Archives par mot-clé : Narcissisme.

François Ladame : haine et adolescence : qui hait qui ?

La question de la haine et de l’adolescence est vue comme un jeu de miroir : d’un côté, la haine que peut ressentir l’adolescent et qui peut être une haine de l’autre comme une haine de soi ; de l’autre côté, la haine dont l’adolescent peut être la cible, la haine contre les adolescents.

Adolescence, 2015, 33, 2, 289-299.

Houari Maïdi : la révolte narcissique

La haine est profondément de type narcissique. Elle traduit une défense archaïque, une protection extrême contre la menace d’effondrement psychique et narcissique. Elle peut être inoffensive, ou au contraire agressive et destructive, cherchant à abolir l’altérité. À l’adolescence, le mouvement affectif de haine semble nécessaire à l’endroit des objets parentaux et plus globalement vis-à-vis de l’environnement car l’adolescent a le sentiment d’être « mal regardé », passivé ou féminisé.

Adolescence, 2015, 33, 2, 277-288.

Dimitri Weyl : un mouvement d’émancipation d’une subjectivité contemporaine

Cet article propose de se pencher sur la figure de l’adolescence, développée et filmée par Jacques Audiard dans De battre mon cœur s’est arrêté (2005). Et de voir comment l’image-mouvement et l’écriture cinématographique rencontrent les concepts psychanalytiques en un enrichissement réciproque. Ce film dépeint une problématique adolescente – dans une course à la jouissance perpétuelle – et nous donne à sentir les mouvements somato-psychiques qui vont permettre à ce jeune homme de s’en émanciper.

Adolescence, 2015, 33, 1, 219-230.

François Pommier : de la passion parentale à l’homosexualité naissante

Les situations cliniques comparées de deux hommes ayant présenté des relations de type homosexuel à l’adolescence conduit à appréhender l’homosexualité naissante en rapport avec le désarroi de l’adolescent confronté au langage de la passion parentale. Il résulte de cette étude que si le passage à l’acte homosexuel à l’adolescence consiste à chercher un autre soi-même en miroir à l’extérieur de soi, c’est essentiellement en fonction de l’image des parents confondus en un seul qu’il se constitue. La relation homosexuelle à l’adolescence ne se construit peut-être pas tant en suivant un processus de similarité qu’en s’organisant autour d’une confrontation à l’autre, différent de soi et essentiellement énigmatique.

Claude Savinaud : avoir un père

Un des aspects de l’homosexualité d’adolescence se vectorise sur l’axe de la relation au père grandiose. Cette représentation aliénante fige le sujet dans une soumission masochiste conduisant à un auto-érotisme infantile. La nouveauté de l’accession à la puberté s’en trouve déjouée dans ses attendus œdipiens : évitement de la castration, rabattement de la figure symbolique du père dans les jeux de séduction phallique de l’Œdipe négatif. Nous faisons l’hypothèse d’un investissement pulsionnel d’un “ père maternel ” soignant la détresse de l’adolescent, délaissé par la mère, en le séduisant.

Christian Seulin : remaniements du symbole phallique à l’adolescence

L’adolescence confronte le sujet à l’intégration de son identité sexuelle génitale et à son devenir d’adulte au milieu d’autres adultes. Ces changements ne vont pas sans conduire au remaniement de la symbolique phallique, signe de complétude narcissique dont les supports corporels se référent au corps total et au pénis. En même temps que l’évolution du symbole phallique, s’opère une révision des idéaux qui y sont associés. Les difficultés rencontrées s’accompagnent de mouvements défensifs, en particulier homoérotiques, susceptibles de se fixer. Les modèles d’identification proposés au jeune par les adultes influent de façon importante sur son devenir.

André Green : psychanalyse et temporalité. entretien avec françois richard

Dans cet entretien, répondant aux questions posées par François Richard, André Green revient sur ses travaux désormais classiques sur la temporalité (La diachronie en psychanalyse, Le temps éclaté). Il les replace dans le contexte intellectuel et psychanalytique de l’époque, précise ses positions sur les relations entre structure et développement et sa conception du Moi-Sujet. Ceci l’amène à approfondir ses conceptions concernant les relations entre cas-limite et psychose à partir des propositions de Freud sur la mélancolie, et du même coup à discuter la technique et l’éthique des prises en charge cliniques.

La question des relations entre psychanalyse et temporalité définit l’adolescence comme exemplaire d’une potentialité psychotique dont André Green cherche à théoriser la spécificité tout en prenant en compte la dimension sociale et culturelle.

Jocelyne Chastang : remords et re-mords, d’une homonymie inquiétante

Resituant le remords en lien avec la pulsion scopique et la castration maternelle, selon les travaux de Bonnet (Le remords. Psychanalyse d’un meurtrier), cet écrit tente de cerner l’évolution de cet affect, et notamment son intrication dans le processus de l’adolescence. L’hypothèse que le remords, en tant qu’angoisse d’effroi, peut sous certaines conditions, pousser à l’acte, sera développée, s’étayant sur le cas d’un patient ayant commis un meurtre immotivé en fin d’adolescence. Au travers de la reconstruction de l’enfance et de l’adolescence de ce patient, il s’agit de souligner comment la haine, les remords infantiles issus des relations précoces mère-enfant ne seront contenus lors de la période adolescente que par des réponses autodestructrices, errances pathologiques, toxicomanie… Ces solutions invalidées par l’impasse pubertaire mèneront le sujet, “ hanté ” par les imagos maternelles, jusqu’à l’acte meurtrier.

Maurice Corcos : contrat de soin : marché de dupes ou de partenaires ?

Le terme de contrat dans son intitulé laisse entendre un accord préalable clair ou à défaut, une contrainte mutuelle acceptée, en d’autres termes laisse augurer le définitif et le maîtrisé. Y accoler le qualificatif de soin ouvre à la notion de processus thérapeutique avec tout ce qu’il sous-entend de mouvement psychique vers un devenir soumis à l’ambivalence, au couple idéalisation-désidéalisation, à l’aléatoire. Le processus de travail engagé propose un cadre thérapeutique à la fois spatial et temporel qui crée les conditions d’émergence d’un espace transitionnel.

Il y a marché de dupes si la visée normative immédiate prédomine :

– traitement médicamenteux univoque ;

– imposture de l’efficacité symptomatique sans travail d’élaboration (favorisant les rechutes et les aménagements économiques défensifs laissant évoluer à bas bruit la problématique avec risque gravatif) ; de la vérification ; de la transparence dans l’information.

Guy Lavallée : vision, pensée, narcissisme : que se passe-t-il quand “ tout est visuel ” ?

 

Il s’agit de chercher à poser les rapports entre la vision, la pensée, les langages parlés ou “ signés ” et le narcissisme à l’adolescence, tels qu’ils sont électivement révélés par la surdimutité. Pour toute personne sourde, la vision fait l’objet d’un surinvestissement salvateur et problématique à la fois. Son importance n’a pas besoin d’être soulignée, mais sa prégnance pose question. La théorie de “ l’enveloppe visuelle du moi ” permet de poser la problématique théorique, et quelques fragments de la psychothérapie d’un adolescent malentendant témoignent de la problématique clinique : souffrance narcissique et souffrance de pensée.