociabilité

Avec l’intensification et la complexification des communications utilisant les nouvelles technologies, émerge un nouvel espace public, dépassant la césure virtuel/réel, dans un entrelacement de dispositifs sociaux et de communautés partiellement virtuelles. L’être-ensemble des adolescents s’y exprime par une reconfiguration des différentes formes d’interaction, utilisant  « le français tchaté ». Ces pratiques langagières numériques sont-elles un obstacle à l’acquisition de compétences langagières et sociales ?

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 217-229.

Hélène Riazuelo : un adolescent entre deux machines. entre hémodialyseur et ordinateur

Au travers d’une étude de cas, ce travail aborde la complexité de conduire simultanément un « travail d’adolescence » et un « travail sur la maladie » pour un adolescent, Dimitri, atteint de maladie somatique grave depuis l’enfance et depuis peu en hémodialyse. Sa dépendance à la machine (le rein artificiel), aux soignants et à sa mère va pour une part à l’encontre du travail d’adolescence. Les différents changements corporels, chez le jeune homme, ont été largement rabattus vers la maladie et vers la mort. À travers une autre machine (l’ordinateur) et à partir de son implication dans un jeu vidéo, il essaie d’élaborer cette expérience en créant son avatar, personnage à la croisée de deux mondes. Il en fait un récit où le jeu et la vie se mélangent, où virtuel et réalité se confondent pour rendre plus supportables la maladie et l’idée qu’il ne peut vivre que grâce à une machine. L’espace du jeu vidéo, espace de jeu qu’il contrôle et partage au cours de la psychothérapie, sert d’espace transitionnel.

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 199-215.

Geoffroy Willo, Sylvain Missonnier : le « surgissement » cybernétique, un opérateur du transfert dans la psychose ?

Cet article reprend les étapes d’une « psychothérapie par le virtuel » auprès d’un adolescent psychotique. Au fil de son évolution, nous verrons comment l’usage d’un jeu informatique finit par se constituer comme le vecteur d’une première adresse transférentielle du psychotique sur le clinicien.

Le virtuel sera donc déconstruit à la loupe du pathologique pour révéler sa fonction de « surgissement », spécifique de ce qu’on nomme la cybernétique.

Cette fonction de surgir est triple. En premier lieu, sa contingence charge le surgissement de promesses, de nature à en espérer tout autre chose et bien plus que ce que la machine est en mesure de fournir. Ensuite, l’apparente autonomie de la machine que crée ce surgissement soulage le patient qui peut se leurrer de ne pas être à l’origine de ses représentations. Enfin, ce générateur de représentations permet de présentifier formellement le symptôme, de sorte à créer ce que Freud appelait une « force de pulsion de guérison » préparant une relation transférentielle.

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 179-189.

Michel Hajji : des en-jeux vidéo de la médiation dans l’accompagnement psychologique

Un accompagnement psychologique utilisant la médiation du jeu vidéo : est-ce possible ? Nous essayons de répondre à cette question en exposant plusieurs expériences d’ateliers jeu vidéo qui ont eu lieu avec des adolescents dans un point d’accueil et d’écoute jeunes. Les éléments du cadre clinique rejoignent l’accompagnement psychologique sur le virtuel pour faire place à un espace d’expression pour ces jeunes. C’est pendant les moments de verbalisation après le jeu que l’efficacité de cette médiation est mise à l’épreuve. À la fin de cet article, nous examinons si la création finale est sujette à une interprétation ou à une lecture.

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 169-177.