Archives par mot-clé : Psychose

Isée Bernateau, Teresa Rebelo : « Un “ plume ” à la patte », psychopédagogie et subjectivation

À travers le cas de Wu-Ying, adolescent psychotique, nous essayons de montrer quels chemins le travail de liaison psychique peut emprunter. Le choix d’une aire transitionnelle à trois associant une enseignante de lettres et une psychopédagogue – toutes les deux psychologues cliniciennes – et la fréquentation d’une œuvre littéraire originale, Plume d’Henri Michaux, ont permis à Wu-Ying de subjectiver son histoire, grâce au jeu dynamique de la passivité et de l’activité pulsionnelle.

Delphine Scotto Di Vettimo, Claude Miollan : entre honte et psychose : réflexion sur un savoir supposé

Le traitement psychothérapique d’adolescents confrontés à une expérience psychotique fait apparaître un sentiment de honte caractéristique. La première hypothèse ici envisagée prend en compte l’existence de honte chez le psychotique en tant qu’éprouvé archaïque qui remet en question l’outillage conceptuel freudien – classique – de la honte structurale post-œdipienne. La deuxième hypothèse postule que dans le travail clinique, l’expression de la honte comme épreuve ontologique au regard de l’Autre constitue une tentative du sujet de s’éprouver comme tel. Notre réflexion insiste, à travers une évocation clinique, sur cette co-occurrence entre expérience psychotique et sentiment de honte.

Stephan Wenger : d’une mise au « monde » du psychotique

Les manifestations psychotiques à l’adolescence peuvent présenter un aspect défensif face à la maladie psychotique, un breakdown (Laufer M. et M. E.). Fanny a présenté une activité délirante et hallucinatoire ; ses symptômes ont disparu après deux années de psychothérapie. La technique psychothérapique doit suivre un fil rouge : la conviction que le délirant et l’hallucinatoire appartiennent au monde interne du patient et s’intègrent au récit qu’il fait de lui-même ; le fil associatif de la séance permet de suggérer au patient le rapatriement dans son espace psychique des éléments psychotiques. Une mise au « monde », identité qui se crée, par le psychotique.

François Richard : travail de représentation et processus psychotique

Dans cet article est faite l’hypothèse que le processus de subjectivation, en particulier à l’adolescence, recourt à la fermeté d’un style, qu’il soit de posture personnelle ou artistique, lorsque le sujet est menacé par des attaques psychotiques. On le voit alors intensifier son travail de pensée et de représentation, mais on distingue alors difficilement l’excès de conscience mélancolique, l’angoisse psychotique et un type de sublimation fasciné par le chaos pulsionnel. Une seconde hypothèse est faite concernant, à l’inverse, l’utilité d’une certaine solitude et de compromis masochistes avec l’objet et la réalité.

Un moment de crise d’allure psychotique chez une adolescente relevant d’une problématique névrotique est présenté dans la mesure où la quête de la singularité d’un style y endigue la décompensation.

Le théâtre de l’auteur dramatique S. Kane est ensuite analysé en détail, en effet on y trouve de façon exemplaire le paradoxe d’un suicide succédant à une maîtrise représentationnelle réussie.

Sont enfin discutées les propositions de Freud sur la destructivité masochiste et celles de D. W. Winnicott sur le noyau du vrai Self comme non-communication.

Laurence Chekroun : l’évolution d’une adolescente psychotique en psychothérapie

À partir des théories de E. et M. Laufer sur l’adolescence et celle de G. Haag à propos du développement normal des bébés, cet article propose des réflexions concernant l’évolution d’une adolescente en psychothérapie après une « cassure du développement » et l’apparition d’un délire au moment de la puberté.

Philippe Gutton : solitude et désolation

Article théorique. La solitude est définie comme un affect qui exprime l’écart, ou la limite, entre les objets externes et les objets internes suffisamment bon pour permettre l’activité créatrice d’un sujet. Cet écart est justement critique à l’adolescence. La désolation est le vide interne de la psyché ne trouvant pas dans l’environnement de traces pour sa créativité ; la désolation serait la base des processus psychotiques de modalités dépressive, hallucinatoire et paranoïaque.

Nathalie Guillier-Pasut, Daniel Derivois : trajet d’une relation clinique avec un adolescent créateur

L’adolescent est extrêmement sensible à sa rencontre avec l’autre, à la fois très investie et fortement redoutée. À partir de la rencontre avec un adolescent accueilli en unité d’hospitalisation dans le champ de la psychiatrie infanto-juvénile, et au travers d’une réflexion sur les enjeux méthodologiques d’un dispositif thérapeutique, cet article interroge le trajet, pas à pas, de la relation clinique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 439-458.

Simon Flémal, Alex Lefèbvre : un travail de l’adolescence impossible : entre mort, délire et création

À travers les remaniements psychiques qu’elle préside, l’adolescence convoque le sujet pubertaire dans la double tâche de s’extraire des passions infantiles ainsi que de faire l’expérience de nouvelles modalités d’accomplissement pulsionnel. Afin de rendre compte de cette implication subjective spécifique au processus adolescentaire, les auteurs proposent le concept de « travail de l’adolescence ».

En se basant sur une vignette clinique, le présent texte développe les principales propriétés de ce travail de l’adolescence. Et ce, dans les circonstances d’une adolescence impossible en raison de l’enkystement d’une problématique archaïque au sein du fonctionnement psychique du sujet. Par le biais des opérations défensives mises en œuvre, telles que l’émergence délirante et la production artistique, le travail de l’adolescence est ainsi investigué dans le cas d’un envahissement maternel traumatique venant perturber la dynamique des enjeux identitaires.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 299-314.