Tous les articles par Admin

Anne-Marie Smith-Di Biasio : mouvement et sonorité de la trace mnésique, l’écriture de virginia woolf

L’écriture de V. Woolf témoigne d’un engagement intime et radical dans la féminité qui nous intéresse ici en tant qu’inséparable, me semble-t-il, de son activité d’écoute, d’écrivain et de l’enfant-chercheuse qu’elle était, des lieux engendrés dans la parole, aussi fragmentaire soit-elle.

Pour V. Woolf, dans To the Lighthouse, le féminin maternel est la voix de la mère qu’elle a perdue au seuil de l’adolescence. La réminiscence des paroles prononcées, l’écoute tendue vers un état de langage qui prédate et sous-tend la représentation consciente comme un rythme primordial vers une inconscience du langage, est portée à l’extrême et fournit la tension et la musicalité de l’écriture.

Dans le texte ici présenté, il sera question de la voix de la mère, de la trace mnésique d’une réminiscence sonore qui fonde le mouvement de l’écriture en nous dessinant la place d’une arrière-scène maternelle et écholalique qui est celle de l’échange du langage.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 345-361.

Mareike Wolf-Fédida : de la nymphe au complexe de la nymphette

En se servant des discussions, des inédits et des textes publiés, l’article montre que la référence à la nymphe chez P. Fédida, à l’exemple du texte de Nabokov sur Lolita, faisait partie d’une construction théorique importante relative à la représentation temporelle dans le complexe d’Œdipe. Celui-ci peut se concevoir des points de vue du vieillissement ou du rajeunissement. Ce débat est retracé ici, tout en expliquant l’arrière-plan de la recherche. P. Fédida a construit un complexe de la nymphette qui a une valeur diagnostique. C’est une idée intéressante dans la théorie psychanalytique qui renoue avec des travaux de Freud et de J. Lacan sur la signification de la jeune fille dans la vie psychique et plus particulièrement dans la psychologie masculine. La jeune fille reçoit un surinvestissement phallique en raison du complexe de castration qu’elle suscite. L’existence de la nymphette renvoie à ce complexe de castration, inspirant l’horreur de la femme mûre, et elle permet en même temps de le surmonter en introduisant cette figure d’une fille qui joue de sa prématurité. Toutefois, on ne peut pas fixer aisément l’âge ni de la nymphette ni de son destinataire. Les exemples cliniques autorisent une relative élasticité dans l’attribution de l’âge réel. Le complexe de la nymphette repose donc sur une situation paradoxale.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 323-337.

Brice Courty : esquisse 3. du virtuel

Nous avons approché les enjeux et limites pour l’adolescent de la gestion de son corps par un avatar dans les jeux et communautés en ligne. Si l’avatar nous apparaît d’abord comme très limité dans la figuration du corps réel, ces limites nous apparaissent finalement comme permettant à l’adolescent de filtrer l’accès du pubertaire à ces mondes virtuels, d’en faire un lieu de restauration narcissique, au prix d’une pulsionnalité qui doit trouver d’autres voies d’écoulement dans cet univers.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 249-254.

Brigitte Haie, Jean-Jacques Rassial : l’adolescence : moment de construction du sinthome ou de refonte du fantasme ?

Cet article tentera d’articuler deux approches théoriques et complémentaires de l’adolescence : le fantasme et sa refonte d’une part, le sinthome adolescent d’autre part. Nous partirons du terme de sinthome apparu dans la théorie lacanienne et de son usage spécifique lors du moment logique de l’adolescence. Puis nous aborderons “ la refonte du fantasme à l’adolescence ”. C’est une conception du fantasme adolescent (la spécificité du poinçon dans le mathème) qui permet de retrouver les fondements primaires de la construction du sinthome. Ainsi, cet article qui met en évidence la proximité de la fonction du sinthome avec celle du fantasme, donne quelques voies nouvelles quant à la psychopathologie de l’adolescent mais surtout sa direction de cure.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 237-247.

Dominique Agostini : “ défenses maniaques ”, “ puberté psychique ” et bisexualité

L’auteur approfondit qu’en fonction du rapport entre leur degré d’omnipotence et celui d’intégration du moi, les défenses maniaques (Klein, 1934) peuvent ouvrir ou verrouiller l’accès à une bisexualité suffisamment harmonieuse pour présider au dépassement de la puberté psychique. Des repères historiques et métapsychologiques relatifs aux conceptualisations fondamentales de la mélancolie, de la manie puis des défenses maniaques introduisent cette étude. L’auteur articule, par la suite, le concept titre de défenses maniaques aux conflits œdipiens, de séparation et de dépendance, qui sont inhérents à la puberté psychique. Ce faisant, il différencie, en ce qui concerne lesdits conflits, leurs achoppements pathologiques d’avec les turbulences qu’ordinairement ils convoquent. Sont ainsi précisés, au fil de cet article, les liens d’interdépendance que la puberté psychique et les défenses maniaques entretiennent conjointement avec la notion de dépendances – normale, nuancée ou négative – et le sentiment d’identité sexuelle – appartenir à l’un ou l’autre sexe.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 221-236.

Jacques Sédat : la rencontre : trouvaille ou retrouvaille ?

Nous ne savons pas ce que nous rencontrons en celui que nous rencontrons. S’agit-il de trouvaille ou de retrouvaille ? La rencontre peut impliquer un hasard, une coïncidence. Elle peut être un défi chez le joueur qui cherche une rencontre limite avec son destin.

Pour Freud, toute trouvaille n’est qu’une retrouvaille. Que ce soit dans l’attente croyante ou dans le transfert, il s’agit toujours de retrouver un objet, un Autre perdu. La contrainte de répétition pousse chacun à retrouver du maternel pour restaurer le bonheur perdu et échapper au désarroi et à “ l’inquiétante étrangeté ”.

Dans la cure analytique, la contrainte de répétition est avant tout résistance à se remémorer, c’est-à-dire à démêler le passé de la scène de la réalité présente. L’analyste n’est pas là in propria persona, son rôle est de permettre une rencontre avec le passé, afin de renvoyer le passé au passé pour pouvoir vivre le présent.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 201-219.

Claire Lesegretain : le paysage religieux des jeunes aujourd’hui

L’auteur, Grand reporter du Service Religion à “ La Croix ”, brosse un tableau de l’univers religieux des jeunes aujourd’hui. Les adolescents, assez ignorants en matière religieuse, auraient tendance à développer une curiosité spirituelle sans pour autant appartenir à une religion, forme de “ hors-piste ”. Par contre, pour certains de réelles conversions émergent à cette période de la vie. Il est à noter, aussi, le succès des rassemblements tel que les Journées mondiales de la jeunesse, où est expérimentée une pratique religieuse plus émotionnelle, chaleureuse et festive.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 193-199.

Emmanuel Diet : aliénation sectaire et problématiques adolescentes

La clinique de l’aliénation sectaire fait apparaître que celle-ci renvoie à des impasses identificatoires de l’adolescence. L’après-coup sectaire instrumentalise dans les logiques de l’emprise incestuelle, les défaillances narcissiques du sujet en répondant par la séduction perverse à ses demandes de reconnaissance.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 177-192.

Sophie De Mijolla-Mellor : la famélique pensée

Dans l’extase mystique, l’expérience de la rencontre avec l’objet ne ressemble pas à la satisfaction tranquille d’une reconstitution, d’une restitutio ad integrum, même au prix d’une certaine tension comme celle que décrit Platon lorsque les deux moitiés de l’androgyne primitif se recollent, mais beaucoup plus à un embrasement passionnel. L’homme ne retrouve pas sa part divine, il devient possédé, étranger à lui-même et c’est précisément sur cette étrangeté qu’il fonde sa conviction de la transcendance.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 159-176.

Jean-Baptiste Lecuit : la mystique, entre régression et passion sublimatoire

Cet article montre comment la réduction freudienne de la mystique à une régression au narcissisme primaire peut être relativisée et prolongée par la prise en compte de la dynamique sublimatoire animant certaines grandes figures mystiques, et de la dimension amoureuse interpersonnelle de leur vie de foi. Il expose la compréhension de la mystique par Freud, dans sa différence avec la religion, et prend en compte l’apport d’auteurs contemporains comme C. Parat, S. de Mijolla-Mellor ou A. Vergote.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 143-157.