Archives de catégorie : Sport et subjectivations – 2014 T. 32 n°2

Bernard Andrieu : « Plonger dans mon corps ! » : les immersions sensorielles des sports adolescents

L’adolescent a-t-il le choix aujourd’hui de ne pas s’immerger dans son corps et dans le corps des autres pour ressentir son existence et se faire reconnaître ? Au XXIe siècle, l’adolescent hypermoderne doit prendre le risque d’incarner plusieurs corps devant la nécessité de construire son existence, non sans danger identitaire.

Adolescence, 2014, 32, 2, 283-293.

Anne Tassel : la nuit au parc des princes…

La série des tableaux « Les footballeurs » modifie chez Nicolas de Staël sa façon de peindre en prenant appui sur la toile, générant chez lui le souci de représenter une expérience présente qui « peine » à prendre forme. Ce tournant pictural peut s’interpréter comme la traduction de la tension adolescente qui cherche à se tenir au plus près de la forme vitale de l’expérience et qui s’en trouve effacée dès qu’elle a pris corps.

Adolescence, 2014, 32, 2, 417-423.

Jacques Vargioni : la souillure, l’informe et l’idéal. L’analité dans l’obésité adolescente

Cet article montre la place centrale de l’analité dans l’apparition, la disparition et les transformations de l’obésité à l’adolescence. Pour Danièle, un fantasme de fécalisation du Moi-corps entache gravement le narcissisme et l’idéal du Moi adolescent, et obstrue la bonne intégration de l’analité au sein du Moi féminin. À l’inverse pour Camille, une sphinctérisation fantasmatique a minima du Moi permet une sortie bien tempérée de l’obésité et de l’informe mélancolique.

Adolescence, 2014, 32, 2, 401-413.

Anne-Marie Paul : la rencontre dansée : effets de symbolisation d’un atelier thérapeutique

La description d’un groupe thérapeutique à médiation danse et écriture, en hôpital de jour, montre comment des traces mnésiques non symbolisées émergent et se transforment à travers l’associativité groupale, corporelle et verbale. Sont ainsi créées de nouvelles représentations du corps et des origines, vectrices de subjectivation.

Adolescence, 2014, 32, 2, 389-400.

Laura Karsenty : ronde de capoeira : jouons (la violence) camarade !

Cet article propose d’aborder la Capoeira, art afro-brésilien entre lutte et danse, en lien avec le processus adolescent. La singularité de cette activité et de son dispositif, la Roda (ronde), met en jeu de façon particulière : le corps, une possible sublimation de la violence et une proposition de rencontre narcissique et objectale à l’intérieur d’un cadre contenant. Ce jeu corporel créatif s’articule avec la vie pulsionnelle adolescente. Il pourrait être développé comme médiation thérapeutique intéressante en soutenant le travail de subjectivation : il s’agirait de proposer à ces adolescents d’agir leur violence pubertaire en passant par le jeu.

Adolescence, 2014, 32, 2, 377-387.

Brigitte Leroy-Viémon, Frédérique Decocq, Jeanine Chamond, Corinne Gal : sport et psychothérapie phénoménologique

À partir d’une étude de cas, les auteurs montrent la valeur opératoire d’un dispositif thérapeutique psychophénoménologique articulant une instance phénoménologique, où s’élabore un travail enactif du processus originaire par et dans le mouvement, et une instance psychanalytique où s’effectue la mise en représentation des processus primaire et secondaire. Cette proposition psychothérapique permet à l’adolescent, enfermé dans des passages à l’acte, une métabolisation originale de son agressivité.

Adolescence, 2014, 32, 2, 363-376.

Stéphane Proia : entre emprise paternelle et attachement incestuel : championnes sous influence

À contre-courant de la pensée freudienne qui convoque les excès maternels dans la relation mère-fille, ce travail démontre en quoi il est pertinent de parler d’emprise paternelle dans les cas où l’exigence absolue de l’excellence aménage un système clos au service d’un projet sportif. Une des conséquences de la contrainte intériorisée à devenir une championne est le gel de la métamorphose adolescente. L’exemple du tennis où la fréquence des duos père/fille est remarquable, est ici retenu.

Adolescence, 2014, 32, 2, 345-362.

Sophie Maurissen : le masochisme dans le tennis de haut niveau

À partir de notre expérience clinique dans le domaine du tennis de haut niveau, nous interrogeons le rapport à l’érotisme et à l’auto-érotisme chez des joueurs adolescents à travers certains mouvements corporels et musculaires répétés et parfois associés à une douleur physique et morale, afin de démontrer le caractère du masochisme féminin présent dans cette pratique sportive intensive. Pour éclairer la relation à ce type de masochisme théorisé par Freud dès 1924, nous tentons d’établir une distinction entre la jouissance et le plaisir qui peuvent être ressentis par le joueur adolescent dans la pratique du tennis de haut niveau.

Adolescence, 2014, 32, 2, 331-343.

Vincent Cornalba : représentations de buts

La construction des représentations procède à la fois de l’influence de représentations-but, formées pour certaines dans l’enfance, et d’une transformation consécutive aux expériences passées, actuelles et à venir. L’inscription de l’adolescent sous l’ordre du génital provoque une renégociation de ces représentations, qui se manifeste dans l’œuvre de projet, tel qu’il se présente à lui. Le cadre thérapeutique peut signifier l’importance de l’instauration d’une matrice qui promeut ce travail de reprise par la pensée. Certains épisodes de la vie de Messi, footballeur de renom, servent de fil rouge à cette étude.
Mots clés : Représentation, Représentation-but, Projet, La preuve par l’autre et le regard de l’autre.

Adolescence, 2014, 32, 2, 317-330.

Laetitia Petit : le sport, un objet culturel ?

Parmi les activités supposées culturelles, le sport a été récupéré comme un objet de culture et d’éducation. La pratique sportive, qu’elle soit intensive, de compétition ou de (re)mise en forme, est un rejeton du surmoi culturel et représente le paradigme d’un phénomène plus général : la sévérité surmoïque culturelle. Ainsi, la solution sportive comme réponse au passage adolescent peut représenter une alternative exemplaire pour éviter le processus adolescent, en ce qu’elle colmate, plus ou moins efficacement, toute tension liée au trauma de cette rencontre sexuelle.

Adolescence, 2014, 32, 2, 307-315.