Archives par mot-clé : Violence

Claude Balier: la violence à la lumière des processus adolescents

Bien plus qu’une période de la vie, l’adolescence est le contenant de toute une série de processus déjà inscrits chez l’enfant dès la naissance. C’est en fonction d’une réponse adéquate des objets que les processus parviendront à leur plein développement. La violence à être prendra alors la forme d’un projet de vie, expression du Surmoi qui marque l’achèvement de l’adolescence. Tel n’est pas le destin de sujets auteurs d’agressions sexuelles. La violence non intégrée les conduits à laisser dissoudre leur Moi dans le jeu des processus. L’agression de l’autre devient alors une défense contre une intrusion hallucinatoire.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 293-305.

Michelle Cadoret: contexte et culture. Violence de la scène adolescente

Chaque adolescent est, à chaque génération, violemment pris dans un contexte social et impliqué dans une problématique de transmission et de filiation, de dette et d’héritage. Seuls ou en groupe, les adolescents sont des acteurs/témoins qui introduisent leurs objets, discours et conduites dans leurs lieux de passage. L’adolescence est une catégorie instable, sans véritable place, qui peut s’approprier le lien social ou le mélancoliser. La scène adolescente, vulnérable, interpelle les institutions et demande que soit aménagé un espace potentiel qui permette la transformation des registres du psychique et du social impliqués dans ce passage. Elle est un point nodal où se condensent des enjeux individuels et collectifs, où se précipitent et se cristallisent des violences. La scène adolescente se présente comme une violente dramaturgie à la croisée du psychique et du social.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.

Raymond Cahn: sous les valeurs, la violence: à propos de Télémaque

Télémaque est l’exemple même de la réussite d’une adolescence achevée et de l’entrée dans l’âge adulte. Modèle déconstruit, chacun à sa manière, par Fénelon et Aragon, laissant apparaître une violence pulsionnelle dont le fonctionnement mental s’alimente en même temps qu’il s’efforce, avec un bonheur variable, de la dompter et révélant ainsi la richesse et la profondeur de cette figure mythique.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 305-321.

Serge Lesourd: de la violence narcissique à la construction de l’image de la mère. A propos d’une adolescente « incasable »

À propos de la prise en charge d’une adolescente « incasable » dans un centre d’accueil d’urgence, l’auteur développe une lecture des troubles narcissiques primaires qui reposent sur un trouble de la construction de l’image psychique de la mère pour le sujet. C’est alors le corps, le sien et celui de l’autre, qui fait fonction de « contenant » dans la relation, entraînant face aux interdits, une réponse en acte et non pas dans le langage. La prise en charge de ce type d’adolescent implique la reconstruction, sous transfert, d’une image de mère intériorisée et par là même de faire du corps archaïque, un corps pris dans le langage et dans les signifiants.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.

Josette Frappier: la violence de l’héroïsme en héritage

La lecture des tragédies de Sophocle concernant la famille des Labdacides,  » Œdipe Roi « ,  » Œdipe à Colone « ,  » Antigone « , offre un exemple de la compulsion de répétition à l’œuvre dans la succession de passages à l’acte violents, comme conséquence de la violence psychique traumatique transgénérationnelle. Avec le mouvement de subjectivation propre à l’adolescence, l’héritage du trauma psychique peut engager le sujet, telle Antigone, dans une identification héroïque qui, pour la bonne cause, ne fera néanmoins qu’alimenter la répétition de la violence.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.

Philippe Jeammet : la violence à l’ adolescence. Défense identitaire et processus de figuration

La violence comporte une dimension meurtrière. Elle nie la subjectivité de celui qui la subit, mais elle reflète en miroir une menace sur la subjectivité de celui qui l’agit. Elle peut être vue ainsi comme une réaction primaire de défense d’une identité menacée. L’expérience de la vie institutionnelle en psychiatrie, comme les psychothérapies des sujets ayant des troubles du comportement, sont un terrain d’observation privilégiée.

L’adolescence est une étape de la vie propice aux expressions de la violence du fait de la nature des changements psychiques imposés par la puberté.

La relation de soin doit tenir compte de ces particularités du fonctionnement psychique des patients violents. L’espace de soin peut être vu comme une figuration de l’espace psychique interne du patient et son aménagement comme un moyen de rendre tolérables les relations dont ils ont besoin. Les médiations et la concrétisation d’une fonction tierce occupent une place essentielle dans cet aménagement.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 305-321.

Didier Houzel: Le conflit esthétique

La théorie du conflit esthétique proposée par Donald Meltzer depuis 1984 renouvelle la compréhension de certains aspects du développement psychique dans la petite enfance, mais aussi à l’adolescence. La source métapsychologique de l’épistémophilie devient plus claire. La violence destructrice s’exerçant contre la beauté elle-même ou contre l’objet esthétique séducteur peut mieux se comprendre. L’auteur propose une interprétation dynamique de cette théorie qui le conduit à décrire ce qu’il appelle des « angoisses de précipitation et des angoisses d’emballement ». Il donne une illustration d’angoisse d’emballement tirée de la psychothérapie d’une préadolescente.

Serge Lesourd : les enfants de Schreber : l’acte adolescent au temps de la vacuité de l’autre

En repartant des études sur Schreber, l’auteur dégage cette part particulière du rapport paranoïaque à l’Autre et aux autres, l’autre me veut quelque chose, comme structure des rapports interhumains dans le monde actuel organisé par le libéralisme. Ce rapport paranoïaque au semblable construit une modalité de rapport à l’acte qui propose une réalisation totale de la jouissance qui n’est limitée que par l’impuissance. Du coup, le sujet se trouve inscrit dans un rapport au semblable qui est fait de violence face aux empêchements à jouir qu’impose toute vie en société, et les rapports interhumains virent à la violence contre l’autre persécuteur. Les adolescents témoignent, on ne peut mieux, de ce nouveau mode de lien social.

Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 613-626.

Véronique Le Goaziou, Laurent Mucchielli : contribution à l’analyse de la « violence des mineurs ». les affaires traitées par les juges des enfants

Cet article livre les premiers résultats d’une recherche sur dossiers judiciaires réalisée dans une juridiction de la région parisienne, sur les infractions à caractère violent commises par des mineurs. À l’issue de l’exploitation des dossiers traités par les juges des enfants, les auteurs proposent d’abord une typologie de ces violences juvéniles (violences « embrouilles », violences viriles, violences de voisinage, violences intrafamiliales) dont ils rappellent qu’elles se déroulent dans plus de 80% des cas dans le cadre de l’interconnaissance. Ensuite, les auteurs analysent quelques traits marquants du profil et du parcours des mineurs : leurs sexes et âges, leurs situations familiales, leurs lieux de résidence et leurs parcours scolaires. Dans leur conclusion, les auteurs expliquent que cette recherche révèle des violences de basse intensité, qui surviennent dans le cadre de l’interconnaissance, pour les motifs les plus divers et les plus classiques à l’âge adolescent, au terme de conflits qui ne semblent pas nouveaux mais qui sont de plus en plus judiciarisés dans notre société.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 415-429.

Viviani Do Carmo, Miriam Debieux Rosa : subjective construction of brazilian adolescents faced with the violence of the social link

In Brazil between 2002 and 2010, more than 230 000 young people between the ages of 15 and 25 were murdered. This article attempts to analyze the vicissitudes of subjective construction of Brazilian adolescents living in poverty, social anomie and violence. Starting with the creation of a group clinical set-up, psychoanalytically oriented conversation groups conducted with adolescents at school, the author constructed the following hypothesis : given the violent disqualification of their life and the total absence of any prospect of even minimal inscription in a link indicative of phallic participation in the social field, some youngsters turn violence into their own fiction and a way of forging a social link. Using a fragment of one case, the author also tries to give an idea of the method used in conducting these conversation groups.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 589-600.