Archives par mot-clé : Don

Benghozi Pierre : la trace et l’empreinte : l’adolescent, héritier porte l’empreinte de la transmission généalogique

Le travail d’adolescence est décrit comme un événement généalogique, comme une anamorphose de contenants psychiques engageant le niveau individuel et le niveau groupal familial. C’est dans cette dynamique de co-construction, qu’est distinguée la crise de l’adolescence, l’adolescence en crise et l’adolescence-catastrophe. L’auteur situe l’importance de la transmission dans une lecture psychanalytique des liens. La transmission n’est pas la communication. Son modèle du maillage, démaillage et remaillage des contenants généalogiques, établit une isomorphie, c’est-à-dire une analogie formelle entre les liens, la transmission, la contenance psychique, l’image inconsciente du corps et la construction de l’identité. Il y a deux modalités de transmission psychique : la trace et l’empreinte. La trace concerne la transmission de contenu psychique. La trace est une inscription en positif. L’empreinte est une inscription en creux, en négatif. C’est ce matériel psychique familial présent-absent, non révélé, qui n’a pas été métabolisé, symbolisé et qui cependant est transmis à travers les générations. L’empreinte n’est pas une écriture sur le support. Elle est l’expression d’une modification du support lui-même, comme l’empreinte laissée par des pas dans la neige. L’empreinte n’est pas l’objet. Elle signe le passage d’un objet absent-présent. Elle n’est pas du contenu mais du contenant. Un exemple de thérapie familiale psychanalytique, illustre la prise en charge de ces adolescents porteurs héritiers de l’empreinte généalogique et de la honte inconsciente familiale.

Philippe Givre : philia et adolescence

L’enjeu central de ce texte est de parvenir à envisager si la thématique de la Philia est susceptible d’avoir une pertinence quelconque au sein de l’approche psychanalytique. Les affinités que la psychanalyse entretient avec Éros ne plaident pas en ce sens, sauf à prendre en compte les conceptualisations de D. W. Winnicott qui articule l’amitié à la notion de “ relation au moi ” et à la “ capacité d’être seul ”. Il en ressort que le don de l’amitié serait engagé dans le devenir de la maturation affective dont la capacité d’être seul en présence de l’autre en représente le phénomène le plus élaboré. L’ami ne peut être tenu pour un simple modèle ou comme l’équivalent d’un autoportrait. Il ne peut pas plus être réduit à un autre soi-même, quand bien même il est détenteur de quelque chose qui m’est dû. Si les adolescents ont une préférence pour l’amitié, c’est que le don d’amitié leur est indispensable pour amorcer et accompagner les mouvements de subjectivation de l’adolescens. En ce sens, il s’avère que toute amitié est contemporaine d’un remaniement subjectif puisqu’elle conditionne la possibilité d’advenir en ce que nous avons de propre.

 

Odile Falque : michèle et la confirmation

La Confirmation forme avec la Baptême et l’Eucharistie un des trois sacrements de l’initiation chrétienne pour la religion catholique. À travers le cheminement d’une adolescente en psychothérapie, la notion du rite est remise en question dans son articulation avec le processus d’adolescence. D’une part, la Confirmation exerce une fonction symbolique par la référence à l’Esprit Saint avec des gestes et des paroles qui inscrivent le sujet adolescent dans une communauté. Elle marque une évolution dans la foi. Elle permet une certaine appropriation de la subjectivation adolescente dans les questionnements autour de l’identité, du paradoxe mort-vie. Elle favorise la filiation par la différence des générations, elle apporte un étayage par les représentants qui transmettent un héritage, elle propose de nouvelles responsabilités. D’autre part, elle ne prend pas en compte les transformations de la puberté comme intégration du corps sexué dans la différence des sexes et elle semble rester dans le registre de l’idéalisation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 529-544.