Archives par mot-clé : Corps

Guy Scharmann : jeux de main

À partir de trois références différentes (un petit sondage, un livre de G. Haddad et deux vignettes cliniques), l’auteur essaie de poser quelques questions à propos des poignées de main échangées lors des séances de psychanalyse ou de psychothérapie ; une façon par le biais de cet aspect du cadre, d’interroger la place du corps dans la cure, et son éventuelle « mise en séance ».

Frédéric Lefevere, Thierry Rochet : entre jeu et rêve, la prise en charge d’adolescents en balnéothérapie

 

Une fois posée une instance corps, il est souvent pointé combien celle-ci est mise à mal par le processus pubertaire. À l’inverse, nous souhaitons montrer comment les dispositifs médiatisés et en particulier la balnéothérapie trouvent une légitimité toute particulière à l’adolescence, en ouvrant une voie de restauration de cette instance qui pourra retrouver, au décours du processus psychothérapique, son statut de vecteur de figuration.

Noëlla Darcq, Miguel Gomez-Larenas : le contre-transfert devant un corps exposé

 

Les transformations corporelles associées aux processus psychiques pubertaires conduisent les adolescents au sein de leur groupe à se saisir des phénomènes de mode vestimentaire et ornementale pour se différencier et tenter de s’individualiser. Au sein de ces modes, certains mouvements plus marginaux comme le style gothique attirent des jeunes gens. Le corps de ces adolescents devient alors la scène d’un théâtre, où la pièce qui se joue entre en résonance avec leur propre histoire, parfois traumatique. Par ailleurs, d’autres jeunes mettent leur corps en spectacle, mais il semble que la narration soit bloquée, comme une dissociation entre ce corps et cet esprit. À la lumière de vignettes cliniques, les auteurs s’attacheront à développer les relations entre l’utilisation du corps et la dynamique pubertaire du processus d’individuation – séparation dans des problématiques de personnalité limite : lorsque la pensée est court-circuitée, l’expression corporelle est valorisée. Toutefois, cette expression ne suscite pas toujours les mêmes réactions chez le clinicien : il pourra – ou non – penser, associer, induisant une relation transférentielle différente. Enfin, l’ensemble de cette réflexion s’appuiera sur des œuvres artistiques ayant abordé ce sujet comme La Métamorphose de Kafka, Peau d’âne de Perrault, ou La Maja Desnuda de Goya.

Irène Nigolian : adolescence et psychosomatique

Le thème de l’adolescence est abordé à la lumière de la théorie psychosomatique classique, avec des points de rapprochement théorico-cliniques. Les névroses de comportement à cet âge servent à protéger le soma, mais paradoxalement mettent la vie du sujet en danger, en symétrie avec les maladies progressives chez l’adulte. Par ailleurs, le déficit du travail d’adolescence est potentiellement générateur de maladies psychosomatiques graves, immédiates ou différées.

La dépression de l’adolescent est le dénominateur commun de la plupart de ces situations cliniques, comportant un potentiel de désinvestissement objectal et d’apparition de tableaux correspondant à la dépression essentielle de P. Marty. Cet article questionne le rôle de l’adolescence dans l’avenir psychosomatique du sujet.

Elsa Schmid-Kitsikis : corps et psyché : théorisation

À la lumière de la clinique dite des états limites, l’auteur interroge un certain nombre de notions qui s’inscrivent dans la relation du corps et de la psyché, telles que perception, sensorialité, sensualité, représentation, émotion, affect et autoérotisme.

Une importance particulière est donnée à la place qu’occupe la sensualité infantile en lien avec l’instauration de l’autoérotisme, dans la mesure où la sensualité est le plus souvent confondue avec la sensorialité. Ces notions représentent encore aujourd’hui une grande part des difficultés que rencontre la recherche psychanalytique. Elles entretiennent un rapport étroit avec la mouvance pulsionnelle, mais l’opposition souvent affirmée entre le sensorio-perceptif et l’intellectuel ne se justifie plus de nos jours.

Maurice Corcos, Emma Sabouret, Denis Bochereau : sublimations à l’adolescence “ de bruit et de fureur ”

Le rap comme art et voie sublimatoire, au même titre ou à l’instar de l’activité intellectuelle ? Cette création sonore et scénique, forme nouvelle d’expression, d’échange ou de communion, apporte à qui veut l’entendre une possibilité supplémentaire de rencontrer la psyché adolescente contemporaine. Économes de perspectives sociologiques, nous approfondirons plutôt les enracinements corporels et soulignerons les potentialités élaboratives du rap. Reste que ses voies, méandres, oscillations, bifurcations et trajectoires diffèrent et s’éloignent, irréductiblement sans doute, de celles des générations précédentes.

Notre univers reste cependant commun ; de plus en plus interconnecté, enchevêtré, interpénétré. Ère formidable, où l’ado est de plus en plus dans l’adulte, davantage qu’ailleurs.

Dominique Arnoux : La douleur d’aimer

L’auteur propose un essai sur le négatif lors de la constitution de l’objet amoureux à l’adolescence.

En s’appuyant sur la conception du narcissisme négatif qui révèle l’altération de la valeur fonctionnelle de l’objet, de nombreux exemples cliniques viennent illustrer cette misère d’objet. Situations où l’amour d’objet prend le sens d’un retournement vers soi dans la haine et la honte.

Véronique Nahoum-Grappe: le corps imaginaire de l’adolescent

Il s’agit ici de cerner l’imaginaire social contemporain concernant l’adolescence. La réflexion relève de la sociologie qualitative, c’est-à-dire d’une tentative de description phénoménologique de certains signes choisis comme caractéristiques mais qu’aucune statistique objectivante ne peut légitimer. L’auteur voudrait repérer la contradiction qui existe entre l’exhibition publicitaire du corps jeune et beau et certains traits de l’esthétique adolescente telle qu’elle peut être saisie dans leurs choix de style de présentation de soi, de formes musicales, de bandes dessinées, etc.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 292-304.

Jacques Vargioni : Père ne vois tu pas que je saigne ?

L’analyse des mouvements transféro contre-transférentiels de la cure d’une femme obèse permet de mettre en lumière la place centrale d’un événement pubertaire traumatique dans la constitution d’un symptôme boulimique à l’adolescence. Les impasses imposées par cette expérience, après-coup de l’infantile, barrent la possibilité pacificatrice du refoulement conduisant à un renversement/retournement de la pulsion. Ce destin pulsionnel organise une forme mélancolique des scénari originaires dans lesquels le sujet est fautif. C’est alors le corps, comme support du Moi et de l’objet incorporé, qu’il s’agit à la fois d’attaquer et de préserver. Le gavage, mouvement centripète du dehors vers le dedans a également pour but de s’opposer à une fantasmatique de vidage et de séduction potentielle figurée dans le saignement des règles.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 977-989.

Anna Maria Nicolò : Une ou plusieurs anorexies

L’auteur observe que, sous la dénomination unique d’anorexie, il existe en réalité des structures de la personnalité et des tableaux psychopathologiques différents. Elle décrit également l’évolution de la composante anorexique chez une femme adulte, traitée par l’analyse après avoir apparemment surmonté le symptôme et la dynamique anorexiques.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 925-940.