Archives par mot-clé : Gérard Bonnet

Gérard Bonnet : the eye or the gaze ? regarding some recent writing on the question of the gaze

The author analyzes several articles and books devoted to the central role of the gaze in human relations for some time. He points out the principle teachings and regrets the lack of cooperation and exchange which characterize these, when they concern a particularly burning subject. This is doubtless due to the fact J. Lacan’s contributions about the distinction between the eye and the gaze are not sufficiently taken into account.

Gérard Bonnet : for the love of sex

One cannot love others if one does not first love oneself, which the psychoanalyst translates in another way when he reminds us that narcissism is an indispensable preliminary to any relationship. The same thing could be said of the sex, properly speaking. The human subject cannot love the other’s sex, and thus face up to the difference that it represents at every level of existence, if he or she does not first love and invest his or her own sex, as a genital, drive and ideal object. This presupposes that he or she is provoked and recognized by the adult, and keeps the possibility of regularly getting free of this control in order to assert him- or herself according to his or her own desire.

Gérard Bonnet : mysticism and conversion in adolescence

The author approaches mystical experience using classical narratives such as Plato’s myth of the cave and Moses’ conversion to shed light on accounts that come to us from current psychoanalytical practice. He shows that mystical experience is an intense moment, wherein the subject experiences in a flash the sensation of attaining the ideal enjoyment that was madly imagined in childhood and plunges in with pleasure, without knowing exactly what is going on. This is also the moment when the flaws and the shadows of early experiences come back to him in a painful way, and when he is in danger of giving in body and soul, since these are so dissociable from the enjoyment in question, which lends itself to symptoms, to addictions, and to passages to the act which are under their rule. It is finally and above all the instant where he is obliged to assume responsibility for the conflicts that result, if he wishes to balance these exceptional experiences, whose hopes he bears in the deepest part of himself, and the reality in which he must invest himself today.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 41-63.

Gérard Bonnet : from tragic hero to ordinary hero

Homer favors two kinds of hero : the hero like Achilles in the Iliad, who glorifies mortal combat and has had many imitators throughout history, and the kind embodied by Ulysses in the Odyssey, in which the hero proves himself by thwarting the obstacles he meets on his way back to his place of origin. On the one hand, we have a struggle between two which, though it certainly brings notoriety, causes the destruction of one of the two parties involved ; on the other hand, we have the hero’s ceaseless combat to save his life and find his place in the city. The first gives precedence to the gaze and is submitted to the requirements of appearances ; the second, on the contrary, first goes after the eye which holds sway over him and takes it apart in order to give himself a name. The adolescent process takes part in theses two discourses at the same time, and presupposes a gradual disengagement from the mastery of sight which reflects back the ideal. Referring to different literary works, the author shows the conditions that make possible this evolution.
Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 313-326.

Gérard Bonnet : le remords. de l’auto-analyse de freud à la clinique des adolescents

L’auteur s’appuie sur un précédent ouvrage relatant la place du remords dans l’analyse d’un adolescent devenu meurtrier pour relire et réinterpréter la place de cet affect dans les textes où Freud témoigne de son auto-analyse. Il en dégage une théorie implicite, qui rejoint la théorie explicite, à peine ébauchée, et il souligne en particulier la face active et positive de cet affect présenté le plus souvent comme un handicap. Il montre ensuite les différents visages que prend le remords dans la clinique de l’adolescent en partant des principales caractéristiques qui se sont dégagées des analyses précédentes, de façon à en faciliter le repérage, la prise en compte et l’évolution. Cette étude veut aussi contribuer à mieux différencier les affects majeurs et à montrer comment se positionner quand l’un d’entre eux apparaît central et dominant, qu’il s’agisse de la honte, de la culpabilité, de la tristesse ou du remords.

Gérard Bonnet : le regard. Le signal avant-coureur de l’énigme

C’est seulement depuis un demi-siècle environ que la philosophie et les sciences humaines considèrent le regard pour lui-même et étudient sa présence et son action dans la vie actuelle et dans l’histoire. Se fondant sur les recherches récentes des historiens des mentalités, l’auteur suit pas à pas la façon dont s’est effectuée cette émergence, de façon à dégager la spécificité de la notion freudienne correspondante.

 

Il envisage ensuite comment la psychanalyse est parvenue progressivement à situer le regard au sein des objets qui régissent notre vie inconsciente. Tantôt confondu avec le sexe, avec une instance surmoïque, ou tutélaire, ou avec un objet partiel, il est plutôt à définir comme le signal avant-coureur du message énigmatique, condensant le noyau sexuel du message et poussant le sujet à lui donner corps d’une façon ou d’une autre.

Gérard Bonnet : touche pas à ma sexualité

L’exhibitionnisme pornographique collectif a pris aujourd’hui la place de l’exhibitionnisme individuel des temps passés, et il nous lance un nouveau type de défi. On assiste en effet à une invasion d’images inspirées des films X qui touche de plus en plus les enfants et les adolescents : alors que leur passage à la sexualité adulte suppose une élaboration imaginaire où la pudeur tient une place capitale, ces exhibitions risquent de court-circuiter les trajets du désir. L’auteur montre que cette confrontation est devenue en quelques années une nouvelle épreuve initiatique pour les jeunes, la principale en matière de sexualité. Il souligne les difficultés que cela entraîne et dégage de sa connaissance de l’exhibitionnisme quelques pistes pour accompagner les plus démunis. Plutôt que de se réfugier dans la voie du tout répressif, qui ne ferait qu’intensifier le phénomène, il invite à mesurer notre responsabilité collective et à reconsidérer notre conception de la sexualité à l’aune de la créativité humaine.

Gérard Bonnet : le trouvère. Quand la rivalité des doubles tourne à l’atteinte du corps propre

 

L’adolescent qui s’en prend à son propre corps est souvent enfermé dans une logique des doubles dont il cherche à se protéger et à émerger. Celle-ci présente l’avantage de maintenir l’illusion de toute-puissance éprouvée quand il était enfant, de la projeter en l’autre avec la violence qui l’accompagne, et de fixer cette dernière en la retournant sur soi de façon ciblée et limitée. Les automutilations qu’il s’inflige constituent ainsi des témoins réels de l’illusion dont il a besoin pour se construire. L’intérêt d’une œuvre comme Le Trouvère de Verdi est de nous faire accéder au scénario mythique sous-jacent à ce type de comportement et d’ouvrir la voie à son analyse. On y découvre en particulier comment l’automutilation constitue chez certains adolescents un rite de passage grâce auquel ils s’affrontent à un double mythique, d’abord à leurs dépens, mais en gardant aussi la possibilité de le démasquer.

Gérard Bonnet : l’écho lointain du big-bang pubertaire à l’approche d’une fin d’analyse

Agnès, la cinquantaine, envisage de terminer son analyse, mais voudrait comprendre pourquoi elle garde toujours au fond d’elle-même l’impression contradictoire d’être une victime, tout en se sentant terriblement coupable. Elle fait alors un rêve où elle remet en scène la façon dont elle a vécu sa puberté. L’analyse de ce rêve, puis d’un autre, centré sur la séparation, la conduit à repérer qu’elle a mal vécu ce moment crucial en raison d’un attachement excessif à sa mère et du fait qu’elle s’est enfermée dans ses contradictions.

Gérard Bonnet : la perversion transitoire à l’adolescence

La notion de perversion transitoire a été utilisée il y a cinquante ans à propos de l’adolescent dans un article de R. Lebovici commenté et discuté par J. Lacan dans son séminaire et ses Écrits. L’auteur montre comment elle s’est perdue dans les méandres des discussions qui sont intervenues par la suite à propos de la perversion adulte. Pourtant, elle s’impose particulièrement aujourd’hui où l’on a tendance à préjuger de l’avenir d’un sujet à partir de ses comportements d’enfant ou bien d’adolescent. On s’aperçoit qu’elle témoigne d’une difficulté à faire prévaloir certains messages sur l’expression sexuelle proprement dite et constitue un préalable à l’identification sexuelle. Le qualificatif de transitoire suffit à signifier que ce n’est pas une perversion au sens où on l’entend chez l’adulte, ce qui n’empêche pas qu’elle ait beaucoup à nous apprendre à son propos.