Archives par mot-clé : Séparation

Nathalie Guillier-Pasut, Daniel Derivois : the course of a clinical relation with a creative adolescent

The adolescent is extremely sensitive to his encounter with the other, both highly invested and greatly feared. Using an encounter with an adolescent boy treated in a child and adolescent psychiatric ward, and through a reflection on methodological issues of a therapeutic setting, this article follows, step by step, the course of the clinical relationship.
Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 439-458.

Nicole Catheline : ajustement des liens et institutions

Il est classique de dire que le travail psychique que doit accomplir l’adolescent est un travail de séparation en particulier avec les objets de l’enfance. Il semble plus juste en fait de parler d’un ajustement des liens entre parents et adolescent. Ceux-ci doivent être ni trop lâches pour éviter le sentiment d’abandon, ni trop serrés pour ne pas empêcher l’individu de se construire un espace psychique propre. Un temps institutionnel dans lequel chacun, adolescent comme parent, pourra trouver sa place peut aider à trouver cette bonne distance. La mise en place d’un groupe de parents en même temps qu’une mise en institution pour l’adolescent permettent de travailler sur cet ajustement des liens.

Isée Bernateau : Sylvie, ou comment se séparer des morts ?

Sylvie, une adolescente suivie en Hôpital de Jour, est dans une préoccupation exclusive des morts. Ceci ne serait pas le signe d’un processus de deuil en cours d’élaboration, ni même d’un lien mélancolique avec un objet déjà perdu, mais témoignerait de l’inclusion cryptique d’un deuil traumatique non élaboré à la génération précédente. Cette inclusion génère un lien incestuel dans la famille que Sylvie tente, au travers de ses questionnements obsédants sur les morts, de métaboliser.

Maurice Corcos : le contrat de soins dans le traitement hospitalier de l’anorexie mentale : séparation-réappropriation-subjectivation

L’établissement d’un contrat de poids dans le traitement hospitalier de l’anorexie mentale,  inscrit d’emblée dans la tête des parents et de la patiente, le souci dénié pour la réalité somatique et son devenir à risque de complications graves. Puis, rapidement s’établit que la question centrale n’est pas celle fantasmée de « gaver » la patiente par une technique médicale qui la rende « grosse », mais bien celle du devenir femme entravé, d’une jeune fille qui fait avorter par sa conduite active et volontaire son processus d’adolescence. Cette référence symbolique du contrat instruit des effets sur le corps et les processus de pensée de la patiente, et permet des remaniements identificatoires.

La contrainte vécue de l’acte thérapeutique est toujours bien moindre que la violence des relations primitives du moi du sujet avec son surmoi archaïque et vise à soulager les contraintes internes à l’origine de la restriction alimentaire et de l’amaigrissement. La « persécution » extérieure s’oppose au dictateur interne… le conflit est déplacé dans la relation aux soins (figure des conflits avec les parents) et permet l’émergence de nouvelles possibilités de représentation. Le conflit est à nouveau humain et pendant tout un temps vont se déployer déni, clivage, projection, à visée défensive, avant qu’une rencontre dans le conflit ne soit possible, rencontre qui protège le narcissisme du patient (elle ne s’humilie pas dans une demande d’aide, le lien lui est imposé). Cette rencontre permet l’exploration des désirs profonds de la patiente, et de son degré de résistance dans le déni ou le conformisme plaqué C’est cette dialectique désir-résistance qui permet l’établissement d’un diagnostic en termes économiques puisque fondamentalement c’est le désir qui construit l’aliénation. Le contrat est un artifice technique, qui provoque une situation de séparation fortement appréhendée par la patiente et sa famille, et qui révèle la complexité (nature, intensité et ambivalence) des liens parents-enfants et les fantasmes qu’ils ont générés. Il permet d’étudier la problématique centrale de séparation : atermoiements autour des poids de séparation et de sortie, fétichisation d’un poids, réactivation de la problématique de séparation à l’occasion de la sortie de l’institution. Adoptant le langage du symptôme et le cantonnant dans le cadre du contrat de poids, le psychiatre peut alors dans l’espace psychothérapique déployer son offre de soins vivants.

Nathalie Guillier-Pasut, Daniel Derivois : trajet d’une relation clinique avec un adolescent créateur

L’adolescent est extrêmement sensible à sa rencontre avec l’autre, à la fois très investie et fortement redoutée. À partir de la rencontre avec un adolescent accueilli en unité d’hospitalisation dans le champ de la psychiatrie infanto-juvénile, et au travers d’une réflexion sur les enjeux méthodologiques d’un dispositif thérapeutique, cet article interroge le trajet, pas à pas, de la relation clinique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 439-458.

Alix Bernard : les séparations d’amadou

Cet article rend compte d’un travail de psychothérapie individuelle entrepris avec un adolescent sourd, au sein de l’institution spécialisée où il était accueilli, et montre combien l’adolescence peut être une crise violemment désorganisatrice, mais aussi un moment où se mobilisent de nouvelles ressources. Séparé de sa famille du fait de son handicap depuis l’âge de quatre ans dix mois, l’entrée en puberté ramène au premier plan la question de cet éloignement. Amadou évoque alors différentes versions de cette séparation, véritables « scènes pubertaires » (Gutton, 1991) dans lesquelles s’actualise l’événement infantile, la violence de cet événement se liant à celle de l’adolescence. La crise traversée est l’occasion d’élaborer le trauma infantile, et de trouver et d’interroger les appuis proposés par l’environnement – la psychothérapie, l’institution et l’entourage familial. Cette étude de cas permet de réfléchir plus généralement aux enjeux œdipiens de la séparation, la visite de ses parents à l’acmé de sa crise lui ayant permis de s’engager plus avant dans un processus adolescens (Gutton, 1996). Ce travail offre également l’opportunité de s’intéresser aux travaux d’anthropologues et psychanalystes (Erny, 1972, 1988 ; Ortigues, 1966) dont les travaux apportent un éclairage précieux sur la séparation de l’enfant d’avec la mère et la famille, et sur les spécificités de l’organisation œdipienne en milieu africain.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 795-815.