Archives par mot-clé : Tatouage

David Le Breton : Changer de peau à l’adolescence

Les interventions sur la peau sont des tentatives de remaniement des frontières entre dehors et dedans, un outil de franchissement d’un passage délicat vers l’âge d’homme ou de femme. Coiffure, peau (maquillage, tatouages, piercings, chirurgie esthétique), ou vêtements, chaque jeune est surinformé sur les looks possibles et sur leur réception par les autres. Tentatives de contrôle de l’image de soi ou dans les scarifications par exemple, volonté d’échapper à une identité intolérable.

Adolescence, 2016, 34, 3, 489-498.

Annie Birraux : les vicissitudes de l’identification héroïque

L’auteur s’interroge sur le devenir du travail identificatoire dans la formation des sportifs de haut niveau et en particulier dans les disciplines où le but à atteindre est de devenir un objet monnayable. Article qui inscrit ce problème dans un contexte économique fétichiste où l’appropriation du corps psychique demeure un exploit.

Adolescence, 2014, 32, 2, 273-281.

Juan Eduardo Tesone : le tatouage et le bouclier de Persée

À la manière de l’image d’un rêve, le tatouage est avant tout l’expression graphique de la production psychique du sujet. Le tatouage volontaire devient un acte de langage à mi-chemin entre une écriture qui s’approche du hiéroglyphe, avec ses symbolismes, et le discours parlé. Représentation substitutive, l’image inscrite sur la peau acquiert une valeur d’ersatz du monde interne du sujet, pas nécessairement métaphorisé. L’excitation pulsionnelle est à la recherche de représentations. Quand ces dernières sont défaillantes, l’inscription d’une image sur la peau peut avoir statut de fonction substitutive. À mi-chemin entre la représentation psychique et l’objet externe, dans un entre-deux pas totalement au-dehors mais pas non plus au-dedans. Pour Nicolas, son tatouage, comme le bouclier de Persée, reflétait le regard d’un autre qui pourrait lui rappeler la différence des sexes, se sentant ainsi protégé de sa crainte de rester pétrifié par sa propre angoisse de castration projetée. C’était une fonction métapsychologique pour border le vide représentationnel vers lequel il craignait d’être aspiré et pour protéger son moi corporel d’y tomber par la même occasion, reforçant son système de refoulement vacillant.

 

David Le Breton : la profondeur de la peau

 

La peau, pour le meilleur ou pour le pire, est un instrument de fabrique de l’identité, de manière ludique à travers tatouages ou piercings, ou de manière plus douloureuse à travers les scarifications. Par le sacrifice d’une parcelle de soi dans la douleur, le sang, l’individu s’efforce de sauver l’essentiel. En s’infligeant une douleur contrôlée, il lutte contre une souffrance infiniment plus lourde. Sauver la forêt implique d’en sacrifier une partie. De même pour continuer à vivre il faut parfois se faire mal afin de lutter contre la détresse.

Jocelyne Thériault : la douleur physique du marquage corporel

En pleine expansion chez les jeunes, en particulier chez les jeunes femmes de tous les milieux, le marquage corporel est devenu, au fil des ans, un phénomène qui intrigue et questionne tout à la fois. Au-delà du désir de conformité sociale qui caractérise les jeunes, quelles réalités psychiques conduisent certains d’entre eux à répéter encore et encore les pratiques du tatouage et du perçage corporel alors qu’ils y font, à chaque fois, l’expérience de la douleur physique? Est-ce que seule la marque laissée sur le corps fait de cette douleur physique l’expérience à vivre et à dire? Développée grâce aux données de la documentation portant sur le développement psychosexuel, le marquage corporel et le masochisme, la position adoptée dans cet essai veut que la douleur physique du marquage soit à situer dans le contexte du développement psychosexuel normatif de l’adolescence plutôt que celui de la perversion. Plus spécifiquement, la thèse développée veut que la douleur physique du marquage vienne s’associer aux souffrances psychiques de l’adolescence et ce, afin de leur donner sens et de les maîtriser.