Archives par mot-clé : Transfert

François Pommier : idéalisation, pré-adolescence et transfert

En retraçant le déroulement de la cure d’une de ses patientes, l’auteur cherche à montrer les viscissitudes de la relation transférentielle jusqu’au moment de la déliaison analytique permettant la sortie de l’analyse. Le point de bascule apparaît dès lors que l’analyste s’attache à revisiter contre-transférentiellement les relation consensuelles de la période de latence. La patiente, entravée dans son fonctionnement depuis la puberté, consent alors à problématiser les images  parentales de sa pré-adolescence et trouve une nouvelle dynamique, qui la conduit à découvrir les éléments structurels de sa personnalité. L’auteur insiste sur la manière dont l’analyste est amené à se déplacer dans la cure pour finalement adopter une position de témoin lui permettant de s’extraire du processus d’idéalisation dans lequel tendait à l’enfermer sa patiente et de faire sortir cette dernière de la situation de précarité dans laquelle l’enfermait le travail analytique. L’auteur explique dans quelle mesure, sur le plan contre-transférentiel, ses propres angoisses et l’expression de sa position parfois vertigineuse permet à sa patiente de faire la traversée de sa pré-adolescence.

Richard François : la rencontre avec l’adolescent en cure d’adulte dans la clinique psychanalytique contemporaine

Dans cet article les nouvelles formes de contradiction-conflits résultant des changements relatifs à la perception des limites que rencontrent de nos jours les psychanalystes dans leur pratique, sont envisagées du point de vue des notions de travail du négatif et de subjectivation, à partir de cas cliniques présentant à la fois des fonctionnements névrotiques et cas-limites. L’accent est mis sur l’importance de la rencontre avec l’adolescent dans l’adulte, ainsi que sur la nécessité d’analyser après-coup dans les cures d’adultes, la mise en place lors de l’adolescence de systèmes défensifs spécifiques empêchant l’accès aux détresses infantiles primitives. L’hypothèse d’un trouble précoce de l’identification primaire aux fondements de ces fonctionnements amène à souligner l’importance de la reconnaissance par l’analyste de ses propres résistances à son implication subjective dans la rencontre analytique et, à partir de là, à envisager les modalités de l’interprétation et du dispositif. La présentation d’un cas de “ psychanalyse de face à face ” tend à montrer que les nécessaires aménagements de la technique, ainsi qu’un rapport bien problématisé à la théorie, rendent possible un vrai travail psychanalytique avec les patients souffrant de fonctionnements limites.

Jean-Yves Le Fourn : l’“ amoitié ”. de Jonathan à JN. A. Rimbaud

L’amitié adolescente n’est-elle pas ce chemin qui mène ce dernier de l’enfance au monde adulte en passant par ce registre de l’amoitié (amour/amitié).

Les exemples cliniques de Jonathan et de JN. A. Rimbaud nous guiderons et interrogerons sur ce “ concept ” de l’amoitié adolescente qui serait une relation libidinale mais dont le but sexuel est sublimé en quelque chose par la société comme la solidarité, la justice, la fidélité.

Maja Perret-Catipovic : Haine de transfert – Haine du transfert

À la différence de l’agressivité, qui vise à blesser l’autre, la haine s’attaque à l’existence même de l’autre en tant qu’objet différencié. Elle ne doit cependant pas être confondue avec la destructivité dans la mesure où elle est garante d’un lien indéfectible entre patient et thérapeute. Elle est certes difficile à tolérer dans la relation transféro-contre-transférentielle mais elle ne constitue pas pour autant le danger majeur pour la poursuite d’un processus thérapeutique.

Didier Lippe: Juliette ou l’ en-quête d’ un objet mal identifié

En développant largement le cas d’une jeune patiente boulimique autour de moments mutatifs de la relation transférentielle et des aléas fructueux d’un transfert latéral dans sa cure, j’essaie de mettre en évidence les aspects particuliers et spécifiques de sa relation d’objet Je propose de voir dans la problématique d’addiction et de dépendance à l’objet alimentaire des failles dans les processus précoces d’identification liées au fait que l’objet originel d’investissement serait « mal identifié » ou se serait « mal fait identifier ». L’objet ne pourrait alors être introjecté mais seulement incorporé. I1 en résulterait la quête sans fin (dépendance), non pas tant de l’objet lui-même, que d’une tentative d’identification « de » cet objet pour s’y identifier et s’en désaliéner.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 307-323

Philippe Gutton : le paradoxe mystique

L’évolution mystique de Thérèse de Lisieux est examinée à partir du modèle de l’état d’illusion (selon l’approche de D. W. Winnicott). Ce dernier défini par sa paradoxalité “ Moi, non-Moi ”, “ vivre-mourir ”, est fragile sous la menace d’une injonction paradoxale. Toute son enfance, cette menace fut mise en acte par ce que Thérèse nommait après la mort de sa mère “ ses mamans ”. Enfance fort mouvementée qui se révéla mystique lorsque à l’adolescence ses tuteurs d’illusions se condensèrent en “ maman-Jésus ”. “ Conversion ” dit-elle, transfert bientôt consolidé par sa vocation de carmélite et sa doctrine.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 65-88.

Paola Marion : discussion 2

Cet article parle du matériel clinique présenté par Kari Hauge dans la lignée de réflexion sur les enjeux du traumatisme, de la régression et du transfert. Le traumatisme, dans ce cas, semble être lié à l’ensemble de la vie de la patiente et en particulier à son incapacité à déployer un vécu de continuité et de stabilité d’être. Cette problématique est explorée du point de vue de la répétition du traumatisme à l’adolescence et de ses manifestations dans la situation analytique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 41-52.

Philippe Gutton : perlaborer dans la cure

Lorsque la création adolescente ne parvient pas à reconstruire le Moi-je en tenant compte de la nouveauté pubertaire, le psychanalyste doit inventer une pratique spécifique ; soit un travail de construction auquel l’adolescent est susceptible de s’identifier. Lorsque la création adolescente n’est ni partageable ni partagée, la cure doit proposer un champ commun où peut se développer une perlaboration à deux au sein de laquelle les conditions (en règle infantile) de l’impasse (breakdown) sont imaginées ensemble.

Sont travaillés successivement : – les modalités de l’intervention, en particulier leur souplesse et leur limite ; – la différence de fait que l’adolescent apporte un matériel ou non ; – le processus en jeu dans les constructions du psychanalyste en l’occurrence la sublimation qui est mise en opposition avec l’emprise de l’idéal ; – l’implicite risqué de la déconstruction dans toute suggestion imaginaire de l’analyste.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 747-780.

Christian Bonnet, Stéphanie Pechikoff : roman adolescent et scènes pubertaires

Nous proposons la notion de roman adolescent à entendre ainsi : l’articulation de la structure du roman familial à des scènes pubertaires, comme scènes « neuves » ou  compositions-créations, dans une dimension plus élaborative que défensive. Le roman adolescent n’est pas une simple réédition, mais bien la création d’un scénario désirant dont le mouvement exige trois temps logiques : une mise en tension des structures du roman familial ; la mise en exergue de scènes pubertaires composées de « blasons » attachés à des axes désirants ; enfin, un mouvement narratif produisant transférentiellement ce roman adolescent dans les entretiens cliniques. Les cas de Gunther et de Céleste analysent les romans, leurs formes ainsi que leurs fonctions d’élaboration et de construction psychique au service du processus adolescens. Le roman adolescent quand il se révèle sous transfert, est spécifique et se distingue du roman familial freudien par la représentativité des scènes pubertaires.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 787-800.