Archives par mot-clé : Psychothérapie

Benjamin Jacobi : Plainte et adolescence

Après avoir décrit les plaintes ordinaires, nécessité du temps de l’adolescence, ce texte, à partir d’un travail clinique, présente les spécificités de l’apparition et du travail thérapeutique avec la plainte de l’adolescent. La place d’une scène traumatique pour manifester la plainte et son contenu, faits d’investissements narcissiques très intriqués aux investissements libidinaux sont considérés comme caractéristiques de la plainte à l’adolescence.

Denis Hirsch : Charlotte et la chute libre : à propos du récit d’action dans les psychothérapies d’adolescents

A partir d’une séance de psychothérapie d’une adolescente de dix-neuf ans, l’auteur montre l’articulation entre le  » récit d’action  » dans la séance et l’espace externalisé hors séance dans lequel s’est déroulée cette action que nous raconte l’adolescente. L’auteur souligne l’effet de liaison et d’intégration pour les conflits internes de l’adolescence que permet l’utilisation d’un tel  » espace thérapeutique élargi « , lorsqu’il peut se figurer dans l’après-coup de la cure analytique individuelle avec le thérapeute, sous l’égide de la névrose de transfert.

Jean Guillaumin: Expérience esthétique et identité à l’ adolescence

L’auteur étudie les manifestations et le rôle dans l’adolescence de l’expérience esthétique, affects et représentations, comme substitut et complément, en cas de défaillance, des « doubles » à valeur de « conteneurs » qui étayent et garantissent l’élaboration pubertaire et post-pubertaire de l’identité. Il considère en ce sens que l’expérience esthétique constitue un réceptacle de recours privilégié pour les angoisses identitaires les moins traitables, donnant, aux limites-mêmes du Moi, entre dehors et dedans, un statut spécifique à l’inquiétante étrangeté au sein d’une part de la réalité investie sur le mode perceptif.

Yann Leroux : le jeu vidéo comme support d’une relation thérapeutique

Depuis maintenant une vingtaine d’années, les jeux vidéo se sont profondément installés dans notre culture. Les adolescents y trouvent des espaces dans lesquels les enjeux de l’adolescence peuvent être joués et rejoués. Des psychothérapeutes ont commencé à les utiliser dans le cadre de médiations psychothérapiques. Le texte rapporte la construction d’un dispositif de soin : le groupe thérapeutique Jeu vidéo. Celui-ci est pensé comme un appareil de travail permettant de stimuler et d’accueillir les affects et les pensées. Ce type de médiation est particulièrement intéressant dans la prise en charge d’enfants ou d’adolescents dont l’inhibition massive hypothèque d’emblée le projet thérapeutique. La notion de « ludopaysage » rend compte d’une partie du travail psychique qu’appelle le jeu vidéo. Le cas de Julien permet d’illustrer le travail effectué.

Adolescence, 2009, T. 27, n°3, pp. 699-709.

Alix Bernard : les séparations d’amadou

Cet article rend compte d’un travail de psychothérapie individuelle entrepris avec un adolescent sourd, au sein de l’institution spécialisée où il était accueilli, et montre combien l’adolescence peut être une crise violemment désorganisatrice, mais aussi un moment où se mobilisent de nouvelles ressources. Séparé de sa famille du fait de son handicap depuis l’âge de quatre ans dix mois, l’entrée en puberté ramène au premier plan la question de cet éloignement. Amadou évoque alors différentes versions de cette séparation, véritables « scènes pubertaires » (Gutton, 1991) dans lesquelles s’actualise l’événement infantile, la violence de cet événement se liant à celle de l’adolescence. La crise traversée est l’occasion d’élaborer le trauma infantile, et de trouver et d’interroger les appuis proposés par l’environnement – la psychothérapie, l’institution et l’entourage familial. Cette étude de cas permet de réfléchir plus généralement aux enjeux œdipiens de la séparation, la visite de ses parents à l’acmé de sa crise lui ayant permis de s’engager plus avant dans un processus adolescens (Gutton, 1996). Ce travail offre également l’opportunité de s’intéresser aux travaux d’anthropologues et psychanalystes (Erny, 1972, 1988 ; Ortigues, 1966) dont les travaux apportent un éclairage précieux sur la séparation de l’enfant d’avec la mère et la famille, et sur les spécificités de l’organisation œdipienne en milieu africain.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 795-815.

David Le Breton : adolescence et prise en charge thérapeutique

Les conduites à risque sont des manières pour le jeune de lutter contre sa souffrance. Les modes de résolution des tensions sont multiples, elles impliquent notamment des pratiques culturelles comme le théâtre, la musique, le sport, etc. ou des rencontres. La psychothérapie d’inspiration analytique vaut surtout pour le jeune qui en accepte le principe. Mais elle implique un ajustement du cadre, et une implication du thérapeute. La qualité de la relation est aussi importante que le contenu des paroles échangées.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 781-793.

Odile Falque : michèle et la confirmation

La Confirmation forme avec la Baptême et l’Eucharistie un des trois sacrements de l’initiation chrétienne pour la religion catholique. À travers le cheminement d’une adolescente en psychothérapie, la notion du rite est remise en question dans son articulation avec le processus d’adolescence. D’une part, la Confirmation exerce une fonction symbolique par la référence à l’Esprit Saint avec des gestes et des paroles qui inscrivent le sujet adolescent dans une communauté. Elle marque une évolution dans la foi. Elle permet une certaine appropriation de la subjectivation adolescente dans les questionnements autour de l’identité, du paradoxe mort-vie. Elle favorise la filiation par la différence des générations, elle apporte un étayage par les représentants qui transmettent un héritage, elle propose de nouvelles responsabilités. D’autre part, elle ne prend pas en compte les transformations de la puberté comme intégration du corps sexué dans la différence des sexes et elle semble rester dans le registre de l’idéalisation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 529-544.

Florian Houssier : mort du père et impasse de l’élaboration des vœux parricides à l’adolescence

À la différence des vœux incestueux, les vœux de mort envers le parent de même sexe restent dans la sphère fantasmatique et ne sont pas destinés à trouver une voie de  réalisation. Comment élaborer le meurtre symbolique d’un père décédé accidentellement, investi d’une intense ambivalence avant sa disparition ?

C’est la problématique rencontrée par Paul, jeune homme de dix-neuf ans ; les extraits de sa psychothérapie montrent notamment comment le maintien de l’idéalisation d’un père devenu une icône contribue à l’impossibilité d’élaborer cette perte.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 321-329.

Stephan Wenger, Fulvia Raiola : cheval de troie

François et son père, portant le même prénom, forment un duo au fonctionnement paranoïaque. Avec l’arrivée du pubertaire, ce système a décompensé. François a été traité en Centre Thérapeutique de Jour. La psychothérapie psychanalytique institutionnelle offre une souplesse indispensable offrant notamment des opportunités d’adaptation de cadre salutaires. Ce travail en équipe a permis de développer une approche particulière de cette famille.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 171-178.

Jacques Vargioni : une grève de la faim en blanc et noir

À la suite d’une anorexie post-traumatique sévère, Imane, dix-sept ans, entama une psychothérapie analytique en institution dont les débuts furent chaotiques. Un rêve, dans lequel figurait un fantasme d’ingestion de lait noir maternel, permit d’engager une mutation. Le transfert servit de support à la mise en mouvement et à l’élaboration d’une série complexe d’identifications à l’agresseur.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 159-169.