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Gérard Bonnet : symptôme et conversion

 

Le terme conversion, proposé très tôt par Freud, désigne le passage d’une expression psychique à sa manifestation somatique. L’auteur rappelle pourquoi il en propose une conception élargie, faisant de la capacité de conversion une potentialité intrinsèque au symptôme comme structure. Il pose ensuite la question du statut de cette notion à l’adolescence. Non seulement on y assiste souvent à des conversions au sens restreint, mais le long cheminement qui s’impose alors reprend souvent tel ou tel trait de la conversion entendue au sens large. Ce parcours est commenté à partir d’un cas de soliloquie transitoire, déjà proposé dans un article sur la honte, qui s’apparente à une conversion de type philosophique ou religieuse. C’est l’occasion de signaler le rôle joué successivement par les idéaux, l’affect, le fantasme, « l’autre étranger », et surtout de préciser en quoi consiste la capacité de conversion. Il s’agit du ressort qui assure l’encaissement des séductions précoces ainsi que la réaction qui s’ensuit, ce qui donne au sujet la capacité à régresser et à rebondir, à s’enfermer et à s’ouvrir, indispensable à son ancrage dans l’univers où il est appelé à vivre.

Serge Lesourd : l’incontournable passion mystique de l’adolescent

Le temps psychique de l’adolescence confronte nécessairement le sujet à la désidéalisation des dieux infantiles, ceux que l’enfant se crée du fait de sa dépendance fondamentale. Or le lien social postmoderne a changé le statut des dieux sociaux, faisant de la passion mystique adolescente non plus une “ assomption ” symbolique de ceux-ci, sous la forme d’un Idéal du moi intériorisé, mais une “ incarnation ” dans la réalité des dieux qui soutient un moi-idéal en conformité avec la divinisation de l’humain que prône le libéralisme postmoderne. La passion mystique de l’adolescent prend donc des nouvelles formes dont témoigne la psychopathologie actuelle de l’adolescence.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 9-21.