Archives par mot-clé : Identité

David Le Breton : la scène adolescente : les signes d’identité

La culture des pairs supplante aujourd’hui celle des pères, la transmission s’efface devant l’imitation. Il faut dès lors être à la hauteur du regard des autres, ceux de sa classe d’âge, même s’il faut pour cela se battre avec ses parents. L’une des terreurs des cours de récréation des collèges ou des lycées est de passer pour un « bouffon » en n’ayant pas l’assentiment du groupe, par une reculade devant un défi ou le fait de ne pas arborer la bonne « marque » de vêtements ou de chaussures. L’estime de soi ne vient plus de l’adhésion à des valeurs unanimes structurant le lien social, elle ne s’alimente plus dans le miroir des aînés ou des ancêtres mais dans celui des pairs. La nécessité de représentation se rencontre chez les garçons et les filles mais sous des formes différentes.

Colette Chiland : la construction de l’identité de genre à l’adolescence

Après quelques remarques portant sur la terminologie (sexe, genre, identité), un bref rappel sera fait sur la construction de l’identité de genre jusqu’à l’adolescence. Le passage d’une certaine androgynie de l’enfance à la plénitude de l’identité sexuée se fait parfois avec quelques difficultés banales ; c’est aussi le moment où l’accès possible à une sexualité complète et fécondante confirme ou développe l’orientation sexuelle. En dehors de tout trouble du développement du sexe, certains adolescents (transsexuels) ont un refus de leur sexe d’assignation, qui est leur sexe biologique, et demandent une transformation hormono-chirurgicale. Certains adolescents ont un problème d’identité de genre en rapport avec leur trouble du développement du sexe. Au sein de notre culture s’est développé un mouvement « transgenre » qui remet en question le genre et va jusqu’à refuser toute distinction de sexe, posant ainsi des problèmes qui ne sont plus médicaux, mais sociétaux.

Adolescence, 2014, 32, 1, 165-179.

Delphine Scotto Di Vettimo, Claude Miollan : entre honte et psychose : réflexion sur un savoir supposé

Le traitement psychothérapique d’adolescents confrontés à une expérience psychotique fait apparaître un sentiment de honte caractéristique. La première hypothèse ici envisagée prend en compte l’existence de honte chez le psychotique en tant qu’éprouvé archaïque qui remet en question l’outillage conceptuel freudien – classique – de la honte structurale post-œdipienne. La deuxième hypothèse postule que dans le travail clinique, l’expression de la honte comme épreuve ontologique au regard de l’Autre constitue une tentative du sujet de s’éprouver comme tel. Notre réflexion insiste, à travers une évocation clinique, sur cette co-occurrence entre expérience psychotique et sentiment de honte.

Myriam Boubli : l’identité adhésive à l’adolescence, réaction au second choc esthétique ?

L’arrivée de la puberté confronte les adolescents à un second conflit esthétique et donne une seconde chance à la réélaboration de l’identification adhésive. Cette régression partielle ou majeure peut réactiver des noyaux autistiques qui, s’ils sont élaborés favorisent le développement grâce à la constitution d’un contenant psychique des contenus émotionnels. Dans le cas où la réélaboration de l’identité adhésive et celle du conflit esthétique ne peuvent se faire conjointement, l’adolescent peut basculer  du côté pathologique : addictions diverses, défenses schizoïdes ou/et autistiques. Le passage de la bidimensionnalité à la tri voire quadri dimensionnalité ne peut s’organiser.

Olivier Douville : du repli « ethnicisé » chez des adolescents en exclusion

Cet article croise les points de vue psychanalytiques et anthropologiques pour analyser les logiques de fractures sociales à l’adolescence lorsqu’elles s’éprouvent et se légitiment en termes de fractures « ethniques » ou « raciales ». Il est fait de ces revendications le symptôme d’une rupture grave dans les montages entre altérité et identité. Le destin de nombreux jeunes, pourtant voués à entrer dans un monde laïque et commun, y est envisagé comme réponse à une logique de ségrégation.

Joëlle Bordet : modes de socialisation des adolescents des cités et leurs rapports à la légalité

Cet article vise à retracer l’évolution depuis les années 80 des rapports des jeunes aux économies de trafic et à analyser leurs influences sur leurs modes de socialisation. En référence à ces analyses, nous identifions les enjeux pour l’éducation, à la fois par rapport aux jeunes eux-mêmes, par rapport à leurs familles et par rapport aux professionnels qui sont en lien quotidiennement avec eux.

Nicole Calevoi, Romano Scandariato: processus adolescent chez les étudiants étrangers et immigrés

L’impact désorganisateur, traumatique qu’a l’expatriation chez les étudiants étrangers et immigrés est envisagé à partir de deux études de cas. La problématique présentée par beaucoup d’étudiants étrangers concerne la répétition de la scène pubertaire et des scénarios qui lui sont afférents. Chez les étudiants immigrés la difficulté liée à l’élaboration adolescente s’exprime par un conflit entre la loyauté due au système d’origine et la nouvelle culture. Le rôle du psychothérapeute consiste à offrir un étayage et un pare-excitations à la nouvelle identité puisse s’élaborer.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 292-304.

Philippe Jeammet : la violence à l’ adolescence. Défense identitaire et processus de figuration

La violence comporte une dimension meurtrière. Elle nie la subjectivité de celui qui la subit, mais elle reflète en miroir une menace sur la subjectivité de celui qui l’agit. Elle peut être vue ainsi comme une réaction primaire de défense d’une identité menacée. L’expérience de la vie institutionnelle en psychiatrie, comme les psychothérapies des sujets ayant des troubles du comportement, sont un terrain d’observation privilégiée.

L’adolescence est une étape de la vie propice aux expressions de la violence du fait de la nature des changements psychiques imposés par la puberté.

La relation de soin doit tenir compte de ces particularités du fonctionnement psychique des patients violents. L’espace de soin peut être vu comme une figuration de l’espace psychique interne du patient et son aménagement comme un moyen de rendre tolérables les relations dont ils ont besoin. Les médiations et la concrétisation d’une fonction tierce occupent une place essentielle dans cet aménagement.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 305-321.

Claude Malandin, Colette Rigaud: Signification des représentations de monstres en début d’ adolescence

Les auteurs examinent les productions graphiques et littéraires de préadolescents issus de milieux sociaux défavorisés et présentant des difficultés scolaires. A travers cette activité, il s’agissait de repérer les fantasmes les plus opérants et de susciter une activité de symbolisation. Dans les deux cas, les jeunes adolescents ont manifesté une prédilection pour les représentations de figures de monstres. Les significations possibles de ces productions sont analysées dans leur double contexte psychologique et social.

Jean Guillaumin: Expérience esthétique et identité à l’ adolescence

L’auteur étudie les manifestations et le rôle dans l’adolescence de l’expérience esthétique, affects et représentations, comme substitut et complément, en cas de défaillance, des « doubles » à valeur de « conteneurs » qui étayent et garantissent l’élaboration pubertaire et post-pubertaire de l’identité. Il considère en ce sens que l’expérience esthétique constitue un réceptacle de recours privilégié pour les angoisses identitaires les moins traitables, donnant, aux limites-mêmes du Moi, entre dehors et dedans, un statut spécifique à l’inquiétante étrangeté au sein d’une part de la réalité investie sur le mode perceptif.