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Bernard Duez : mort nécessaire et mort suffisante : deux figures de l’initiation à l’adolescence

L’auteur analyse le mécanisme de la construction suicidaire à l’adolescence. Cette conduite est un avatar du fantasme initiateur du retour l’originaire à l’adolescence : l’auto-engendrement en présence d’au moins un autre et son inverse l’auto-destruction en présence d’au moins un autre. Il montre comment l’adolescent convoque l’intrus dans sa dynamique psychique scénalité/obscénalité en confrontant au moins un autre à l’effroi de la mort. Si l’autre ou les autres effrayé(s) demeure(nt) présent(s) l’adolescent peut penser que malgré l’effroi intrusif qui l’habite il demeure humain. Dans le cas contraire, la conduite suicidaire ou meurtrière peut intervenir. L’entrée dans l’adultité nécessite que l’adolescent se confronte à une mort nécessaire, celle qui l’inscrit comme mortel dans l’humanité, et à une mort suffisante pour qu’au-delà des objets d’amours infantiles éternels, il puisse investir des liens de désir par rapport à des objets d’amour périssables.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 269-279.

 

Yves Morhain : le spleen adolescent

L’adolescence est un moment de grande vulnérabilité identitaire en raison des bouleversements internes provoqués par l’irruption du réel pubertaire et des conséquences sur son économie psychique. Cette opération identitaire ne peut se concevoir sans une rencontre incontournable pour tout adolescent avec la question de la mort et son issue.

L’auteur tente d’interroger comment dans une société actuelle mélancoliforme, l’adolescent, en proie au spleen baudelairien, met à l’épreuve ses capacités à survivre à cette expérience de confrontation à la mort dont dépend son devenir psychique de futur adulte.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 253-267.

René Roussillon : précarité et vulnérabilité identitaires à l’adolescence

L’auteur propose une théorie de l’adolescence fondée sur la nécessaire révolution subjective introduite par l’émergence de la potentialité orgasmique liée à la maturation biologique de la puberté. Mais celle-ci est d’abord vécue passivement car « imposée » à l’adolescent par la biologie. C’est dans le travail de réappropriation subjective auquel l’adolescent est alors conduit qu’il faut situer le rapport de l’adolescent à la mort et aux différentes formes que la rencontre avec celle-ci produit. Confronté à la question de la mort, l’adolescent va mobiliser les potentialités de l’agir pour tenter de différencier les registres psychiques menacés de confusion par les aléas de cette rencontre et tenter d’introduire des limites en s’étayant sur celles du corps.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 241-252.

Vincent Cornalba : controverses

La revue Adolescence fut aussi le lieu de controverses. À travers elles, c’est l’enjeu d’une continuité de l’œuvre théorique dans le champ clinique de l’adolescence qui fut visée. La confrontation des pensées assurait le contexte indispensable à la remise sur le métier de notions que la clinique ne saurait entériner une fois pour toutes.

C’est par l’évocation de deux colloques, l’un sur l’homosexualité, l’autre sur la psychose à l’adolescence, que cette question est abordée. La convocation d’auteurs de référence, aussi bien dans le champ de l’adolescence que dans celui plus restreint de la revue, complète ce survol des notions de controverse et d’engagement. C’est, à travers elles, les questions des valeurs techniques et personnelles du thérapeute qui sont également évoquées.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 189-205.

Sydney Levy : l’adolescent né de la terre : figure du politique

Le redressement (Aufrichtung) postural de nos ancêtres inaugure selon Freud le procès lié à la Kultur. Cette verticalisation renvoie à un rituel en lien avec le rapport à la terre (et par ailleurs universel) : le père élève au-dessus du sol son fils pour le reconnaître. Les céramistes athéniens figurent ce dernier sous les traits d’un adolescent et la philosophie dessine à travers ce geste une structure politique originaire. L’auteur propose de voir dans la double valence (reconnaissance et soumission) intrinsèque qui tisse le rapport entre ce père arbitraire et ce fils adolescent une sorte de métaphore de la naissance du politique. Il s’agit à la fois de repérer la violence inhérente au projet politique et sa nécessaire gestion collective, violence liée à cette ancienne connivence avec la Terre des origines dont il faut bien s’affranchir.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 179-187.

Stephan Wenger, Fulvia Raiola : cheval de troie

François et son père, portant le même prénom, forment un duo au fonctionnement paranoïaque. Avec l’arrivée du pubertaire, ce système a décompensé. François a été traité en Centre Thérapeutique de Jour. La psychothérapie psychanalytique institutionnelle offre une souplesse indispensable offrant notamment des opportunités d’adaptation de cadre salutaires. Ce travail en équipe a permis de développer une approche particulière de cette famille.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 171-178.

Jacques Vargioni : une grève de la faim en blanc et noir

À la suite d’une anorexie post-traumatique sévère, Imane, dix-sept ans, entama une psychothérapie analytique en institution dont les débuts furent chaotiques. Un rêve, dans lequel figurait un fantasme d’ingestion de lait noir maternel, permit d’engager une mutation. Le transfert servit de support à la mise en mouvement et à l’élaboration d’une série complexe d’identifications à l’agresseur.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 159-169.

Philippe Pierre Tedo : engrenages

Pour des adolescents qui évoluent dans des cliniques « attaques du corps », il est indispensable de travailler le cadre thérapeutique de façon très spécifique. L’utilisation de l’espace institutionnel leur permet de rencontrer des possibilités d’investir des espaces de transfert dégagés de toute potentialité paradoxale et mortifère. Le pari sur les effets thérapeutiques est ambitieux et complexe, tant pour les soignants que pour les jeunes. La nécessité de prendre en compte la souffrance des parents, notamment dans sa dimension pubertaire, est indispensable à la réussite du projet de soins de l’adolescent.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 143-157.

Anne-Valérie Mazoyer : l’agir suicidaire de l’adolescent sur écran blanc

Quelques heures après un examen psychologique, sans signes alarmants, une adolescente placée dans un foyer éducatif tentait de se suicider avec son petit ami. Dans l’après-coup de ce passage à l’acte, nous avons voulu repenser ce cas à la lumière de travaux liant vulnérabilité suicidaire et dépression. Après avoir cherché dans les protocoles des épreuves projectives (Rorschach, TAT) des indicateurs du passage à l’acte, nous avons constaté une propension au blanchiment des affects et des émotions, comme au cours de la relation clinique et du recueil d’anamnèse. Une lecture plus fine des protocoles révèle sous l’apparence d’une dépression blanche une vulnérabilité qui ordonnait une prise en charge psychothérapique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 133-142.

Brigitte Blanquet : frôler la mort à l’adolescence : un danger nécessaire

À l’aide d’une vignette clinique, il s’agit d’éclairer le processus d’actualisation du travail traumatique à l’adolescence et ses enjeux psychiques. Pour cela, nous nous appuyons sur trois scènes vécues par le sujet : la scène d’une agression ; la scène du transfert ; la scène de figuration graphique. L’analyse de ces scènes permet de promouvoir une théorie du travail du traumatique pour penser l’efficience de soin psychothérapique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 123-131.