Archives de catégorie : Commencer sa vie d’adulte – 2000 T. 18 n°2

Raquel A. Barreira Rolim, Isabelle Letellier : transgressions sexuelles et amour à l’adolescence : le réel dans le regard de l’autre

Les auteurs étudient la fonction du regard et ses enjeux cliniques dans la confrontation de l’adolescent au Réel du sexuel à partir de deux cas cliniques, dans lesquels le regard vient cristalliser le trauma après l’aveu à l’Autre d’une transgression sexuelle.

Adolescence, 2014, 32, 1, 199-208.

André Brousselle : le sexe et le genre : la différence anatomique des sexes entre réalité déniée et réalité augmentée

La question du genre revient à l’avant de la scène politique et serait même affaire de culture, voire de civilisation. Il est stimulant d’opposer deux types d’attitudes extrêmes vis-à-vis de la différence anatomique des sexes : celle de J. Butler, étendant le déni de la différence anatomique, et celles de rituels d’excision et de circoncision, qui visent à accroître cette différence en créant une « réalité augmentée ». Les psychothérapies montrent comment les problématiques de l’adolescent peuvent retrouver ces mêmes dénis pour des raisons internes et non plus purement culturelles.

Adolescence, 2014, 32, 1, 181-197.

Colette Chiland : la construction de l’identité de genre à l’adolescence

Après quelques remarques portant sur la terminologie (sexe, genre, identité), un bref rappel sera fait sur la construction de l’identité de genre jusqu’à l’adolescence. Le passage d’une certaine androgynie de l’enfance à la plénitude de l’identité sexuée se fait parfois avec quelques difficultés banales ; c’est aussi le moment où l’accès possible à une sexualité complète et fécondante confirme ou développe l’orientation sexuelle. En dehors de tout trouble du développement du sexe, certains adolescents (transsexuels) ont un refus de leur sexe d’assignation, qui est leur sexe biologique, et demandent une transformation hormono-chirurgicale. Certains adolescents ont un problème d’identité de genre en rapport avec leur trouble du développement du sexe. Au sein de notre culture s’est développé un mouvement « transgenre » qui remet en question le genre et va jusqu’à refuser toute distinction de sexe, posant ainsi des problèmes qui ne sont plus médicaux, mais sociétaux.

Adolescence, 2014, 32, 1, 165-179.

Guy Lavallé : l’espoir et l’idéal

L’idéalisation est appréhendée au sein des trois composantes de l’amour humain « excitation, idéalisation, tendresse ». Cette contextualisation permet de mieux comprendre les enjeux complexes et contradictoires de l’idéal.

L’espoir lui aussi est lié à l’amour. Descriptivement, l’espoir place dans le futur l’objet de l’amour et de la satisfaction primaire, perdu à jamais dans le passé. Dans le mouvement en avant, progrédient, il semble possible de le retrouver en un point de fuite qui s’éloigne sans cesse et ne sera jamais atteint.

Si on suit Freud, l’espoir c’est « l’espoir des retrouvailles hallucinatoires avec l’objet perdu de la satisfaction ». À partir de Freud, l’auteur propose une phénoménologie et une métapsychologie de l’Espoir, qui engage une théorie de l’hallucinatoire, le haussant au niveau d’un concept.

Un exemple clinique articule l’idéal et l’espoir : l’espoir naît de la diminution d’une idéalisation idolâtre. La disparition de l’espoir d’aimer et d’être aimé engage le désespoir et finalement la mort.

Adolescence, 2014, 32, 1, 151-164.

Elizabeth Kaluaratchige : la langue « maternelle », l’exil et l’adolescente

Cet article traite de la problématique de la langue « maternelle » de l’enfant fille exilée et de son lien avec la mère pendant le processus pubertaire. Il s’agit d’une relecture théorico-clinique à partir du cas d’une adolescente qui avait énoncé la perte de la langue de sa « maman », dans son rapport avec le travail clinique.

Adolescence, 2014, 32, 1, 139-149.

Marie Anne Vialettes : pour une rencontre clinique avec le sujet adolescent en établissement pénitentiaire pour mineurs

L’image d’une guirlande de bonshommes de papier vient en support au psychologue clinicien exerçant en établissement pénitentiaire pour mineurs pour penser des adolescents pris dans une chaîne marquée par le fraternel, l’horizontalité et la norme. L’auteur expose sa démarche dans le lieu même de la prison : déplacement du psychologue vers l’adolescent dans sa condition de détention, et césure par l’instauration d’un cadre clinique. Une ouverture pour l’adolescent vers un travail de différenciation psychique et de subjectivation est alors possible. Une illustration clinique témoigne du cheminement d’un adolescent  dans la rencontre avec le psychologue, du « on » vers le « je », le jeu d’échecs s’étant révélé dans ce cas un objet important.

Adolescence, 2014, 32, 1, 127-138.

Patrick Alecian, Anne-Marie Royer, Catherine Jousselme : achoppement des processus de liaison à l’adolescence et paradoxes culturels

Notre expérience au sein de Maisons des adolescents (MDA) permet de penser une théorie de la pratique, sur site pluridisciplinaire. Celle-ci désignée par le « prendre soin », décline différents paradoxes, compris comme des risques d’achoppements, dont les administrations, les services et les professionnels doivent pourtant se saisir pour aider les adolescents les plus en difficultés.

Adolescence, 2014, 32, 1, 111-127.

Olivier Douville : « bricoleur » du langage

Le passage adolescent est paradoxal. D’une part, le jeune se pose comme un sujet par et pour la rupture d’avec l’univers culturel domestique, d’autre part il va reprendre souvent pour édifier son devenir des éléments culturels refoulés à la génération précédente. Ce paradoxe est vif  et très visible en ce qui concerne les contextes de migration, mais il est interne à chaque processus adolescent, « migrant » ou « autochtone ». L’article, prenant appui sur la notion due à C. Lévi-Strauss de « langage mythopoétique », explore les traductions de ce paradoxe dans la façon particulière qu’ont les adolescents de modeler la langue et de prendre la parole.

Adolescence, 2014, 32, 1, 101-110.

Vincent Cornalba : homo adolescensis

Le processus adolescent s’inscrit dans un mouvement d’humanisation. Cet article explore la possibilité de relier l’émergence pubertaire au registre de l’hominisation, en évoquant le rapport de l’adolescent avec la bipédie, l’outil et le langage articulé. Cette correspondance permet de souligner l’influence du régime de la sur-prise à l’égard du devenir, un devenir marqué par l’importance déterminante de la création. Les enjeux posés par la retraversée du régime de la verticalisation, au temps du génital, soulignent une nouvelle fois la prévalence de la rencontre et de l’autre au plus fort du passage adolescent.

Adolescence, 2014, 32, 1, 85-99.

Sylvie Faure-Pragier : comment penser aujourd’hui la valence différentielle des sexes ?

Les progrès médicaux dans le champ de la procréatique et l’autonomie quasi totale dans la conception qu’ils confèrent amènent à revisiter la théorie de Françoise Héritier sur la « valence différentielle des sexes ». Quid de la dépendance de la femme par rapport à l’homme aujourd’hui en France ? Les évolutions constatées durant ces vingt dernières années, aussi bien dans les techniques de fécondation que dans les nouvelles configurations familiales, tendent à révéler de nouvelles inégalités hommes/femmes dans leur rapport respectif à la sexualité et à la parentalité. Pour autant, l’avènement de nouveaux modèles de procréation, à travers l’exemple des couples lesbiens, introduit également à l’élaboration d’un nouveau fantasme originaire : le sujet accéderait à la symbolisation, bien plus par la certitude d’être « enfant du désir d’enfant » de ses parents que par la mise en œuvre d’un fantasme de scène primitive.

Adolescence, 2014, 32, 1, 71-83.