Archives par mot-clé : Musique

Philippe Givre : Amours musicales et musicalité des amours adolescentes

A partir des travaux de Roland Barthes qui établit une équivalence entre musique et discours amoureux, l’auteur cherche à montrer que des intrications étroites se nouent entre la temporalité singulière de l’adolescence, la musique et l’état amoureux. S’il semble difficile de parler d’une distraction amoureuse chez l’adolescent, le souci adolescent semble tout entier dévolu à la quête de l’âme sur et à la recherche des mélodies musicales qui pourront en traduire l’émotion. Or, ce souci qui peut prendre une tonalité obsédante trouve à s’alléger par le biais des rythmes et des sonorités musicales qui entrent en correspondances avec les éprouvés pubertaires. Le discours amoureux de l’adolescent trouverait de façon élective sa traduction dans les choix musicaux qui ponctuent la traversée du pubertaire et de l’adolescence. L’écoute musicale aurait ainsi cette vertu d’accompagner et de soutenir le mouvement transformationnel de l’objet d’amour, à la condition toutefois que le potentiel sublimatoire puisse être convoqué par l’adolescent et servir à cette maturation des choix esthétiques. En offrant une rythmicité harmonieuse et des qualités sensorielles mélodieuses les musiques consensuelles qui scandent la phase de latence et l’entrée dans la puberté entretiendraient, grâce à leurs vertus apolliniennes (plaisir de la bonne forme), une vision harmonieuse de l’existence, avant de céder le pas à des musiques plus sophistiquées et torturées, aux accents dionysiaques, qui tout en maintenant le mythe de l’Unité primitive et de la complémentarité des sexes ouvrent sur une vision tragique de l’existence.

François Marty: figures sonores de la violence à l’adolescence

Le sonore attaque et construit l’adolescent. I1 est une des figures de la violence a l’œuvre au moment de la puberté, destructrice, côté pubertaire, constructive, côté adolescens. Marquage de l’espace adolescent, lieu des identifications groupales, enveloppe contenante et protectrice face à la menace de la réalisation des fantasmes pubertaires, le sonore exprime la violence de l’adolescence tout en lui donnant forme.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 308-324.

André Brousselle: de l’ économie à l’ esthétique

La musique appelle une « esthétique guidée par le point de vue économique »: elle est art des variations de tensions (dissonances/consonances) dont les figures développent la reviviscence du « rudiment d’affect ». En clinique, « l’écoute opéra » de la voix est écoute de l’économique et aussi du point de vue esthétique auquel ne peuvent échapper ni contre-transfert ni transfert, que ce soit dans le pathos romantique ou l’antipathos minimaliste; au risque de la perversion esthétique déniant affect et objet. L’économie musicale mène à une esthétique particulière: celle du romantisme, de l’énergétique -c’est-à-dire celle de l’adolescence? Le point de vue économique serait-il rejeton de l’adolescence de Freud romantique?

 

Philippe Givre : Michael Jackson : fantasmes à vif

L’existence de Michael Jackson s’apparente à un long one man show qui s’est achevé alors qu’il avait tout juste cinquante ans. Qu’a pu représenter, en premier lieu pour lui-même, cette adolescence de star à laquelle il fut convié ? Simultanément en effet, les transformations physiques de la puberté vont être pour lui génératrices d’angoisses massives, responsables d’attaques virulentes et renouvelées contre son propre corps, jusqu’au point de produire une véritable déstructuration de son apparence physique. L’impossibilité d’assumer ces éléments inhérents au pubertaire fut toutefois partiellement contrebalancée par la valeur sublimatoire de sa créativité artistique. Ainsi le moonwalk, véritable signature de l’artiste, expression agie et performée, pourrait être la traduction d’un scénario fantasmatique étroitement intriqué au traumatisme de la puberté et à la castration maternelle. Le recours à un phénomène « d’extimisation » de la réalité interne aurait ainsi réussi à produire une actualisation sublimée de fantasmes ainsi transfigurés au plus vif de sa création esthétique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 1005-1030.