Archives de catégorie : Psychothérapie V – 2012 T. 30 n°3

Jack Novick, Kerry Kelly Novick : maîtrise ou traumatisme : le choix adolescent

Une description complète de l’adolescence peut être faite à partir d’un modèle conceptuel articulant deux types de systèmes, ouverts et fermés. Loin de représenter des catégories diagnostiques, ces systèmes sont des constructions illustrant différents choix possibles, pour l’adolescent, d’adaptation à un moment critique de son développement. Les systèmes ouverts signent l’effort pour transformer le soi, tandis que les systèmes fermés indiquent un besoin de contrôler, forcer, changer les autres. La référence à ces deux systèmes est profondément porteuse pour la pratique et la théorie, notamment parce qu’ils ouvrent à un regard différent sur l’adolescence, dont le but ne serait plus la séparation mais bien la transformation.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 711-724

Paola Carbone, Elisa Casini, Anna Ferrari : once. se rencontrer et se dire adieu

Les Urgences sont un des services sanitaires les plus fréquentés par les jeunes. Deux phénomènes principaux en cause : les accidents et les somatisations. Un point commun : un corps à la fois acteur et victime des troubles et des agirs adolescents. À partir d’une recherche menée dans cinq hôpitaux à Rome entre 2000 et 2002, et notamment au Service des Urgences de San Eugenio, nous proposons une réflexion sur la valeur clinique et la fonction évolutive d’un entretien clinique unique(« once »). En tenant compte des différentes temporalités en jeu dans cet espace de rencontre, comme des expériences de crise et de surprise à l’œuvre, nous verrons comment l’entretien aux Urgences peut devenir l’occasion, le « risque créatif » d’une durée, d’une longue durée dans un instant, mais aussi d’un nouveau point de vue sur l’évènement vécu par l’adolescent, si nous savons accueillir sa temporalité paralysée et lui permettre de s’approprier sa propre histoire de vie.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 687-708

Gianluigi Monniello : amour et subjectalisation

Les parcours possibles des affects de la vie amoureuse, d’abord au temps de la naissance de l’objet, puis comme investissement de soi et de l’autre, pour se poursuivre enfin dans l’amour dit mûr, se télescopent dans les innombrables formes et dans l’intensité de l’amour de transfert. À partir de la dynamique transféro-contre-transférentielle à l’œuvre dans l’analyse d’Antonella, nous verrons comment la clinique illustre les nombreuses vicissitudes traversées par les adolescents, leurs solutions symptomatiques infinies, les innombrables souffrances de leur vie amoureuse, liées à la fidélité à l’identification primaire, à la force de ce lien aimé et haï, mais aussi, en même temps, à la réactivation des processus de subjectalisation et de subjectivation.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 673-686

Yves-Félix Montagne : élèves et professeurs, nouveaux inventeurs, à leur insu

Il s’agit de proposer une lecture du couple emportements des élèves/réponses des professeurs, depuis le champ conceptuel de la psychanalyse, et de considérer ces faits comme des créations pulsionnelles, des trouvailles subjectives de sujets désirants. Ce postulat s’appuiera sur l’élaboration conceptuelle et praxique de Freud et J. Lacan, qui rend compte d’événements analogues aux éruptions des élèves et aux réponses des professeurs, survenant dans la pratique de la cure entre analyste et patient. Une telle position heuristique permettra d’établir l’hypothèse que certains élèves ont recours à l’acting outen cours et que des réponses qui surgissent chez leur professeur sont de l’ordre du « savoir y faire ». Dans cette perspective, les inventions adolescentes et leurs échos adultes sont les témoins d’une réalité scolaire nouvelle qui permet à des adolescents et à des professeurs de se construire l’un avec l’autre. Ces conduites seront pointées par une analyse interprétative du discours des sujets de la leçon quand ils parlent de ce qu’ils vivent.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 659-671

Laurence Chekroun : faut-il un ou une thérapeute pour ce jeune patient ?

Ce texte est issu de discussions et de réflexions entre mon travail de psychanalyste et celui de superviseuse. Je l’ai écrit suite à une discussion avec une assistante que je supervise. Elle me parlait de ses préoccupations concernant des entretiens avec de tout jeunes adolescents très inhibés et silencieux en séance avec elle. Cette difficulté récurrente l’avait conduite à se/me demander s’il n’aurait pas été plus judicieux de les adresser à des thérapeutes hommes ? J’ai alors essayé de réfléchir aux moyens de sortir de l’impasse dans laquelle elle se sentait prise avec eux.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 649-657

Nicole Calevoi, Solange Thiry : les processus psychiques de la médiation : l’« atelier des enveloppes »

Nous interrogeons la pratique et l’articulation théorico-clinique d’un atelier à médiation dans un centre de jour. À travers le cas clinique de Maud, nous vous présentons le travail de collaboration entre l’artiste et les différents intervenants qui effectuent un travail psychanalytique à plusieurs autour de patients difficiles. L’aspect processuel du travail à médiation est complémentaire de l’approche verbale chez ces patients en manque de symbolisation.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 635-648

Xavier Gassmann, Céline Masson : un pas pour jouer. jouer sur le pas : rêver/créer

Confronté aux enjeux du remaniement de l’adolescence, le sujet en adolescence est aux prises avec ce qui, dans la relation d’objet, advient à partir d’une perte nécessaire. Lorsque la séparation en tant que processus n’est pas dialectisable, elle maintient le sujet dans une position d’inféodation qui le clôture dans un enfermement. Ouvrir un espace de créativité à l’endroit de ces mises en fermeture, telle est la proposition faite à partir d’ateliers de création menés par des artistes dans un centre de jour. Les supports étayés par l’artiste réalisent un « portage » entendu sur le versant du holding et du handling, au sens où l’artiste établit une rencontre à partir d’une matière qu’il porte psychiquement et dont il peut accueillir les traits, les esquisses de mise en forme de l’adolescent.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 617-633

Vincent Dodin et collaborateurs : soins à médiation multi-sensorielle

Nous avons mis au point une thérapie psychosensorielle que nous avons appelé Soins à médiation multi-sensorielle (SMMS). Dans les formes sévères d’anorexie mentale dans lesquelles les sujets maltraitent gravement leur corps, nous avons eu l’idée de proposer un espace psychothérapique singulier, dans un environnement sensoriel agréable, autorisant le patient à se mettre dans une position régressive qui lui facilite l’accès à des souvenirs infantiles, mais aussi à des ressentis psycho-affectifs archaïques. Cet espace thérapeutique utilise des stimulations olfactives par le biais d’odeurs choisies au cours d’un atelier d’olfactothérapie et les combine à un enveloppement corporel chaud, un environnement musical relaxant et à la pénombre de la pièce. L’objectif de ces soins est d’amener le sujet anorexique à revisiter des souvenirs infantiles tant agréables que traumatiques et de l’aider dans un cadre contenant à se construire une séc0urité psychocorporelle qui lui était jusque-là défaillante.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 603-616

Pierre Delion : le packing, son aventure et ses avatars

La technique du packing est éclairée par la psychopathologie psychanalytique. Toutefois, les études récentes, neuro-physiologiques, développementales, psychopathologiques et institutionnelles viennent converger pour donner à ce soin une possibilité de construire un cadre psychothérapique avec les enfants et les adolescents autistes et psychotiques, à condition de l’intégrer dans une complexité institutionnelle qui prend en compte tous les aspects nécessaires à la prise en charge du sujet en question. Les menées violentes de ses détracteurs sont relativisées par rapport aux bons résultats cliniques obtenus, dont un programme de recherche clinique hospitalier doit rendre compte dans les prochains mois.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 582-601