Archives par mot-clé : Espace transitionnel

Stéphane Bourcet : l’hospitalisation des adolescents

En France se créent depuis plusieurs années des unités spécifiques d’hospitalisation pour adolescents, dont les objectifs sont multiples : évaluer une situation clinique, contenir la symptomatologie, apporter une réponse adaptée et un traitement approprié en fonction du diagnostic établi. Ce type d’unité, jouant le rôle d’une instance de suppléance et de contenance, doit offrir un espace transitionnel dans lequel va pouvoir se déployer le fonctionnement psychique de l’adolescent qui est à la recherche d’un objet externe dont l’investissement est possible. Les difficultés rencontrées par les équipes soignantes sont nombreuses (violence hétéro et auto-agressive, travail avec la famille, etc.). Ces unités doivent définir l’outil de soin qu’elles représentent et connaître leurs caractéristiques, leurs limites et leurs objectifs.

Michèle Benhaim : le bus méthadone

Les jeunes de la rue en proie aux processus de la toxicomanie ont la particularité d’être enfermés en-dehors d’eux-mêmes.

Le bus méthadone tente de créer une rencontre à l’intérieur d’un espace “ transitionnel ” au rythme d’une temporalité retrouvée, afin que quelque chose s’esquisse de l’ordre d’une inscription du désir dans l’Autre.

Maurice Corcos : le contrat de soins dans le traitement hospitalier de l’anorexie mentale : séparation-réappropriation-subjectivation

L’établissement d’un contrat de poids dans le traitement hospitalier de l’anorexie mentale,  inscrit d’emblée dans la tête des parents et de la patiente, le souci dénié pour la réalité somatique et son devenir à risque de complications graves. Puis, rapidement s’établit que la question centrale n’est pas celle fantasmée de « gaver » la patiente par une technique médicale qui la rende « grosse », mais bien celle du devenir femme entravé, d’une jeune fille qui fait avorter par sa conduite active et volontaire son processus d’adolescence. Cette référence symbolique du contrat instruit des effets sur le corps et les processus de pensée de la patiente, et permet des remaniements identificatoires.

La contrainte vécue de l’acte thérapeutique est toujours bien moindre que la violence des relations primitives du moi du sujet avec son surmoi archaïque et vise à soulager les contraintes internes à l’origine de la restriction alimentaire et de l’amaigrissement. La « persécution » extérieure s’oppose au dictateur interne… le conflit est déplacé dans la relation aux soins (figure des conflits avec les parents) et permet l’émergence de nouvelles possibilités de représentation. Le conflit est à nouveau humain et pendant tout un temps vont se déployer déni, clivage, projection, à visée défensive, avant qu’une rencontre dans le conflit ne soit possible, rencontre qui protège le narcissisme du patient (elle ne s’humilie pas dans une demande d’aide, le lien lui est imposé). Cette rencontre permet l’exploration des désirs profonds de la patiente, et de son degré de résistance dans le déni ou le conformisme plaqué C’est cette dialectique désir-résistance qui permet l’établissement d’un diagnostic en termes économiques puisque fondamentalement c’est le désir qui construit l’aliénation. Le contrat est un artifice technique, qui provoque une situation de séparation fortement appréhendée par la patiente et sa famille, et qui révèle la complexité (nature, intensité et ambivalence) des liens parents-enfants et les fantasmes qu’ils ont générés. Il permet d’étudier la problématique centrale de séparation : atermoiements autour des poids de séparation et de sortie, fétichisation d’un poids, réactivation de la problématique de séparation à l’occasion de la sortie de l’institution. Adoptant le langage du symptôme et le cantonnant dans le cadre du contrat de poids, le psychiatre peut alors dans l’espace psychothérapique déployer son offre de soins vivants.

Mario Speranza : psychotropes et institution

L’objectif de cet article est de proposer quelques réflexions concernant la place de la prescription pharmacologique dans le cadre de la prise en charge institutionnelle d’enfants et d’adolescents présentant des troubles psychologiques sévères. Bien au-delà d’une approche simplement technique, la prescription en institution d’un médicament à l’adolescence correspond à la construction d’un espace transitionnel qui est le fruit de la rencontre entre l’adolescent et l’équipe. Il s’agit d’inscrire l’action des psychotropes dans l’économie psychique globale du sujet en tenant compte du rapport que le médicament entretient avec la question de la dépendance et avec les inévitables enjeux de maîtrise et d’emprise qu’elle génère à l’adolescence amplifiés par le cadre institutionnel. Il est important de souligner enfin que cette problématique ne doit pas se limiter seulement à l’institution spécifique qui accueille l’adolescent mais bien plus largement au niveau des différentes institutions et référents qui s’occupent de l’adolescent dans une perspective de prise en charge pluri-focale entre institutions et une conception longitudinale et en parallèle des soins.

Adolescence, 2009, T. 27, n°3, pp. 769-777.

Nicole Jeammet : rite et vie monastique

À partir d’une recherche effectuée dans un monastère, cet article interroge le sens que peuvent prendre la liturgie et les rites : à travers l’importance donnée au corps et au faire dans un lieu commun à l’Autre et à soi, ne peut-on les voir comme une porte d’accès à un espace transitionnel ?

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 685-688.

Hélène Riazuelo : un adolescent entre deux machines. entre hémodialyseur et ordinateur

Au travers d’une étude de cas, ce travail aborde la complexité de conduire simultanément un « travail d’adolescence » et un « travail sur la maladie » pour un adolescent, Dimitri, atteint de maladie somatique grave depuis l’enfance et depuis peu en hémodialyse. Sa dépendance à la machine (le rein artificiel), aux soignants et à sa mère va pour une part à l’encontre du travail d’adolescence. Les différents changements corporels, chez le jeune homme, ont été largement rabattus vers la maladie et vers la mort. À travers une autre machine (l’ordinateur) et à partir de son implication dans un jeu vidéo, il essaie d’élaborer cette expérience en créant son avatar, personnage à la croisée de deux mondes. Il en fait un récit où le jeu et la vie se mélangent, où virtuel et réalité se confondent pour rendre plus supportables la maladie et l’idée qu’il ne peut vivre que grâce à une machine. L’espace du jeu vidéo, espace de jeu qu’il contrôle et partage au cours de la psychothérapie, sert d’espace transitionnel.

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 199-215.