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Daniel Marcelli : la grossesse : une immixion douloureuse dans la sexualité de l’adolescente

La survenue d’une grossesse à l’adolescence est le plus souvent imputée à « un accident » et la réponse médico-sociale consiste en une meilleure information sur la contraception. Pourtant à y regarder de plus près, une autre logique que celle de l’accident apparaît souvent, les adolescentes exprimant, quand on les autorise à parler, un désir de grossesse ou un désir d’enfant. Pourquoi une jeune adolescente est-elle parfois envahie par ce désir au point de ne pas pouvoir le différer même temporairement, pourquoi est-elle prête à sacrifier une partie de son adolescence ?

La grossesse apparaît comme un besoin impérieux d’obtenir une réponse immédiate aux questions que toute adolescente se pose sur sa fertilité potentielle ou comme la recherche instantanée d’un complément à une carence ancienne : avoir un bébé dans les bras.

Ne voir dans la grossesse de l’adolescente que le résultat d’un accident ou du destin, c’est réduire singulièrement la signification d’un tel événement. C’est en particulier méconnaître la souffrance de l’adolescente, méconnaître les difficultés de cette jeune fille à prendre soin d’elle, prendre soin de son corps, à assumer les tensions psychiques inhérentes à la sexualité, à tolérer d’attendre.

Philippe Pierre Tedo : engrenages

Pour des adolescents qui évoluent dans des cliniques « attaques du corps », il est indispensable de travailler le cadre thérapeutique de façon très spécifique. L’utilisation de l’espace institutionnel leur permet de rencontrer des possibilités d’investir des espaces de transfert dégagés de toute potentialité paradoxale et mortifère. Le pari sur les effets thérapeutiques est ambitieux et complexe, tant pour les soignants que pour les jeunes. La nécessité de prendre en compte la souffrance des parents, notamment dans sa dimension pubertaire, est indispensable à la réussite du projet de soins de l’adolescent.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 143-157.